Que faire face aux menaces d’invasion marine ?

Les plages de la Côte d’Opale vont-elles disparaître ? La dune d’Aval et la diguepromenade qui protègent tout un rideau de villas à Wissant sont-elles à l’abri d’une faille ? A l’initiative du Cercle Côte d’Opale synergie et de l’association des Amis de Wissant, une spécialiste du trait de côte, Yvonne Battiau- Queney, a animé un dîner-débat le 8 juin, à l’Hôtel de la Plage à Wissant.

La conférencière Yvonne Battiau-Queney, présidente de la branche française de l’EUCC, pas trop pessimiste pour l’ensemble de la Côte d’Opale, est davantage inquiète par le désensablement de la baie de Wissant.
La conférencière Yvonne Battiau-Queney, présidente de la branche française de l’EUCC, pas trop pessimiste pour l’ensemble de la Côte d’Opale, est davantage inquiète par le désensablement de la baie de Wissant.

 

La conférencière Yvonne Battiau-Queney, présidente de la branche française de l’EUCC, pas trop pessimiste pour l’ensemble de la Côte d’Opale, est davantage inquiète par le désensablement de la baie de Wissant.

La conférencière Yvonne Battiau-Queney, présidente de la branche française de l’EUCC, pas trop pessimiste pour l’ensemble de la Côte d’Opale, est davantage inquiète par le désensablement de la baie de Wissant.

Présidente d’EUCC France (European Union for Coastal Conservation) dont l’objectif est de promouvoir une gestion raisonnée et durable du littoral, la conférencière est professeur émérite à l’université de Lille 1. “Globalement, relativise-t-elle, le trait de côte du Nord-Pas-de- Calais n’a pas beaucoup reculé depuis plusieurs siècles. A certains endroits, la côte a même avancé au détriment de la mer : à Merlimont (200 mètres en deux siècles) ou au Fort-Vert (au nord-est de Calais). Car la dune réalimente la plage après une tempête. La côte avance et recule, c’est une respiration naturelle.” D’où l’intérêt de ne pas malmener les dunes bordières de ces espaces de plus en plus convoités pour leur potentiel constructible. Le Conservatoire du littoral, créé en 1975, y veille.

Le temps de la nature… A Wissant, en revanche, la situation est critique. “Aprèsguerre, tous les ans, il fallait désensabler le front de mer, rappelle Yvonne Battiau- Queney, et on a dû vendre quelque 10 000 m3 de sable au port de Dunkerque.” Mais le temps de la nature n’est pas celui de l’homme et ce déficit sédimentaire de la baie n’a pas eu d’effet tout de suite. Le début du problème est apparu en 1985-1986. En même temps, un chenal s’est creusé dans le banc à la Ligne, qui fermait la baie au large et on a exporté 1,2 M de mètres cubes de sédiments. Aujourd’hui, la dune d’amont s’engraisse ; a contrario, celle d’aval se fragilise. Les bunkers allemands, enfouis après un réengraissement après-guerre, ont réapparu ; le mur antichar a été attaqué par les vagues avant de tomber en 2007. Le niveau de la plage a baissé de cinq mètres depuis 1985, ce qui renforce l’énergie des vagues, avec la création de courants de retour qui exportent le sable. Première conséquence, la digue qui avait été reconstruite en 2002 est de nouveau détruite par une tempête le 29 mars 2007.

Quelles solutions ? Le maire de Wissant, Jean-Pierre Bracq, vient d’obtenir le permis de démolir et d’enlever les blockhaus qui sont aujourd’hui sur la plage, et même à moitié immergés à marée haute. “Nous avons l’accord du préfet du Pas-de-Calais et de la Dreale pour les démanteler durant le prochain hiver (1er janvier-15 mars 2013), explique-t-il, et pour planter aussitôt après quelque 300 pieux serrés.” De même, il annonce le démarrage de la reconstruction du perré d’ici 12 à 18 mois. La scientifique, qui ne croit pas à l’efficacité des épis et des enrochements longitudinaux, préfère prôner “des solutions douces, durables, réversibles, moins coûteuses et sans impact visuel”. Elle préconise un rechargement massif en sable pour rééquilibrer immédiatement le système hydrosédimentaire de la baie, et la pose d’ouvrages légers (boudins en textile) afin de piéger le sable. “Le sable dragué pour creuser les futurs bassins du prochain chantier du port Calais 2015, fait-elle remarquer, offrirait une excellente opportunité : 500 à 600 000 m3 devraient suffire, si l’on prévoit un entretien tous les deux ou trois ans.”