Premier ministre et maire de Pau, la drôle de vie de François Bayrou

"J'habite ici, je n'ai pas l'intention de déménager": depuis sa nomination à Matignon, François Bayrou redescend tous les week-ends à Pau, où il occupe toujours son fauteuil de maire, assumant ce cumul de...

Le Premier ministre et maire de Pau François Bayrou assiste à une cérémonie de vœux à Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques, le 10 janvier 2025 © Gaizka IROZ
Le Premier ministre et maire de Pau François Bayrou assiste à une cérémonie de vœux à Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques, le 10 janvier 2025 © Gaizka IROZ

"J'habite ici, je n'ai pas l'intention de déménager": depuis sa nomination à Matignon, François Bayrou redescend tous les week-ends à Pau, où il occupe toujours son fauteuil de maire, assumant ce cumul de fonctions malgré les critiques locales et nationales.

"Ici c'est le maire de Pau", a-t-il répondu vendredi à la radio RMC venue sur ses terres. "Premier ministre, vous savez, c'est fugace (...) on n'est pas assuré de la durée, tandis que la mairie de Pau, c'est un enracinement profond", nécessaire pour atténuer la "rupture" entre "la base" des "Français qui travaillent" et "le sommet" du pays.

Pour remédier à ce problème, M. Bayrou a même annoncé le 16 décembre vouloir "rouvrir le débat" sur le non-cumul des mandats locaux pour les parlementaires, lors du premier conseil municipal qui avait suivi sa nomination à la tête du gouvernement, trois jours plus tôt.

Son choix d'aller à Pau plutôt qu'à Mayotte, tout juste ravagée par le passage du cyclone Chido, avait alors suscité la polémique. 

"Je suis obligé de vous dire que Pau est en France", avait ironisé le lendemain à l'Assemblée François Bayrou, en réponse à la cheffe de file des députés insoumis, Mathilde Panot, soulignant qu'il avait participé à une cellule de crise sur Mayotte "en visio", comme le ministre de l'Intérieur. Mais pas jusqu'au bout, car son visage avait disparu au moment des conclusions d'Emmanuel Macron. 

Maire depuis 2014 et rompu aux responsabilités nationales, le Premier ministre a mis en place localement un "fonctionnement resserré" et "bien huilé" autour de son directeur général, de son directeur de cabinet et de son premier adjoint, selon ce dernier.

Maire en pointillé

Pour Jean-Louis Pérès, auquel François Bayrou a confié une délégation générale, "l'expérience locale nourrit la réflexion dans la fonction de Premier ministre".

Du vendredi au lundi, François Bayrou enchaîne à Pau les inaugurations et conférences de presse sur des projets locaux, comme celui de la végétalisation d'une place samedi. 

Ce grand amateur de chevaux a aussi été aperçu à l'hippodrome, le 19 janvier, et le week-end suivant au stade du Hameau pour un match de rugby entre la Section paloise et Clermont.

"Ca ne surprend que les gens qui sont Parisiens dans leur tête et qui considèrent que le pouvoir ne s'exerce qu'à Paris", a déclaré le Premier ministre à l'AFP. Simplement, "je rentre chez moi le week-end".

"Il n'a pas transformé son mode de fonctionnement", convient Jean-François Blanco, élu d'opposition écologiste (EELV) depuis 2020. "Il est là du vendredi au lundi, comme maire en pointillé, davantage préoccupé par son destin national". 

"Je pense qu'il ne voulait pas lâcher Pau et qu'avec son orgueil très fort il voulait montrer qu'il pouvait tout faire, qu'il pouvait réussir là où tout le monde a échoué, estime le socialiste palois Jérôme Marbot. Pour justifier ça, il a proposé qu'on revienne sur le non-cumul des mandats."

Indemnités locales abandonnées

Devenu Premier ministre, avec un emploi du temps parisien décrit comme un "enfer", François Bayrou a "immédiatement" renoncé à ses indemnités de maire de Pau et de président de la Communauté d'agglomération, d'un montant cumulé d'environ 8.200 euros brut, a indiqué son entourage à l'AFP. 

Quant à ses allers-retours entre Paris et les Pyrénées, ils sont opérés en "vols commerciaux", sans que les "Falcon ne soient mobilisés", selon Matignon.

Sauf justement ce 16 décembre, quand François Bayrou s'est rendu en Falcon à Pau, car c'était "plus facile", selon lui, au vu des places à réserver pour les nombreux personnels de sécurité qui l'accompagnent pour sa santé et les transmissions. Un moyen auquel il a aussi eu recours le 11 janvier, avait dénoncé M. Marbot. 

Air France opère quatre liaisons par jour entre Pau et l'aéroport Charles-de-Gaulle, depuis l'arrêt de la liaison de Transavia avec Orly le 27 octobre. Sa reprise n'est pas encore actée, mais François Bayrou a cherché à convaincre son prédécesseur Michel Barnier de la maintenir.

Fin janvier, en conférence de presse à Pau, François Bayrou avait assuré ne "jamais confondre les rôles" locaux et nationaux. "Ici je suis maire, comme je suis père de famille quand je suis chez moi."

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