Pour maîtriser la dette, l'OCDE appelle à augmenter la fiscalité sur le patrimoine
L'OCDE appelle notamment à augmenter la fiscalité sur le patrimoine pour maîtriser les dettes publiques qui s'alourdissent à travers la planète et retrouver des marges de manoeuvre...
L'OCDE appelle notamment à augmenter la fiscalité sur le patrimoine pour maîtriser les dettes publiques qui s'alourdissent à travers la planète et retrouver des marges de manoeuvre face à de futurs "chocs".
"Des mesures décisives s'imposent pour assurer la viabilité de la dette", exhorte l'Organisation de coopération et de développement économiques dans un rapport publié mercredi, rappelant les "importantes difficultés budgétaires" qui tiennent à l'augmentation de la dette, au vieillissement démographique et aux politiques liées au changement climatique.
La dette publique mondiale s'est envolée ces dernières années, aggravée par la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine. Elle a atteint un record de 97.000 milliards de dollars en 2023, selon un rapport des Nations Unies publié en juin, soit un quasi-doublement depuis 2010.
"Nous devons faire davantage pour mieux contrôler les dépenses et (...) optimiser les recettes fiscales", a affirmé le secrétaire général de l'OCDE Mathias Cormann au cours d'une conférence de presse mercredi, rappelant que la dette publique des pays du G20 avait représenté 113% du PIB l'an dernier contre 73% en 2007.
"En l'absence d'intervention pérenne, la charge future des dettes continuera de s'alourdir nettement et les marges de manoeuvre pour réagir face aux futurs chocs négatifs seront de plus en plus limitées", souligne dans son rapport l'organisation basée à Paris.
Côté recettes, l'OCDE suggère aux Etats d'"adopter des mesures pour supprimer les dépenses fiscales qui sont source de distorsions et accroître les recettes provenant des impôts indirects, des taxes environnementales et des impôts sur le patrimoine dans de nombreux pays".
Coopération fiscale au G20
La fiscalité sur le patrimoine revient régulièrement dans les débats internationaux sur fond de forte progression de la richesse des plus fortunés grâce à l'envolée des cours boursiers ces dernières années.
La taxation des plus riches est notamment envisagée par la candidate à la présidentielle américaine Kamala Harris, ou encore par le nouveau gouvernement en France, confronté à un dérapage du déficit public.
Fin juillet, l'OCDE avait salué une "réalisation remarquable" après l'engagement des ministres des Finances du G20 à coopérer en matière fiscale pour taxer les plus grandes fortunes, sans toutefois réussir à s'accorder sur un impôt mondial qui était l'objectif initial du Brésil qui préside cette année l'enceinte internationale, devant le refus de plusieurs Etats.
Outre une hausse des recettes, l'OCDE, qui rassemble 38 pays développés, appelle aussi à "améliorer le ciblage des prestations et des subventions" et "engager de nouvelles réformes des retraites pour tenir dûment compte de l'augmentation de la longévité".
L'envolée de la dette et du coût de son financement est d'autant plus problématique que les taux d'intérêt demeurent élevés en raison des politiques de resserrement monétaire décidées par les banques centrales pour ralentir l'inflation, bien que celle-ci revienne progressivement à des niveaux plus supportables.
Hors prix volatils, l'inflation devrait retomber cette année à 5,4% et l'an prochain à 3,3% au sein des pays du G20, contre 6,1% en 2023, laissant davantage de latitude aux banques centrales pour baisser les taux, ce qu'elles ont commencé à faire à l'instar de la Réserve fédérale américaine et de la BCE.
Croissance mondiale en hausse
L'assouplissement des politiques monétaires va contribuer à renforcer la croissance mondiale que l'OCDE entrevoit à 3,2% cette année, en hausse de 0,1 point par rapport à ses dernières prévisions de mai, et à un niveau équivalent l'année suivante.
Parmi les changements les plus spectaculaires, l'OCDE a fortement relevé ses prévisions pour l'Espagne qui profite à plein de la reprise du tourisme, et le Royaume-Uni dont la consommation se porte mieux, dont les taux de croissance sont désormais attendus cette année respectivement à 2,8% et 1,1%, soit des relèvements de 1 point et 0,7 point.
En pleine guerre en Ukraine, la prévision de croissance de la Russie passe à 3,7% cette année (+1,1 point), et celle du Brésil à 2,9% (+1 point), tandis que celle des Etats-Unis a été maintenue à 2,6%. A l'inverse, le Japon serait le seul des grands Etats développés à subir une récession cette année (-0,1%), l'OCDE revoyant en forte baisse sa prévision.
Pour la zone euro, la prévision de l'OCDE est inchangée pour 2024 à 0,7% et revue en légère baisse pour 2025 à 1,3%, affectée notamment par la croissance allemande, attendue cette année à 0,1% seulement et à 1% l'an prochain.
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