Perte d’emploi : Une menace qui guette les dirigeants d’entreprise
Même s’il descend sous de la barre fatidique des 50 000 pertes d’emploi (en baisse de 3,6 %), le nombre de dirigeants qui se trouvent «en situation de chômage» demeure encore très élevé en 2019, selon l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs.
Dans sa quatrième édition, l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs, dresse encore un bilan morose pour l’exercice 2019. L’étude, réalisée conjointement par l’association GSC (assurance chômage pour les indépendants) et la société Altares, spécialisée dans l’information sur les entreprises, est basée sur les données issues de l’étude des entreprises en liquidation judiciaire prononcée par les tribunaux de commerce ou de grande instance. Précisément, 48 358 entrepreneurs ont en effet perdu leur emploi, l’an dernier. Cette situation s’explique notamment par un manque d’informations. Ainsi, et selon Anthony Streicher, président de GSC, il est primordial d’informer les futurs entrepreneurs sur les risques et les pièges liés à leur activité professionnelle.
Les TPE fébriles
La taille de l’entreprise et son chiffre d’affaires impactent directement ses chances de survie. Dans ce sens, 88,8 % des dirigeants ayant perdu leur emploi géraient une TPE de moins de six salariés, et 90 % étaient à la tête d’entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur à un million d’euros. Au niveau de la forme juridique, même si les sociétés à responsabilité limitée (SARL) constituent encore la catégorie la plus touchée avec 24 500 pertes d’emploi des gérants (54,2%), elles affichent tout de même une baisse conséquente de 12,2 % par rapport à 2018. Les sociétés par actions simplifiées semblent quant à elles rencontrer de plus en plus de difficultés avec 13 312 pertes d’emploi de leurs dirigeants (29,5 %), soit une hausse de 11,3 % sur une année. Pour leur part, les artisans et commerçants enregistrent une chute de 14,3 % et se classent en troisième position avec 5 701 pertes d’emploi (12,6 %), révèle l’Observatoire.
Les secteurs et métiers à risque
Avec respectivement 24,9 % et 23,3 %, les secteurs de la construction et du commerce sont ceux qui représentent le plus de risques pour les entrepreneurs. Ils sont suivis par l’hébergement, restauration, débits de boisson, à 14,2 %, et les services aux entreprises, à 12,7 %. Toutefois, la situation de l’ensemble de ces secteurs s’est améliorée en 2019 avec un recul variant entre 6,1 % et 8,3 %. L’évolution favorable la plus significative reste celle de l’industrie, où le nombre de dirigeants du secteur ayant perdu leur emploi a baissé de 10,4 %, par rapport à 2018. A contrario, le nombre de femmes et hommes chefs d’entreprise qui ont perdu leur emploi et qui travaillent dans les activités d’assurance et financières ou du transport et de la logistique a augmenté, respectivement de 4,6 % et 1,7 %. Les deux secteurs continuent cependant de faire figure de bon élève puisqu’ils ne représentent que 0,7 % et 4,4 % de l’ensemble des pertes d’emploi. Côté métiers, même si les plus fortes hausses ont été enregistrées par les ambulances (+20,4 %), les activités spécialisées de design (+18,8 %) et les taxis (+12,9 %), en nombre, les professions les plus touchées sont celles de la restauration traditionnelle et de la maçonnerie générale, avec, respectivement, 2 811 et 2 655 emplois perdus.
Un impact général
Toutes les catégories d’âge semblent impactées. Plus des trois quarts des entrepreneurs en situation de «chômage» sont toutefois âgés de 31 ans à 60 ans, l’âge médian se situant à 46 ans. Par ailleurs, l’ensemble des territoires profite du recul du nombre de chefs d’entreprise en perte d’emploi. Dans ce sens, l’Île-de-France, région qui, en 2019, comptait le plus d’entrepreneurs se retrouvant sans activité (23,6 %), fait partie de celles qui ont enregistré les plus fortes baisses durant la même période (-7,8 %). Si l’entrepreneuriat poursuit sa bonne dynamique en 2019, les défaillances continuent tout de même à menacer les petites structures. Dans ce sens, Charles Battista, directeur chez Altares, insiste sur la nécessité de prévenir les chefs d’entreprise sur le risque de perte d’emploi, pour anticiper l’échec et ainsi favoriser la réussite de tout nouveau projet entrepreneurial ou salarial.