Petites villes de demain : une belle opportunité pour Crécy-en-Ponthieu

Picardie La Gazette : Pouvez-vous nous présenter votre ville ?

Gérard Lheureux : La ville compte environ 1 433 habitants, c’est un chiffre en baisse. Notre commune est vieillissante car il y peu de terrains à bâtir, cela va être encore plus difficile avec la nouvelle loi Habitat pour les communes d’accorder des permis de construire, les maisons à vendre sont achetées comme résidences secondaires par des personnes attirées par la baie de Somme proche, les tarifs sont trop élevés pour des gens du secteur. Nous avons un hameau, Caumartin, et une commune associée Marcheville, qui est proche de la forêt domaniale de Crécy, là, il reste des terrains. 

La baisse du nombre d’habitants peut avoir des incidences sur les écoles… Nous comptons un regroupement pédagogique concentré de neuf classes, soit environ 190 élèves et un collège de 280 élèves. Près de ces deux structures se trouvent des équipements sportifs. La ville compte aussi une vingtaine de commerces et un supermarché, un magasin de vêtements va ouvrir prochainement, ce qui est une bonne nouvelle. Suite à la pandémie, plusieurs commerces ont fermé dont un salon de coiffure et un café, la municipalité a racheté la licence IV si un nouveau commerce venait à s'installer. Quelques entreprises sont installées à Crécy, dont la société de transport Immo Ouest.

Nous possédons un pôle santé avec quatre médecins, un cinquième est installé seul, lui et un autre médecin prendront bientôt leur retraite. Avant qu’ils partent, il va falloir travailler pour en faire venir deux nouveaux. Dix infirmières, deux dentistes, deux cabinets de kinés et une orthophoniste sont également installés à Crécy. Notre commune abrite aussi un cabinet vétérinaire, un bureau de poste, une agence bancaire, une maison France services et un office notarial, un centre d’accueil touristique, un cinéma - Le Cyrano - qui enregistre environ 20 000 entrées par an, une bibliothèque qui a été installée à la maison de retraite pour faciliter les interactions. Notre marché du lundi matin est bien fréquenté. Tous ces services maillent le territoire.

Crécy-en-Ponthieu est aussi connue pour son cadre de vie agréable...

En effet, on entretient régulièrement la commune pour garder son attractivité. On se bat pour cela et les habitants nous en sont reconnaissants. Les particuliers rénovent au fur et à mesure les façades des maisons, cela embellit aussi la commune. La forêt domaniale de Crécy, gérée par l'Office national des forêts, s’étend sur 4 300 hectares, elle se trouve à environ 2 kilomètres et juste à côté de Marcheville. Il nous fallu six ans de démarches pour faire aboutir une activité d’accrobranches dirigée par un privé, qui fonctionne très bien, un agrandissement est même prévu. La ville, traversée par la rivière La Maye qui va se jeter dans la baie de Somme, dispose de bornes de recharge pour véhicules électriques et d’aire aire de covoiturage Roulezco. Notre volonté est de mettre en place une offre de mobilité plus durable.

La commune a intégré le dispositif Petites Villes de demain,  que cela induit-il ?

Nous avons eu du mal à y croire. C’était important pour nous de nous engager dans cette démarche. Cela fait plusieurs années que des travaux sont menés pour améliorer le cadre de vie. Mon prédécesseur avait fait refaire la place Jean-de-Luxembourg, nous nous sommes chargés de la rue du Maréchal-Leclerc-de-Hauteclocque. Les travaux ont duré deux ans, il nous reste à nous occuper de deux places. 

Grâce à Petites villes de demain, nous allons notamment être épaulés financièrement par l’État et la Banque des territoires. Nous sommes en binôme avec Rue, un chargé de projet a été recruté par la communauté de communes du Ponthieu-Marquenterre. Nous allons signer une convention d’opération de revitalisation du territoire donnant accès à des outils juridiques et fiscaux. En collaboration avec la Chambre de commerce et d’industrie des Hauts-de-France, des axes d’amélioration de la dynamique commerciale, comme le développement de la visibilité des commerces, l’amélioration de l’accessibilité par des voies douces… ont été identifiés. 

Le plan d’actions de la stratégie commerciale des cinq prochaines années sera finalisé d’ici la fin du premier trimestre 2023. Une étude de programmation d’aménagement des espaces publics a débuté en novembre avec le cabinet Powa afin de dégager des scénarios de leur requalification avec un zoom sur les places du centre-bourg. Mobilités, patrimoine, habitat, aménagement paysager… sont au cœur de ce projet de revitalisation. Nous avons d’ailleurs fait circuler en fin d’année un questionnaire "Crécy-en-Ponthieu, soyons audacieux" sur le réaménagement des espaces publics. Nous avons reçu 120 retours ce qui est un très bon résultat, les réponses sont en cours d’analyse.

Quels sont vos autres projets ?

Nos salles des fêtes sont fêtes sont très demandées, notamment par la vingtaine d'associations de la commune. Celle de Crécy a été refaite en 2022, une pompe à chaleur gaz et des panneaux photovoltaïques y ont notamment été installés. Celle de Marcheville sera rénovée cette année. Nous espérons également agrandir l’hôtel de ville dans les prochaines semaines, la salle des mariages et du conseil municipal se trouve à l’étage : une salle et des bureaux dans la cour derrière la mairie va être construite afin qu’ils soient accessibles aux personnes à mobilité réduite. Nous avons déjà commencé à remplacer l’éclairage public par du led et à enfouir les réseaux, cela coûte cher, mais avec les tempêtes plus nombreuses c’est important de le faire.

Vous venez d’inaugurer votre centre historique qui commémore la bataille de Crécy, qui s’est déroulée contre les Anglais fin aout 1346…

Notre département a été durement touché par les guerres, il est essentiel de ne pas oublier cet épisode tragique de la Guerre de Cent ans. Nous avons eu une belle opportunité de recevoir un ancien garage en legs, situé sur une route passante, environ 3 000 véhicules l’empruntent chaque jour. Nous en sommes désormais nu-propriétaires. Le centre historique Crécy la bataille a été aménagé dedans, il est ouvert depuis deux ans. Après la pandémie, la fréquentation, qui est conforme à nos prévisions, repart bien, de nombreux Parisiens le visitent, le seul souci, c’est le manque de touristes anglais avec la crise et le Brexit. Nous ambitionnons d’accueillir 10 000 personnes par an, comme il est déjà à l’étroit, il va nous falloir trouver des solutions pour l’agrandir. Nous avons aménagé une liaison douce entre le centre d’interprétation et la tour belvédère en bois Édouard III sur le site de la bataille de trois hectares, dont nous sommes propriétaires. Une table pédagogique y sera installée, le site dospose déjà d'une sculpture et de cinq soleils autour de la tour.