Ecoscope

Quelle année 2025  pour les recrutements ?

La conjoncture économique hexagonale demeure en pointillés. Situation doublée de comptes publics très dégradés. L’année 2025 a des accents d’austérité. Certains observateurs avancent le terme de récession. Dès lors, quelles perspectives pour l’emploi ? Si nombre d’entreprises restent prudentes quant à leurs recrutements, des secteurs porteurs permettent de nuancer cet attentisme et ce pessimisme ambiants.

Métiers émergents, candidats engagés, recherche accrue de productivité : le paysage de l’entreprise en 2025. @ Laurent Siatka
Métiers émergents, candidats engagés, recherche accrue de productivité : le paysage de l’entreprise en 2025. @ Laurent Siatka

Dans un contexte économique instable, l’élan post-Covid du marché de l’emploi semble entrer dans une phase d’essoufflement relatif. Ces dernières années ont été marquées par une forme de rattrapage technique, dans un contexte de forte croissance économique favorable aux embauches. Plus récemment, le marché de l’emploi a été parasité par les incertitudes politiques liées aux élections législatives : cela a impacté de nombreux chefs d’entreprise quant à leur capacité à se projeter, et par conséquent, cela a eu une incidence sur les recrutements. Le taux de chômage reste bas, autour de 7,5 %, dans une situation de pénurie de compétences. La Banque de France a réduit ses prévisions de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) pour 2025, à + 1,2 % contre + 1,5 %, et pour 2026, à 1,6 % contre 1,7 %. Elle a également projeté un repli de l’emploi à compter du 3e trimestre 2024, puis jusqu’à fin 2025. Le taux de chômage, au sens du Bureau international du Travail (BIT), devrait continuer sa progression l’an prochain pour atteindre un pic de 7,9 % avant de baisser en 2026, en raison de l’accélération de l’activité. Quelles seront, dès lors, les tendances de l’emploi en 2025 et quels secteurs seront porteurs ? Tendance qui ne devrait pas décroître : l’industrie est toujours à la peine de candidats. Une pénurie structurelle en France et issue, notamment, d’un contexte de renouvellement générationnel. Au cours de la prochaine décennie, le gouvernement a estimé le nombre de recrutements à 1,3 million pour 800 000 à 900 000 départs à la retraite. Plus que jamais, le secteur a besoin de compétences. Surtout des filières comme l’énergie, la chimie, le luxe, l’aéronautique. Dans les usines, des métiers historiques, comme les soudeurs ou les tourneurs/fraiseurs font défaut, comme les techniciens. En 2025, le secteur de l’énergie est en tête des secteurs qui recruteront massivement. Les énergies renouvelables et le nucléaire offrent de nombreuses opportunités, notamment pour des chefs de projet ou des conseillers en neutralité carbone. Également, le secteur du nucléaire prévoit la création de milliers d’emplois, avec des postes de chef de projet hydrogène.

Féminisation des effectifs et appétence pour les seniors

Les mois passés ont été marqués par un ralentissement dans le secteur des nouvelles technologies. Cependant, la relative prudence des employeurs n’empêchera pas l’an prochain d’offrir des opportunités. Les compétences en data, cloud et cybersécurité sont très recherchées. Il y a tellement de demandes pour trop peu de candidats formés et expérimentés que les entreprises surenchérissent en termes de salaires. Point commun entre les IT (technologies de l’information) et la cybersécurité : elles sont pleinement engagés dans la féminisation de leurs effectifs et misent sur les personnes en reconversion. Les seniors sont également prisés : surtout quand 50 % des plus de 55 ans sont en emploi alors que la retraite est à 64 ans. À l’heure où les entreprises prévoient de restructurer leur main-d’œuvre en réponse aux nouvelles technologies, la redistribution des tâches actuelles entre l’homme et la machine est déjà bien en marche. Les algorithmes et les machines seront principalement axés sur les tâches de traitement, de récupération d’informations et de données, administratives, et certains aspects du travail manuel traditionnel. L’être humain gardera la main pour le management, le conseil, la prise de décision, le raisonnement, la et l’interaction. Demain s’effaceront les métiers d’assistants de saisie de données, secrétaires administratifs, comptables, chargés de paie, auditeurs financiers, ouvriers non qualifiés d’usine et d’assemblage, certains services commerciaux, directeurs administratifs… D’autres seront créés dans l’économie verte, l’IA, l’ingénierie en robotique, le cloud… Toujours autant plébiscitée par les salariés, la question des salaires est intrinsèque au mouvement de fond sur le rapport au travail : interrogations environnementales, flexibilité, inclusion, qualité de vie au travail… Avec un bémol. Les entreprises, dans un contexte économique moins favorable, dans une recherche de productivité plus importante, mettent l’accent sur la quête de candidats plus engagés. Il s’agit de recréer du collectif là où il s’était étiolé. En somme, chercher le bon équilibre. Un enjeu majeur en 2025.

«En 2025, les compétences en data, cloud et cybersécurité seront très recherchées.»