Plusieurs institutions culturelles, dont l'Opéra de Paris, touchées par des coupes budgétaires

Six millions d'euros pour l'Opéra de Paris, cinq pour la Comédie-Française, trois pour le Louvre: de grandes institutions culturelles voient leur budget raboté cette année, suscitant vendredi incompréhension et colère dans le...

Une photo prise de nuit le 26 avril 2022 montre une vue de l'Opéra Garnier à Paris. © -
Une photo prise de nuit le 26 avril 2022 montre une vue de l'Opéra Garnier à Paris. © -

Six millions d'euros pour l'Opéra de Paris, cinq pour la Comédie-Française, trois pour le Louvre: de grandes institutions culturelles voient leur budget raboté cette année, suscitant vendredi incompréhension et colère dans le secteur et à la Mairie de Paris.

Le Mobilier national-Sèvres et l'Académie de France à Rome sont également touchés "pour un million d'euros chacun, le Théâtre de la Colline et le Théâtre national de la Danse-Chaillot (à Paris, NDLR) pour 500.000 euros chacun", a détaillé à l'AFP le ministère de la Culture, confirmant des informations de presse.

De son côté, la Philharmonie a indiqué à l'AFP s'être vu notifier "une coupe de 250.000 euros sur son budget d'investissement". S'ajoute à cela "1,5 M d'euros de crédits mis en réserve annulés". 

Ces coupes budgétaires font partie des 10 milliards d'euros d'économies "immédiates" annoncées mi-février par Bercy, après le dérapage du déficit public enregistré l'an passé. 

A la Culture, où les économies demandées atteignent un peu plus de 200 millions d'euros (dont 96 millions concernent la création et 100 millions le patrimoine), la ministre Rachida Dati avait assuré qu'elle allait essentiellement récupérer les crédits de réserve, destinés à couvrir les aléas budgétaires en fin d'année, et que les "territoires" seraient préservés.

Une façon de dire que les institutions nationales parisiennes, sous tutelle directe de l'Etat, pourraient, elles, mettre la main à la poche.

A l'Opéra, le montant de six millions d'euros "sera prélevé sur le fonds de roulement (...). ll ne donnera lieu à aucune restriction des moyens disponibles pour l'activité et le fonctionnement de l'établissement", a-t-on assuré à l'AFP. L'institution entend néanmoins "retrouver en 2025 un niveau de soutien public conforme" au contrat passé avec l'Etat pour 2022-2026.

Matthias Bergmann, du syndicat Sud, craint, lui, que le coup de rabot ait une incidence sur les travaux de rénovation prévus à Bastille et à Garnier dans les prochains mois.

Danger pour la création

Mi-mars, l'Opéra de Paris avait annoncé être redevenu bénéficiaire en 2023, pour la première fois depuis 2017, notamment grâce au retour du public dans les salles, à un record de visites du Palais Garnier et de recettes de mécénat.

"C'est pour nous très compliqué", a de son côté déclaré Pierre Lungheretti, directeur délégué du Théâtre national de la Danse-Chaillot. "500.000 euros (de coupe), c'est la moitié de notre disponible artistique", c'est-à-dire ce qu'il reste une fois les charges fixes déduites.

"Ça compromet les spectacles mais aussi tous les programmes d'éducation artistique mis en œuvre dans la France entière auprès des jeunes éloignés de la culture", s'inquiète-t-il.

Wajdi Mouawad, le directeur du Théâtre de la Colline, avait souligné, mardi sur France Inter, que les coupes budgétaires allaient forcément toucher la création, les théâtres étant incités à ne se tourner que vers des artistes connus pour être sûrs de remplir leurs salles.

Pour la secrétaire générale du Synptac-CGT (théâtre et activités culturelles), Claire Serre-Combe, "en colère", "l'objectif est de viser les structures dites les plus riches mais, en réalité, elles sont fragiles financièrement" car "sommées de remplir leur mission de service public, de faire autant qu'en 2023, avec moins de moyens".

Le syndicat donne rendez-vous pour une semaine d'actions "contre l'austérité culturelle" à partir de lundi.  

Alors que Rachida Dati n'a pas fait mystère de sa candidature pour la mairie de Paris en 2026, ces annonces ont aussi fait réagir Emmanuel Grégoire, premier adjoint (PS) de la maire Anne Hidalgo: "la ministre de la Culture prévoit 15 millions d'euros d'austérité pour les musées et théâtres parisiens, qui n'auront pas d'autre choix que renoncer à leur mission de service public", a-t-il déploré sur X. 

L'adjointe à la Culture, Carine Rolland, a dénoncé un "contresens". "C'est surtout un réel danger pour la création, pour les artistes".

Le Louvre, la Comédie-Française ou encore le Mobilier national n'ont pas souhaité faire de commentaire à ce stade.

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