Patrice de Plunkett ou la vision d’un monde plus juste

Il a été l’un des fondateurs puis le rédacteur en chef du Figaro Magazine, convaincu des bienfaits du libéralisme. Puis, Patrice de Plunkett va opérer une double reconversion peu banale… Son parcours atypique et révolutionnaire (au sens premier du terme), cet esprit brillant et humble l’a présenté, dans les locaux de la communauté d’Emmaüs de Saint-Omer, à ceux qui croient le temps venu d’une autre économie.

Patrice de Plunkett a reçu de ses hôtes un cageot de produits locaux.
Patrice de Plunkett a reçu de ses hôtes un cageot de produits locaux.

Une foi qui renverse les montagnes. A la faveur d’une retraite à Paray-le-Monial, il retrouve une foi chrétienne enfouie dans le tourbillon des jours et de la gloire journalistique (n’a-t-il pas interviewé les grands de ce monde, Gorbatchev, Thatcher… ?). Cette renaissance spirituelle s’accompagne d’une remise en cause totale du «modèle» économique qui règne sur notre planète depuis 40 ans avec l’omniprésence et l’omnipotence de la mondialisation.

Sa compréhension du monde en est retournée : les écrits sociaux de l’Eglise avec l’amour préférentiel des pauvres et l’exigence impérieuse du bien commun, à commencer par le respect de la création, bouleversent toutes ses certitudes antérieures. Désormais il est le référent économiste des radios et de la presse chrétiennes (Osservatore Romano, Radio Notre Dame…), et un proche de François, le nouveau pape.

Le constat d’un monde injuste et destructeur. Libéralisme économique et libéralisme moral sont intimement liés selon lui. Il cite Bossuet : «Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes.» Un exemple ? La destruction de la forêt amazonienne. Pour les tenants de cette hypocrisie, la nature et l’homme sont de simples marchandises dont on tire le profit maximum. Cette quête effrénée de bénéfices altère tous les domaines : le sexe, la spiritualité, le cerveau, les organes corporels, les embryons, les semences, les terres, l’eau… Un inventaire à la Prévert. Cette perversion, selon le conférencier, doit dessiller les yeux de ceux qui ont cru aux vertus démocratiques du libéralisme − «le marché est le meilleur antidote aux dictatures» − et qui découvrent une machine infernale sans frein, sans limite. Autre exemple ? Peter Brabeck, président de Nestlé, préconise la privatisation de l’eau qui deviendrait une marchandise comme les céréales !
 
Ses craintes et ses espoirs. Il évoque les OGM, les gaz de schiste, les mafias, les esclavagistes et les trafics d’êtres vivants, des migrants… Son discours n’est pas seulement idéologique, il a l’avantage de connaître les ressorts de l’économie (on ne combat bien que ce que l’on connaît bien). Il attend avec impatience la prochaine encyclique du pape François qui liera les questions économiques aux problématiques sociales et écologiques. Il craint d’ailleurs pour la vie du Saint-Père qui dérange certaines sphères bancaires (paradis fiscaux, mafias…).

Il prône une résistance de la base, une politique personnelle et associative de reconquête, une révolution concrète de nos modes de vie et de production. L’essor des structures coopératives, des réseaux d’échange non marchand, des lieux de mixité sociale et confessionnelle lui semblent prometteurs de lendemains qui chantent. Il s’agit de libérer l’homme et les forces de la vie. C’est pourquoi, inlassablement, Patrice de Plunkett parcourt la France, l’Europe, le monde.

ML

Patrice de Plunkett a reçu de ses hôtes un cageot de produits locaux.