Philippe Vasseur : «La crise, opportunité de nouvelles perspectives pour l’Eurorégion»

Il ne faut pas désespérer de l’Eurorégion et de la crise, elles doivent être l’opportunité de nouveaux développements, de nouvelles perspectives et de nouvelles espérances. Invité de la Douzième Visite aux voisins à Marcq-en-Barœul, Philippe Vasseur s’est affiché en eurorégionaliste convaincu et militant.

De gauche à droite, Didier Ellart, adjoint au maire de la ville de Marcq-en-Baroeul, chargé du Sport, de la Prévention et de la Santé, et du Partenariat avec les Entreprises, Philippe Vasseur, ancien ministre, président de la CCI de région Nord de France, président du groupe CMNE, de Réseau Alliance RSE et du World Forum Lille, Bernard Gérard, député du Nord et maire de la ville de Marcq-en-Baroeul, et Tillo Mestdagh, président de la Chambre de Commerce France-Belge du Nord de la France.
De gauche à droite, Didier Ellart, adjoint au maire de la ville de Marcq-en-Baroeul, chargé du Sport, de la Prévention et de la Santé, et du Partenariat avec les Entreprises, Philippe Vasseur, ancien ministre, président de la CCI de région Nord de France, président du groupe CMNE, de Réseau Alliance RSE et du World Forum Lille, Bernard Gérard, député du Nord et maire de la ville de Marcq-en-Baroeul, et Tillo Mestdagh, président de la Chambre de Commerce France-Belge du Nord de la France.
D.R.

De gauche à droite, Didier Ellart, adjoint au maire de la ville de Marcq-en-Barœul, chargé du sport, de la prévention et de la santé et du partenariat avec les entreprises, Philippe Vasseur, ancien ministre, président de la CCI de région Nord de France, président du groupe CMNE, de Réseau alliance RSE et du World Forum Lille, Bernard Gérard, député du Nord et maire de la ville de Marcq-en-Barœul, et Tillo Mestdagh, président de la Chambre de commerce franco-belge du Nord de la France.

 

La Douzième Visite aux voisins a réuni en fin d’année dernière à l’Hippodrome de Marcq-en-Barœul une centaine d’entrepreneurs et d’institutionnels venus entendre Philippe Vasseur, président de la CCIR, son invité d’honneur, traiter de la thématique «Crise ? Nouveaux risques, nouvelles opportunités, nouvelles perspectives. Quel développement pour l’Eurorégion.»

 

Des liens anciens. Il appartenait à Bernard Gérard, député-maire de Marcq-en-Barœul, d’accueillir l’ancien ministre, «porte-drapeau de la Métropole», l’occasion aussi de saluer «le partenariat indéfectible» engagé avec la Chambre de commerce franco-belge du Nord de la France et d’évoquer son action auprès des chefs d’entreprise, voyant dans le Centre européen des textiles innovants un outil exemplaire de développement qui a réussi à réunir milieux économiques, CCI, Medef, chefs d’entreprise et milieux économiques. Devançant en quelque sorte les propos de Philippe Vasseur en affirmant «l’Eurorégion est notre avenir», il a aussi rappelé les liens anciens qui lient Marcq-en-Barœul à Kuurne, se félicitant notamment de la création de la plate-forme Kess de mise en relation entre étudiants et entreprises pour susciter des stages transfrontaliers.

De fait, depuis plus de dix ans, ces rencontres économiques ont lieu à tour de rôle en Flandres, en Wallonie et sur la métropole lilloise, plus précisément à Marcq-en-Barœul car la Ville s’implique depuis le début dans cet échange pragmatique et concret. Jumelée depuis cinq ans avec la ville de Kuurne, située près de Courtrai, elle est également partie prenante dans le projet Kess (www.kessproject.eu), un projet Interreg initié au niveau de la ville par Didier Ellart, adjoint au maire en charge du partenariat économique.

Président de la Chambre de commerce franco-belge  du Nord de la France, Tillo Mestdagh a salué la coorganisation de cette Douzième Visite qui associe la Voka, chambre de commerce de la Flandre-Occidentale, la chambre de commerce Wallonie picarde et la CCI Grand-Lille avec le club Entreprendre de la ville de Marcq-en-Barœul.

 

Un espace central. «On a beau être voisins, à la fois si proches et si différents, comment peut-on faire pour faire avancer nos intérêts communs ?», s’est interrogé Philippe Vasseur. Après avoir introduit son intervention par l’évocation de points communs entre la France et la Belgique comme une propension à la dépense publique, une égale pression fiscale même si la fiscalité n’est pas la même, un coût du travail identique, l’ancien ministre s’est penché sur ceux de l’Eurorégion : même forte densité de population, un PIB approchant, avec certes des écarts de richesse, notamment avec les régions capitales, mais surtout des écarts de taux de chômage (12,9% en Nord-Pas-de-Calais, 11,9% dans le Hainaut, 3,2% en Flandre-Occidentale),  «des chiffres qui ont toujours été pour moi un grand mystère» et indiquent «là un vrai problème qui montre bien que la situation géographique n’est pas une fatalité».

Evoquant le réalité économique transfrontalière – «l’économie du Nord-Pas-de-Calais est étroitement dépendante de ce qui se passe en Belgique», pour preuve une entreprise de la Belgique transfrontalière sur huit compte au moins un salarié français dans ses effectifs,  13,5 Mds€ d’échanges… −, Philippe Vasseur a rappelé l’intérêt du positionnement géographique de l’Eurorégion «au cœur du plus riche bassin de consommation», mais aussi le risque qui en découle de voir ses territoires «satellisés». «Notre intérêt commun est de ne pas être un cul-de-sac, mais de former un espace central. Cet espace central, nous le voyons entre Paris, Bruxelles et Londres. On ne part pas de rien. Avec l’Euro 6 (groupement des six chambres de commerce de Lille, Armentières-Hazebrouck, Courtrai, Tournai, Ypres, Mouscron-Comines créé en octobre 1991), cela fait plus de 20 ans que le mouvement est en route. Le potentiel est considérable. Mais nous qui sommes des chefs d’entreprise, on s’impatiente

 

Des projets en cours. Que faire ensemble ? Outre le canal Seine-Nord Europe, dont «le problème financier est soluble» mais qui rencontre l’opposition de la région parisienne, du Havre, Philippe Vasseur a cité quelques dossiers de part et d’autre : l’université eurométropolitaine du web sur l’ex-poste frontière de Camphin-Lamin, qualifiée d’excellente idée transfrontalière, le dispositif Bright & Young initié par la Voka pour l’entrepreneuriat jeunes «que nous souhaitons eurorégionaliser», les pôles de compétitivité et d’excellence transfrontaliers qui coopèrent au sein de la plate-forme Innov’Eurométropolis, ou encore Tandem, projet de mise en œuvre d’une stratégie de la connaissance sur cinq domaines (TIC et image, alimentation et santé, textile et nouveaux matériaux, transport et logistique, technologies propres).

«Faisons en sorte que nos entreprises s’investissent dès maintenant dans ce type de projets», a-t-il plaidé, bien conscient aussi qu’il y a «des obstacles à surmonter», tels la différence de tarifs de «roaming», l’impossibilité pour un apprenti français d’effectuer son apprentissage dans une entreprise belge et réciproquement, la difficulté pour une banque eurorégionale – le CMNE – d’offrir des services transfrontaliers que permet la technologie, mais pas une législation inadaptée.

 

Dans le cadre de la troisième révolution industrielle. Comment se construira cette eurorégion ? Pour faire le constat que ses acteurs sont à la fois partenaires et concurrent, il tente la synthèse entre coopération et compétition pour une «coopétition» qu’il voit comme une amorce de solution à la crise, crise elle-même perçue comme une opportunité de construire le rapprochement eurorégional souhaité et de remettre à plat nos systèmes de pensée dans la foulée des propos qualifiés de «révélation», de Klaus Schwab, président fondateur du World Economic Forum (Davos), «le capitalisme dans sa forme actuelle, n’a plus sa place dans le monde qui nous entoure». Une «révélation» ou remise en question qui doit s’accompagner d’une «réévaluation» de la responsabilité sociale, d’une «réinvention de notre modèle économique de consommation et de production». «Nous sommes dans un système nouveau», a plaidé Philippe Vasseur, évoquant la troisième révolution industrielle chère à Jeremy Rifkin. Pour, in fine, lancer un appel pour «au-delà de la crise, trouver de nouvelles opportunités de développement des entreprises, de nouvelles perspectives pour notre eurorégion et de nouvelles espérances entre voisins». Un appel qui a impressionné par son volontarisme, cher aux entrepreneurs, notamment flamands, invités à supporter et à participer aux initiatives «de façon à ce que l’Eurométropole, région stratégique au sein de l’Europe, puisse se développer».