Partenariat avec une université israélienne: Sciences Po Strasbourg à nouveau bloqué
Des étudiants de Sciences Po Strasbourg ont repris mercredi leur action de blocage de l'établissement, pour protester contre la décision du Conseil d'administration de leur école de maintenir un partenariat avec une université israélienne, qu'ils accusent de soutenir...

Des étudiants de Sciences Po Strasbourg ont repris mercredi leur action de blocage de l'établissement, pour protester contre la décision du Conseil d'administration de leur école de maintenir un partenariat avec une université israélienne, qu'ils accusent de soutenir la politique du gouvernement israélien à Gaza.
Déjà en vigueur pendant plusieurs semaines au début de l'année puis suspendu en mars dans l'attente des conclusions d'un rapport, le blocage a repris tôt mercredi matin.
Il fait suite à la décision, approuvée mardi soir par le conseil d'administration de l'Institut d'études politiques (IEP), de maintenir le partenariat avec la Lauder School of Government de l'Université Reichman en Israël, malgré les conclusions contraires de ce rapport.
En milieu de journée, une centaine d'étudiants ont pris part à une assemblée générale sur les pelouses faisant face à l'entrée de l'IEP. A l'unanimité - moins quelques abstentions -, les participants ont approuvé la poursuite de leur mouvement pour au moins 24 heures, a constaté un journaliste de l'AFP.
Sur des barrières de chantier installées près de l'entrée, ils ont affiché un drapeau palestinien et des pancartes proclamant "Non au partenariat Reichman", ou "Décolonisons nos universités".
Le collectif "Palestine Sciences Po Strasbourg", qui mène la fronde, est largement soutenu par les étudiants, a affirmé à l'AFP l'un de ses porte-parole, Simon Levan, par ailleurs représentant étudiant au conseil d'administration de l'IEP. En mars, a-t-il précisé, quelque 78% des élèves ont ainsi voté pour les candidats soutenus par le collectif lors de la constitution du comité chargé d'élaborer le rapport d'évaluation du partenariat controversé.
Pour la présidente de l'Université de Strasbourg, cependant, "les cours peuvent et doivent reprendre". La décision de maintenir le partenariat "est prise" et "il me semble, a été la plus démocratique possible", a souligné lors d'une conférence de presse Frédérique Berrod, qui a appelé à la "levée du blocage".
Revendications politiques
Certains revendications des étudiants sont "politiques", a-t-elle poursuivi, or une "université ne peut pas rompre un partenariat pour des raisons politiques. Ce n'est pas le rôle de l'université", a souligné Mme Berrod.
Mardi soir, le Conseil d'administration avait approuvé le maintien du partenariat par 16 voix pour, 14 contre et trois abstentions.
Il a ainsi décidé de ne pas suivre les conclusions d'un comité de 10 membres (cinq étudiants et cinq enseignants) mis en place en mars pour tenter de "dépassionner le débat", dégager une solution consensuelle et ainsi mettre fin aux blocages.
Ce comité a préconisé de mettre un terme aux échanges d'étudiants entre l'IEP Strasbourg et la Lauder School of Government, et de rechercher un "partenariat alternatif" avec une autre université israélienne.
Parmi les arguments invoqués, le comité a jugé "problématique" l'enseignement du droit international à l'Université Reichman - un institut privé dont les cours sont centrés sur le contre-terrorisme, les conflits israélo-arabes et le "droit des conflits".
L'"interprétation des obligations internationales en matière de torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants" y "diffère considérablement, voire s'oppose, à ce qui est enseigné au sein de Sciences Po Strasbourg", ont notamment estimé les membres du comité.
Ils ont également dénoncé, entre autres, de "très nombreuses remises en question", par certains professeurs de la Lauder School of Government, du droit international, de la Cour pénale internationale et des Nations unies.
Avant le vote de mardi soir, le ministre de l'Enseignement supérieur Philippe Baptiste avait pris position dans ce débat, en annonçant que le gouvernement saisirait le tribunal administratif au cas où le partenariat serait suspendu "pour des raisons militantes".
"Le blocage n'est pas la seule manière d'action", a estimé Mme Berrod, évoquant "une autre voie plus constructive".
Elle a proposé de "réfléchir avec des partenaires européens à la possibilité de proposer une offre de formation à destination des étudiantes et étudiants qui n'ont plus d'université à Gaza".
En attendant, du fait du blocage à Strasbourg, "l'ensemble du personnel est en télétravail" et des cours en ligne doivent être proposés aux étudiants, selon la présidente.
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