PME : faire entrer un investisseur au capital, solution pour la croissance ?
Faire rentrer un investisseur dans le capital de sa société, un pari risqué ? Cela a permis à la société grandir, estime l'un des propriétaires d'ACS, une PME de courtage, qui témoignait récemment au Medef.

La solution n'allait pas de soi, mais l'entrée d'un investisseur au capital de l'entreprise a considérablement facilité sa transmission et favorisé ses projets de croissance. Le 13 février, à Paris, le Medef consacrait une journée à « Quelle gouvernance pour réussir sa transmission d'entreprise familiale ?» Edouard Da Rin, directeur général associé d'ACS, entreprise de courtage fondée en 1979 par son père, Didier Da Rin, a témoigné de son expérience. A l'origine, le fondateur de la société imaginait plutôt vendre au moment de partir à la retraite. Quant à son fils, il a commencé par « suivre sa voie » et, après des études de droit, a poursuivi une carrière d'avocat fiscaliste, dans des cabinets internationaux. Mais au début des années 2010, leurs trajectoires ont fini par se rejoindre. « j'étais attiré par le milieu de l'entrepreneuriat, j'envisageais de passer de l'autre coté, et là, contre toute attente, mon père m'a proposé de le rejoindre (…). Nous sommes un peu complémentaire, mon père a pensé que mon expérience internationale pourrait être utile », témoigne Edouard Da Rin, aujourd'hui directeur général de l'entreprise.
Lorsqu'il arrive dans la société à la gestion familiale, le jeune homme juge que c'est « un peu le bazar ». Lui voudrait donner une autre ampleur à l'activité, et il estime qu'un changement structurel s'impose. « J'ai toujours eu en tête qu'à un moment donné, nous ferions entrer un investisseur. Sans en parler, pendant plusieurs années, j'ai préparé l'entreprise pour la rendre présentable », explique-t-il. Mais voilà, son père, à qui il suggère cette idée, est loin se montrer enthousiaste. « Je ne voulais pas donner l’impression de lui forcer la main. Cette entreprise, c'est un peu son bébé », commente Edouard Da Rin, dont la patience sera récompensée... En 2023, lorsqu'un ami lui raconte comment l'entrée d'un investisseur dans sa société a permis son départ à la retraite fluide, Didier Da Rin se décide.
« carnet de croissance »
Janvier 2024. ACS, dont le capital était jusque là 100% familial ouvre son capital à un fonds d'investissement, Geneo Capital Entrepreneur, avec un ticket d’entrée de 12 millions d'euros. Pour la famille, l'opération obéit à deux logiques : restructurer le capital et « aligner nos intérêts avec un spécialiste de la croissance », explique Edouard Da Rin. Sur le premier point, le père s'est pour partie désengagé, Edouard a accru ses parts, un autre actionnaire est parti. « Nous restons propriétaires. Nous en avons profité pour faire entrer des managers clés au capital de la société. Et Geneo est entré comme actionnaire minoritaire », précise Edouard Da Rin. Sur le second point, « nous voulions un investisseur qui nous conseille sur la manière de nous structurer, qui nous challenge sur des sujets comme le budget. Depuis mon arrivée, en 2012, nous avons multiplié le chiffre d'affaires par 5. Nous avons bien grandi. Le seul souci est que plus nous grandissions, moins je dormais, car je devais traiter de plus en plus de sujets. Cela se passe ainsi dans les sociétés familiales qui ne sont pas assez organisées pour la croissance. (…).Depuis un an, avec l'arrivée de Généo, nous sommes devenus plus professionnels », estime Edouard Da Rin. Il a notamment embauché une directrice financière et une directrice des ressources humaines. Au niveau de la gouvernance de l'entreprise, son père est resté président. « Nous définissons la stratégie ensemble, je la mets en oeuvre », explique-t-il. Le changement le plus important est ailleurs, au niveau de la holding qui a repris l'entreprise. Le comité stratégique dans lequel siège Geneo Capital Entrepreneur se réunit tous les trimestres. Le « carnet de croissance » où ont été définis des objectifs qui engagent toutes les parties, dessine la marche à suivre.