Plan automobile : le gouvernement mise sur la voiture “verte
Le plan de redressement de la filière automobile française mise sur le développement des voitures dites propres. En plu
Pour une voiture “propre et populaire”. Le plan gouvernemental de soutien à la filière automobile a été présenté le 25 juillet, à l’Elysée, par Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif. Par ce plan, le gouvernement mise sur la mutation de l’automobile française vers des véhicules plus respectueux de l’environnement, mutation qui devrait lui permettre de gagner sur les deux tableaux, écologique et économique. “Nous avons décidé de faire de la transition écologique une opportunité industrielle. Nous disposons là d’un avantage comparatif et compétitif par rapport au reste du monde”, a expliqué Arnaud Montebourg.
Soutien de l’offre. Le plan gouvernemental comporte différents outils, visant à soutenir l’offre, la demande et à consolider le tissu industriel de l’automobile. Certaines mesures sont nouvelles, d’autres reconduisent des dispositifs en place. Côté encouragement de l’offre, c’est le cas, en particulier, du bonus-malus, une “mesure importante qui dirige le consommateur et l’automobiliste vers de nouveaux usages de l’automobile”, a souligné le ministre. Le gouvernement met le paquet : 490 millions d’euros, l’an prochain. Trois catégories de véhicules sont concernés : les véhicules thermiques émettant moins de CO2, les véhicules hybrides, et ceux à zéro émanation (électriques). Ainsi, le bonus pour les véhicules thermiques faiblement émetteurs de carbone est augmenté de 100 à 150 euros selon les cas. Cette mesur econcerne par exemple les modèles de la C3, la Yaris, la Clio, la Mégane, la Ds3, la 207 ou la 208. Celui pour les véhicules hybrides est porté à hauteur de 4 000 euros, et jusqu’à 10% maximum du prix du véhicule, et est étendu aux sociétés. Pour les véhicules électriques, le bonus sera de 7 000 euros. D’après l’exemple donné par le ministre, la Zoe, véhicule électrique qui sortira de l’usine Renault de Flins, coûtera 13 400 euros avec le bonus, soit un prix comparable à celui d’une Clio ou 208. A contrario, le malus, lui, va augmenter. Ce revenu devrait recouvrir “en grande majorité” les dépenses liées au bonus, avance Arnaud Montebourg. Le chiffrage demeure hypothétique : alors que le bonus rentre en application immédiatement, le malus “sera discuté dans le cadre de la loi de finances, dans quelques semaines”, a précisé le ministre.
L’outil de la commande publique est également mobilisé. Au total, entre l’Etat, les entreprises publiques et collectivités locales, la commande publique en véhicules “propres” pourrait atteindre 11 000 véhicules par an d’après les estimations présentées lors de la conférence de presse. Le dispositif du bonusmalus est en effet étendu aux acheteurs publics. Au moins un quart des véhicules achetés par l’Etat devront être électriques ou hybrides. Les véhicules à usage urbain (hors véhicules d’intervention) devront être électriques. Et les collectivités locales aussi seront encouragées à effectuer ce type d’achat. Un investissement à hauteur de 5 millions d’euros pour l’Etat.
Le casse-tête du réseau des bornes de recharge. Autre dispositif du plan de soutien à l’automobile, l’impulsion donnée à l’implantation d’un réseau suffisant de bornes de recharge électrique des véhicules dans les villes. Véritable casse-tête, impossible à mettre en oeuvre sans impulsion publique, ce dispositif implique la participation de nombreux acteurs publics et privés et n’a, jusqu’à présent, pas réussi à être mis en place. Dans les “six à huit mois”, promet Arnaud Montebourg, ce réseau sera installé dans une douzaine de villes et agglomérations qui se sont déjà portées volontaires, parmi lesquelles Bordeaux, Grenoble, Orléans, Nice, Le Havre, Strasbourg et le Grand- Nancy. Le gouvernement en confie le “commandement unique” à Philippe Hirtzman, ingénieur général des Mines. Objectif : mobiliser l’ensemble des acteurs concernés, stationsservices, loueurs de voiture, parking souterrains, réseaux EDF et ERDF, concessionnaires, garagistes, copropriétés, domaine public… En outre, “la règlementation devra être adaptée” ajoute Arnaud Montebourg. Et 50 millions d’euros du Grand Emprunt seront destinés à financer l’opération, en accompagnant les collectivités locales.
Les soutiens financiers et leurs contreparties. Le plan contient également des mesures financières visant à accompagner entreprises et sous-traitants. Ces derniers représentent, d’après Bercy, quelque 4 000 entreprises et 150 000 emplois. Globalement, il s’agit de “solidifier les bases de la filière”, a expliqué Arnaud Montebourg. Par exemple, Oséo épaulera le tissu des PME de sous-traitance, pour leur trésorerie, à hauteur de 150 millions d’euros. Et 100 millions d’euros supplémentaires seront mobilisés pour des prêts à ces entreprises. Le plan rappelle aussi les mesures existantes, comme les 400 millions euros de crédit impôt recherche, pour l’ensemble de la filière. Le Fonds de modernisation des équipementiers automobiles (FMEA), qui pèse 260 millions d’euros, sera prolongé. Les priorités des dépenses des “investissements d’avenir” pour le véhicule du futur (350 millions d’euros) vont être redéfinies. En outre, une cinquantaine de millions d’euros supplémentaires pourront être attribués pour des actions de mutualisation de production ou de recherche et développement dans le secteur. “Nous ne sommes pas dans des plans de relance artificiels comme la prime à la casse (…) qui a financé des véhicules qui n’étaient pas produits en France. (…) Notre stratégie est une stratégie de ciblage, et qui vise à demander des contreparties”, a mis en garde Arnaud Montebourg. Pérennisation des sites industriels et des laboratoires de recherche et développement sur le territoire, maintien des prix des véhicules… Telles sont les demandes du gouvernement.