Pôles de compétitivité : Cosmetic Valley vise le monde

Structures associant PME, grands groupes et recherche, les pôles de compétitivité fêtent leurs dix ans. Exemple de Cosmetic valley, pôle dédié aux cosmétiques et à la parfumerie, qui présente une activité en forte croissance et affiche ses ambitions à l’international. 

Les produits de beauté, un secteur d’avenir ? C’est l’ambition affichée par Cosmetic Valley, pôle de compétitivité consacré aux cosmétiques et à la parfumerie, en HauteNormandie, Ile-de-France et Centre, et qui présentait un bilan de son activité lors d’une conférence de presse à Paris, le 19 février. Au total, le pôle regroupe actuellement quelque 425 membres, dont 78% de PME, 52 000 emplois, 8 universités, et plus de 8 000 chercheurs publics et privés. L’activité de Cosmetic Valley “est en progression constante”, se réjouit Marc-Antoine Jamet, son président. Plusieurs indicateurs témoignent de cette expansion, dans différents domaines. Entre 2004 et 2016, le nombre d’adhérents a été multiplié par dix, pour atteindre 450 entreprises. Et “la dynamique d’adhésion ne se tarit pas”, constate MarcAntoine Jamet. Aux PME qui constituaient le cœur du pôle à son démarrage se sont associés les mastodontes du marché, comme L’Oréal ou Procter and Gamble. Géographiquement aussi le pôle s’élargit. “Certaines entreprises viennent de régions éloignées comme PACA”, précise Marc-Antoine Jamet. Autres paramètres positifs, l’activité génère entre 1 000 et 2 000 emplois créés chaque année. Et Cosmetic Valley permet à des PME et des start-up de franchir le cap ou de se déployer à l’export. La clé du succès ? Fonctionner comme un “tissu industriel à l’allemande, avec des entreprises solidaires qui arrivent à travailler ensemble”, estime Marc-Antoine Jamet. En amont, le pôle concentre 300 millions d’euros, dont 70% d’origine privée, qui financent quelque 170 projets en recherche et développement. “Cela manifeste la coopération entre des grandes entreprises et des PME, entre la recherche privée et publique”, juge le responsable. La recherche et développement d’entreprises comme Dior ou LVMH collaborent ainsi avec des PME innovantes. Les stratégies de partenariat et de développement se poursuivent également à l’international. Il s’agit de réaliser une “confédération de clusters (…). Il faut prendre le temps, ne pas se presser”, précise Marc-Antoine Jamet. Les précautions s’imposent dans le choix des partenaires, risques d’espionnage industriel obligent.

Des alliances ont toutefois déjà été nouées : Cosmetic Valley entretient déjà des liens avec le Japan Cosmetic Center, ainsi qu’avec le Beauty Cluster Barcelona, par exemple. Innover et capitaliser sur le patrimoine d’image. En quête de visibilité et de reconnaissance sur un marché mondial, Cosmetic Valley multiplie les rendezvous. Ainsi, à l’international, les entrepreneurs se rendront, en mai prochain, au salon International China Beauty Expo de Shanghai, ainsi qu’à celui de Dubaï, le salon Beautyworld MiddleEast, afin d’affirmer la présence du Made in France sur ces marchés émergents porteurs. Dans l’Hexagone aussi, le pôle organise des événements. En juillet prochain, se tiendra le congrès sur la beauté connectée, à Chartres. Et surtout, l’an dernier, Cosmetic Valley a lancé “Cosmétique 360”, salon consacré à l’innovation en cosmétique et parfumerie, qui se veut d’ampleur internationale. Déjà, la première édition a réuni 150 exposants et 4 000 visiteurs venus d’une cinquantaine de pays, au Carrousel du Louvre, à Paris. Parmi les événements du salon, les “Cosmetic Victories”, auxquelles ont concouru une dizaine de projets, remportées par un masque de beauté connecté qui permet un diagnostic de la peau. “Nous sommes systématiquement dans une démarche d’innovation”, insiste MarcAntoine Jamet qui entend bien reconduire l’opération les 13 et 14 octobre prochains. Avec plus de participants et de visiteurs encore. Une stratégie qui pourrait bien renforcer la filière cosmétique française. Actuellement, cette dernière compte quelque 1 500 entreprises pour 150 000 emplois et 25 milliards de chiffre d’affaires. Et le secteur est fortement exportateur. Il a généré un solde de 9,2 milliards d’euros en 2015, d’après les statistiques ministérielles. Une performance qui prolonge la trajectoire de l’année précédente : déjà en 2014, rappelle la FEBEA, le syndicat professionnel des entreprises de la beauté, les cosmétiques représentaient le deuxième secteur exportateur de l’économie française, avec un excédent commercial de près de 9 milliards d’euros, loin derrière l’aéronautique, mais devant l’agroalimentaire.

Anne DAUBREE