Pour recruter, les agriculteurs de Petit-Caux Bray s’associent
Le groupement d’employeurs Petit-Caux Bray emploie une vingtaine de salariés qui interviennent sur une trentaine d’exploitations.
Pénibilité, temps partiel ou emploi saisonnier, astreinte le week-end… Le secteur agricole n’a pas toujours bonne réputation quand il cherche de la main d’œuvre. Une difficulté à trouver des salariées qui s’est accrue avec la crise sanitaire. La profession ne manque pourtant pas d’idées pour casser les idées reçues, à l’image de la campagne nationale de communication lancée en 2021 par le ministère de l’Agriculture. Localement, les agriculteurs se regroupent et s’organisent. À l’image du groupement d’employeurs Petit-Caux Bray, présidé par Damien Capron, éleveur à Sauchay-le-Haut.
Une idée qui germe en 2005
Quand un agriculteur seinomarin recherche un salarié pour assurer des missions ponctuellement durant une absence, dans le cadre d’un arrêt maladie, ou d’un congé maternité par exemple, il fait appel au service de remplacement. Mais il peut également avoir besoin d’un salarié régulièrement dans l’année, quelques jours par mois pour l’épauler, un besoin qui n’entre pas dans les missions du service de remplacement. Dans ces conditions, difficile de trouver la perle rare qui possède les compétences nécessaires pour intervenir lors de la traite par exemple.
Si ces quelques heures hebdomadaires peuvent sembler anecdotiques, elles sont pourtant vitales, notamment dans des élevages qui demandent une présence quotidienne. « La MSA (Mutualité sociale agricole, ndlr) a mis en place une aide au répit en cas d’épuisement professionnel ou burn-out », remarque d’ailleurs Jean-Louis de Saint-Hilaire, producteur de lait à la retraite et responsable-dirigeant du groupement d’employeurs.
En s’associant à plusieurs agriculteurs, il devient possible de proposer un CDI à temps plein et d’attirer des candidats. C’est le principe du groupement d’employeurs Petit-Caux Bray qui gère, en outre, les démarches administratives (déclaration, bulletin de salaire, contrat de travail…). L’idée, portée par Jean-Louis de Saint-Hilaire, germe en 2005. « Aujourd’hui, nous couvrons Aumale, Blangy, Eu, Neufchâtel-en-Bray, Londinières, jusque Dieppe, constate-t-il. Nous avons 15 équivalents temps plein, soit une vingtaine de salariés, et une bonne trentaine d’adhérents éleveurs. »
Une combinaison gagnante
Les salariés se rendent, en général, sur deux à trois exploitations adhérentes maximum, toujours les mêmes. Les agriculteurs ont ainsi l’assurance d’avoir une personne qui connaît bien l’exploitation. De son côté, le salarié dispose d’une régularité dans son emploi du temps, tout en évitant la monotonie. Une combinaison gagnante puisque plusieurs agents collaborent avec le groupement depuis une vingtaine d’années. « Le plus jeune salarié a 20 ans et le plus âgé a 55 ans, certains ne traient jamais », note Jean-Louis de Saint-Hilaire.
Si le groupement est une solution efficace pour recruter, il rencontre tout de même des limites. « Malheureusement, ce qui me peine, c’est que je dois parfois refuser des demandes car je n’ai pas le personnel qualifié », regrette Jean-Louis de Saint-Hilaire. Car, pour intervenir sur une exploitation, il faut disposer d’une solide expérience et/ou formation. Gérer les étapes de la traite, la distribution des aliments ou encore, prendre les commandes d’une pailleuse, ça ne s’improvise pas !
Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont