Quand le don de livres permet un tremplin social

Vianney Poissonnier essaie chaque jour de remplir sa mission d'entrepreneur engagé. Dans les innombrables rayons de la Bouquinerie du Sart, 140 000 livres attendent leurs lecteurs. Vendus dans la librairie adjacente, sur le site Internet de la Bouquinerie ou via les market places, ces ouvrages ont parcouru des kilomètres avant d'arriver à Villeneuve-d'Ascq.

Après avoir été collectés dans les 105 box de la métropole lilloise et aux alentours (Arras, Valenciennes...), ils sont pris en main par des personnes qui se remettent dans le circuit de la vie professionnelle, après un parcours de vie souvent compliqué. Et 30 à 40% des livres collectés, jugés inutilisables ou trop abîmés, sont recyclés par l'entreprise Elise.

«Plus on trie, plus on crée d'emplois»

Parce qu'en plus d'être entrepreneur, Vianney Poissonnier est avant tout un homme d'engagements : «Les personnes en centre d'hébergement n'arrivent pas à repartir parce qu'elles n'ont ni travail ni réseau. Les centres sont saturés et il faut au moins trois mois d'attente avant de trouver une solution d'hébergement. Et sans travail, pas de logement. J'ai voulu comprendre le problème : après plusieurs rencontres, j'ai compris qu'il fallait créer une entreprise pour donner de l'emploi aux pensionnaires.»

C'est l'origine de la création de la Bouquinerie du Sart, il y a cinq ans. Derrière les livres collectés dans les box s'enclenche un vrai processus social et sociétal. La douzaine de travailleurs accueillis chaque année reste un an et se forme à la préparation de commandes, à l'intégration d'une équipe...

«On veut qu'ils deviennent de 'bons équipiers', de 'bons camarades fiables et compétents' et on s'assure de leur employabilité. S'ils sont prêts à progresser, cela fera un employé intéressant pour une entreprise classique. Nous avons 12 encadrants pour 12 travailleurs, c'est un peu le HEC de l'insertion», sourit Vianney Poissonnier.

Un appel aux chefs d'entreprise qui veulent s'engager

Depuis la création de la Bouquinerie, 45 travailleurs ont été formés et sont ensuite partis vers d'autres secteurs d'activité : la logistique, la santé, le tertiaire, la vente... Agréée ACI (Ateliers et Chantiers d'insertion) par le ministère du Travail, la Bouquinerie du Sart reçoit des aides de l'Etat sur les salaires.

Mais au-delà de la formation, il faut surtout préparer la sortie. «Ce qui fait la différence, c'est un projet motivant. Nous recherchons des partenaires entreprises pour intégrer nos jeunes. C'est vraiment précieux. Alors si des entrepreneurs veulent jouer le jeu avec nous, qu'ils n'hésitent pas à me contacter !» lance l'entrepreneur. Cette boucle vertueuse de l'emploi permettra d'enclencher une dynamique pour ces jeunes qui veulent reprendre une place dans la société.