Production française et asiatique, l’équilibre des parapluies Neyrat
L’entreprise de fabrication des parapluies Neyrat à Autun fait figure de veille dame. Depuis sa création en 1852, elle a évolué et connu des périodes plus ou moins fastes. Au fil des décennies, la PME s’est tournée vers la production en Asie, mais conserve une partie de son savoir-faire en Bourgogne.
Arrivé à Autun en 1852, d’abord comme revendeur… Françoit Neyrat est peu à peu devenu réparateur, puis fabriquant de parapluies. Il créé sa première usine en 1875. Au fil des ans, l’activité se développe, jusqu’à devenir dans les années 30, l’un des plus gros fabricants français de parapluies. L’entreprise comptait alors jusqu’à 400 salariés. « Cela a duré jusque dans les années 70 où 1,5 million de parapluies sortaient des ateliers d’Autun » contextualise Michaël Renaud, actuel dirigeant de l’entreprise Neyrat.
La situation se complique dans les années 80. « La fin des barrières douanières a eu un impact fort avec l’arrivée de la concurrence asiatique. En 1991, la production est fermée à Autun, entrainant 230 licenciements et une délocalisation en Asie. » L’entreprise Neyrat ne ferme pas complètement ses portes et profite alors de nouvelles années fastes, avec un coût de la main d’œuvre moins élevé. « C’était un vrai changement de paradigme. » En effet, alors qu’en fabricant en France, la PME pouvait répondre à tous les segments de marché depuis l’Hexagone, l’activité s’est alors scindée.
Savoir-faire à la Françaises
Désormais, la production en France résonne comme un critère de différenciation reposant sur du travail de qualité qui s’inscrit dans un secteur haut de gamme. À la tête de l’entreprise depuis 2014, Michaël Renaud s’est fixé deux objectifs : le développement à l’export et le redéploiement de la fabrication sur son territoire d’origine. « On a relancé l’activité à Autun, alors que nous n’avions ni machines, ni fournisseurs, ni le savoir-faire. »
Pour palier à ce manque, le dirigeant s’est tourné vers celles qui avaient les connaissances nécessaires, les anciennes couturières, pour certaines en retraite. « Il n’y a plus d’école qui forme à ce métier. Il a fallu être innovant et inventer un processus alors que l’usine était fermée depuis 23 ans. Ces femmes ont formé les nouvelles recrues en interne. Il faut compter entre 6 et 12 mois pour maîtriser le métier. On continue à être inventif dans les recrutements.»
D’Autun à l’Asie
Plus récemment, en 2021, les parapluies Neyrat ont fait l’acquisition de deux de leurs concurrents situés dans la Nièvre et le Jura. « Il y a 30 ans, on comptait une quarantaine d’entreprises en France qui fabriquaient des parapluies. Aujourd’hui, on se compte sur les doigts d’une main. » Cette disparition progressive des acteurs du secteur coïncide avec un marché du parapluie météo dépendant et en recul. « Le marché français représente 6 à 10 millions de parapluies par an, dont 60 000 à 70 000 fabriqués en France. Même s’il existe une clientèle militante et ardente à défendre le fabriqué en France, tout le monde n’a pas toujours le budget. »
Désormais, les parapluies Neyrat conçoivent et produisent en France environ 30 000 pièces grâce à une trentaine de salariés. Il s’appuie par ailleurs sur du textile venu de Lyon ou d’Italie dans certains cas, mais aussi sur des tourneurs du Jura pour réaliser les poignées en bois. Ces parapluies se destinent principalement au marché du luxe, aux marques propres de l’industriel et à des clients qui veulent des produits sur-mesure en guise d’objets publicitaires. Le reste, soit environ 650 000 parapluies, continue à être produit en Asie, afin de répondre aux autres marchés comme celui de la grande distribution et d’assurer l’équilibre financier de la PME.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert