Entreprises
Quartiers, talents et entrepreneurs...
La Moselle recense sur son périmètre géographique 24 quartiers prioritaires. À leur destination est organisé le concours nationale «Talents des cités». Les entrepreneurs potentiels ou effectifs y résidant ou en étant issus peuvent concourir jusqu’au 2 juillet.
Les idées reçues ont la vie dure et il y a encore assurément du chemin à parcourir pour faire évoluer les regards. Les créateurs et créatrices d’entreprises issus des quartiers prioritaires de la ville (QPV) ne sont pas tous micro-entrepreneurs, livreurs de repas à domicile ou aides à domicile ! L’ambition concerne bien sûr ces territoires. Beaucoup de jeunes issus de ces quartiers sont motivés et deviennent entrepreneurs car ils veulent créer et parce qu’ils ont des idées, souvent novatrices. Selon une étude de Bpifrance, en partenariat avec Terra Nova, les entreprises émanant des QPV sont tout aussi solides, avec un taux de pérennité à trois ans de 77 %, contre une moyenne nationale de 74 %.
Des freins à l'entrepreneuriat
Entreprendre dans les quartiers, c'est d'abord une réponse aux problèmes de ces territoires : un taux de chômage deux fois plus élevé que la moyenne nationale, 44 % des habitants au-dessous du seuil de pauvreté contre 15 % en moyenne en France, selon l'Observatoire national de la politique de la ville (ONPV). Aussi, pour une partie des habitants des quartiers prioritaires, devenir indépendant est moins un choix qu'une nécessité, celle de créer son propre emploi pour échapper au chômage. Si la motivation est forte dans les quartiers, les entrepreneurs restent toutefois confrontés à des freins spécifiques. Le premier est économique : apport personnel faible et défiance des institutions financières. L'étude de Bpifrance note un taux d'accord de crédit de 22 % dans les QPV, contre près de 30 % ailleurs. Conséquence : les entrepreneurs privilégient des secteurs d'activité plus accessibles, moins coûteux, mais aussi plus proches de la saturation. Selon l'ONPV, 34 % des créations appartiennent au secteur commercial, notamment à la restauration, et 15 % d'entre elles s'inscrivent dans le secteur de la construction. Autres barrières : l'absence de réseau et de culture entrepreneuriale. Avec cette conséquence directe : des difficultés à aller chercher une clientèle.
Des dispositifs en action
L'État, les collectivités locales, les associations sont mobilisés sur ces problématiques. En attestent une série de mesures, comme la prime Entrepreneurs des quartiers instituée en 2020 : une prime de 1 500 € destinée à 5 000 entrepreneurs pour compléter les autres aides, tel le prêt d'honneur solidaire. Des moyens publics importants, mais toujours insuffisants, en raison d'une potentialité importante et sous-estimée dans ces quartiers. Des incubateurs associatifs prennent alors le relais. L'Adie, entre autres, accorde les prêts d'honneur solidaires, jusqu'à 8 000 € sans intérêts ni caution personnelle. L'association s'est surtout fait connaître pour ses microcrédits, actuellement au taux fixe de 7,45 %. Les ressources d’une entreprise issues d’un QPV se constituent à 50 % de financements publics. Dans ce panorama de solutions visant à faire éclore des talents, impulser leur souhait créateur et le pérenniser, on trouve des incubateurs dédiés aux quartiers. Un kaléidoscope aiguillonnant dans la recherche de fonds, dans l’apprentissage de la culture entrepreneuriale, le réseautage, la densification et la diversification du capital social.
Un concours tremplin
Le concours «Talent des Cités» est d’abord un tremplin. Il s’adresse aux personnes habitant ou natifs d’un quartier prioritaire, souhaitant y installer une entreprise, où déjà implantée. Ce levier est articulé par BGE et soutenu par Bpifrance, entre autres. Comme les années précédentes, deux catégories sont ouvertes à candidature. La première dénommée «émergence» s’adresse aux entrepreneurs en devenir, porteurs de projet, bénéficiant d’un accompagnement par une structure d’appui à la création d’entreprise. La seconde, intitulée «création», est dirigée vers les entrepreneurs en activité immatriculés depuis moins de trois ans, bénéficiant d’un même accompagnement. Les critères de sélection : la valeur personnelle, économique, territoriale et sociale du projet. Ouvert le 2 mai dernier, le concours clôturera ses inscriptions le 2 juillet. Il est composé d’une phase régionale et d’une phase nationale. Les lauréats régionaux seront connus cet été, les lauréats nationaux en novembre. Y aura-t-il des talents entrepreneuriaux mis en lumière durant ce concours issus des quartiers de Sarrebourg, Behren-lès-Forbach, Forbach, Fameck, Uckange, Thionville, Yutz, Sarreguemines, Hombourg-Haut, Freyming-Merlebach, Guénange, Foschviller/Valmont, Saint-Avold, Creutzwald, Metz, Woippy ? Réponse dans les jours à venir.
Pour aller plus loin :
https://www.talentsdescites.com/concours/
«Talents des cités» :
Pendant la phase régionale de «Talents des cités», deux lauréats seront récompensés dans chaque région dans la catégorie «émergence» (dotation de 1 000 €) et dans la catégorie «création» (dotation de 2 000 €). Puis, 14 lauréats seront sélectionnés pour la phase nationale. Ils concourront pour le grand prix Bpifrance (7 000 €), le prix du ministère de la Ville (7 000 €), le prix Radio France (accompagnement en visibilité), le prix France Télévisions (accompagnement en visibilité) et le prix Coup de Cœur (prix financier).