Au coeur des Territoires

Pays Barrois : l’union fait la force face au défi de la mobilité

Confronté à la problématique de la mobilité en milieu rural, le Pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) du Pays Barrois s’est rapproché du PETR Cœur de Lorraine et du PETR Pays de Verdun pour apporter des solutions partagées et cohérentes à sa population. Covoiturage, autostop, déploiement des points de rencontre ; tout est mis en œuvre sous le nom du réseau labellisé Roul’en Meuse.

© Alexandra Marquet - Elise Branger, cheffe de projets mobilités et Benoît Hacquin, le président du Pays Barrois
© Alexandra Marquet - Elise Branger, cheffe de projets mobilités et Benoît Hacquin, le président du Pays Barrois

Le plan climat incluant un bilan carbone réalisé en 2010 marque le point de départ de l’aventure du Pays Barrois dans sa quête de la mobilité durable. L’évaluation avait permis de révéler l’importance du poids des transports sur les émissions de gaz à effet de serre Face à ce constat, une première solution de covoiturage avait été mise en place. Pionnière à l’époque, elle n’avait toutefois pas rencontré de succès. Un schéma de mobilité avait ensuite vu le jour assorti d’un plan d’actions élaboré en 2018. Il aura fallu attendre la promulgation de la loi d’orientation des mobilités imposant aux intercommunalités de se prononcer sur la compétence Mobilité puis en 2000 un appel à projets FEADER pour qu’un budget soit enfin à disposition autour d’une ingénierie mutualisée et que tout s’accélère. «La mobilité est un enjeu majeur dans nos territoires ruraux pour les personnes qui rencontrent des difficultés pour se déplacer, que ce soient les jeunes en apprentissage, des salariés qui doivent se rendre sur leur lieu de travail», confie Benoît Hacquin, le président du PETR du Pays Barrois précisant que les deux autres PETR meusiens avaient les mêmes constats mais également les mêmes difficultés. Dans un département comme la Meuse, la clef de la réussite passe par «la mutualisation.» À l’heure où l’État coupe les robinets budgétaires, les trois établissements publics ont opté pour un travail partenarial avec le recrutement d’une cheffe de projets en 2021. Dès 2022, le réseau Roul’en Meuse était lancé avec la volonté d’apporter des solutions de mobilité en partenariat avec le département en charge de la compétence solidarité pour les publics les plus éloignés de l’emploi. «Nous sommes conscients qu’une seule solution ne sera pas suffisante, en revanche un panel d’actions peut conduire à des améliorations notables», analyse Élise Branget, la cheffe de projets mobilité investie dans les trois PETR qui ne représentent pas moins de 440 communes (sur les 499 que compte la Meuse).

Covoiturage et autostop : des alternatives

Toutes les solutions sont désormais recensées dans un catalogue qui n’est pas destiné au grand public mais qui est géré par quatre conseillères en mobilité joignables en composant un numéro unique (03.29.75.32.30). La plateforme téléphonique Roul’en Meuse vise à trouver des réponses sur mesure à chaque sollicitation. Depuis mars 2023, un site de covoiturage en partenariat avec Karos est également à disposition des Meusiens. Cette application nationale rencontre un vrai succès avec la création d’une communauté meusienne qui bénéficie d’avantages locaux tarifaires et de garantie-retour. Moins de deux ans après son démarrage, l’application compte plus de 2 200 membres pour près de 17 000 trajets réalisés. Au total, 23 tonnes de CO2 ont été évitées pour un gain de 74 500 euros de pouvoir d’achat. Actuellement, trente-cinq employeurs (privés, publics et associatifs) sont partenaires de l’offre de covoiturage représentant 9 140 salariés qui ont bénéficié de la gratuité du service pendant six mois. Un chiffre encourageant, mais encore largement insuffisant.

Impulser le changement

Reste à mieux faire connaître l’application. Pour y parvenir, Élise Branget prend son bâton de pèlerin pour porter la bonne parole dans les entreprises. Si les employeurs sont pleinement conscients des problèmes de mobilité rencontrés en Meuse qui constituent un frein au recrutement, ils ne sont pas forcément engagés à faire bouger les lignes vers ces solutions alternatives. «Nous avons encore besoin d’acculturation pour que les atouts du covoiturage, notamment les questions de pouvoir d’achat soient davantage évoquées en entreprise», estime la cheffe de projets. Si le covoiturage n’est accessible qu’aux personnes de plus de 18 ans, une nouvelle offre (ouverte dès 16 ans) est opérationnelle depuis le 1er décembre avec la création du réseau d’autostop organisé et garanti. Pour limiter les risques, le système s’appuie sur une mise en relation, un kit de reconnaissance, une carte de membre et un numéro d’identification. Autre initiative et prochaine étape avec la constitution de points de rencontre à l’échelle des trois PETR, sur le modèle des gros pôles multimodaux. Un travail est actuellement mené avec les intercommunalités et les communes pour les identifier et les matérialiser. L’objectif est d’en avoir à terme 300.

Les outils étant désormais accessibles à la population, le président du Pays Barrois mesure le chemin à parcourir pour une «meilleure connaissance» de ces nouveaux dispositifs de déplacement alternatifs à la voiture individuelle. L’enjeu est que les habitants s’en emparent, les testent et surtout les adoptent.

La Voie verte

Le Pays Barrois est engagé dans un projet complémentaire autour de la création d’une Voie verte (la V52). L’enjeu est de développer de la mobilité douce pour les usages quotidiens mais aussi de miser sur le renforcement d’une offre touristique en lien avec l’office de tourisme Sud Meuse. Dans ce même élan, un partenariat a été initié entre le Pays Barrois le PETR Cœur de Lorraine et l’Université de Franche Comté pour évaluer la mise en place d’un réseau de points Nœuds. En 2024, un travail s’est initié pour proposer un premier maillage avec en ligne de mire les vélotouristes belges et hollandais. Seule ombre au tableau : le financement à l’heure où l’incertitude plane au-dessus de la tête des collectivités, aucun budget ni même calendrier n’ont été annoncés.