Stratégie

Pour Amiens Cluster l’avenir se joue maintenant

Cinq après sa création, Amiens Cluster s’apprête à entrer dans une phase de transition. Si l’obtention d’un Label d’excellence bronze pour le cluster Energeia valide le travail réalisé sur la thématique de l’énergie, la structure s’interroge aujourd’hui sur son avenir.

Le Quai de l’innovation a accueilli deux éditions d’Amiens Energy Summit. @Amiens Cluster
Le Quai de l’innovation a accueilli deux éditions d’Amiens Energy Summit. @Amiens Cluster

Lancé officiellement en avril 2017 à l’initiative de la ville d’Amiens, de la Métropole, du CHU, de l’UPJV et de la CCI, Amiens Cluster a pour objectif de créer des passerelles entre public et privé pour favoriser l’émergence de projets dans les secteurs du numérique, de la santé et de l’énergie. « Il faut dix ans, en moyenne, pour qu’un cluster arrive à maturité. C’est un investissement sur le long terme », explique François-Xavier Level, Directeur général d’Amiens Cluster.

« Nous sommes arrivés au terme de la phase d’émergence. Nous avons engagé, depuis un an, des discussions avec les différentes parties prenantes pour tirer un premier bilan. Les débats sont animés », reconnaît-il. Si certains sont satisfaits, d’autres sont plus sceptiques. Côté stratégie, le numérique est désormais traité comme un sujet transverse et la santé portée principalement par le CHU. De son côté, le cluster Energeia, tourné vers la ville autonome en énergie, a su tirer son épingle du jeu.

Une reconnaissance européenne

« Nous avions besoin d’une évaluation impartiale de notre travail, c’est pour cela que j’ai demandé à ce que nous soyons audités par l’Initiative européenne d’excellence des clusters (ECEI) », détaille François-Xavier Level. Cette instance, reconnue par la Commission européenne évalue la structure, la gouvernance, la stratégie, le financement, les activités et services ainsi que les interactions entre les membres. 

Début septembre, l’ECEI a octroyé au cluster Energeia le label d’excellence bronze. « C’est une reconnaissance du travail effectué et cela intervient dans un contexte où l’énergie est plus que jamais un sujet d’actualité », note le Directeur général.

François-Xavier Level, Directeur général d’Amiens Cluster. (c)Amiens Cluster

Si l’audit salue la gestion et la qualité du management, il pointe en revanche une faible coopération entre les membres fondateurs, un besoin accru en ressources humaines mais aussi le manque d’experts et de sécurité financière sur le long terme. Un diagnostic qui pose clairement les enjeux auxquels les fondateurs vont devoir répondre. 

« Il y a trois ans, lorsque le projet "Ville autonome en 2050" a été adopté à l’unanimité par la ville et la Métropole, c’était un pari et un vrai choix stratégique. Pour poursuivre notre réflexion sur la production d’énergie renouvelable, le stockage de l’énergie ou encore l’efficacité énergétique, nous avons besoin de démonstrateurs, et cela demande un réel engagement et des investissements », ajoute François-Xavier Level.

Wind my roof fait partie des start-up accompagnées par Amiens Cluster. @Amiens Cluster

L’heure des choix

Fort de l’organisation de deux sommets dédiés à l’énergie, de groupes de projets autour d’un démonstrateur de production et utilisation local du gaz vert (projet Home Green Gas), d’une minicentrale hydraulique (projet IKO) ou encore d’une plate-forme d’accompagnement à la rénovation énergétique (projet PAREO), le cluster Energeia s’est imposé comme un écosystème en pointe sur la question énergétique. 

Un savoir-faire qui infuse aussi du côté de l’incubateur/ accélérateur avec l’accompagnement de jeunes pousses prometteuses comme Wind My Roof. « Si les porteurs de projets viennent majoritairement des Hauts-de-France, nous avons quelques acteurs parisiens qui viennent chercher ici notre expertise », souligne François-Xavier Level.

Mais cette dynamique positive se heurte aujourd’hui à certaines hésitations. Pour se développer, les entrepreneurs doivent apporter une preuve de concept (POC). Pour cela, tous ont besoin d’un démonstrateur et d’accompagnement pour sa mise en place. Des besoins auxquels un acteur comme Amiens Cluster peut répondre. 

« Nous pourrions devenir un véritable living lab. Il y a des enjeux très fort d’attractivité, mais cela veut aussi dire qu’il faut accepter de prendre des risques », conclut le Directeur général. Le temps presse puisqu’au niveau national et international, la course au démonstrateur a déjà commencé. Faute de financement et d’accès à de tels outils, plusieurs start-up accompagnées localement ont d’ores et déjà quitté le territoire.

Amiens Cluster en chiffres

En 2021, Amiens Cluster comptait 40 adhérents, 31 partenaires, 12 projets incubés, 10 entreprises accélérées et 15 projets accompagnés.