Pompidou mobile plante son chapiteau

Un grand voyage dans l’art du XXe siècle est offert au plus grand nombre à l’entrée du port intérieur de Boulogne-sur-Mer, là où faisaient escale les paquebots transatlantiques et les ferries du transmanche. Le premier musée nomade au monde, le Centre Pompidou Mobile, a déployé son barnum dans l’esprit du cirque ambulant ou de la fête foraine. Sur ses cimaises, 15 chefs d’oeuvre de l’art moderne ou contemporain.

Le commissaire de l’exposition, Emma Lavigne, entre La Femme en bleu de Pablo Picasso et La Gamme jaune de Frantisek Kupka.
Le commissaire de l’exposition, Emma Lavigne, entre La Femme en bleu de Pablo Picasso et La Gamme jaune de Frantisek Kupka.

 

Le double chapiteau du Pompidou Mobile (650 m²) a été planté sur la pointe de l’Eperon (l’ex-gare maritime des transatlantiques et, plus récemment, des ferries du transmanche), à l’entrée du port intérieur de Boulogne.

Le double chapiteau du Pompidou Mobile (650 m²) a été planté sur la pointe de l’Eperon (l’ex-gare maritime des transatlantiques et, plus récemment, des ferries du transmanche), à l’entrée du port intérieur de Boulogne.

Braque, Picasso, Léger, Sonia D e l a u n a y , Dubuffet, Calder, Klein ou Niki de Saint Phalle… A l’initiative du Conseil régional, le Nord-Pasde- Calais accueille deux escales (Cambrai et Boulogne) de cette structure légère, démontable et transportable, imaginée par le président du Centre, Alain Seban, et conçue par l’architecte Patrick Bouchain. “L’idée m’est venue en 2007, à mon arrivée au Centre, d’un simple constat : un Français sur deux n’est jamais allé au musée. Or, la mission fondamentale du Centre Pompidou, explique son président, c’est d’ouvrir la création de notre époque au plus grand nombre. J’ai donc voulu que nous nous donnions les moyens d’aller au-devant de ceux qui ne vont jamais au musée.” Au-delà, la démarche s’inscrit dans une dynamique territoriale. “Le Centre a pour vocation de susciter un effet d’entraînement durable sur la pratique culturelle locale, confirme Alain Seban. Irremplaçable dans un monde où le numérique permet de reproduire les images à l’infini, la rencontre avec l’oeuvre originale doit donner envie à tous de renouveler l’expérience dans les institutions muséographiques locales.” Ainsi, le château-musée de Boulogne propose une programmation estivale qui fait écho à l’accrochage thématique du Pompidou Mobile et permet aux visiteurs de prolonger leur voyage dans la couleur.

Le commissaire de l’exposition, Emma Lavigne, entre La Femme en bleu de Pablo Picasso et La Gamme jaune de Frantisek Kupka.

Le commissaire de l’exposition, Emma Lavigne, entre La Femme en bleu de Pablo Picasso et La Gamme jaune de Frantisek Kupka.

Un parcours sur la couleur. Car le choix des oeuvres effectué par la commissaire de l’exposition, Emma Lavigne, parmi la collection de plus 60 000 pièces conservées par le Centre, célèbre avant tout la couleur. “De la musicalité chromatique des jaunes de Kupka aux bleus assourdis par la mélancolie de Picasso, les couleurs dévoilent leurs ressorts émotionnels, leur infra-langage, leur énergie. La couleur est une nécessité vitale, affirme Emma Lavigne. C’est une matière première indispensable à la vie, comme l’eau et le feu. On ne peut concevoir l’existence des hommes sans une ambiance colorée.” Comme le disait Fernand Léger, dont on peut admirer tout l’été Les Grands Plongeurs noirs, “les plantes et les animaux se colorent naturellement ; et l’homme s’habille en couleur.