En pleine crise sanitaire, le gouvernement fait face dans l’urgence. Les dispositifs se multiplient pour soutenir l’économie et les entreprises. Afin d’accompagner les professionnels dans cette période trouble, les professionnels du Chiffre se mobilisent. Explication avec la présidente de l’Ordre régional des Experts-Comptables, Valérie Creusot-Rivière.
La Gazette Moselle : Quel sentiment vous anime à l’instant T ?
Valérie Creusot-Rivière : J’ai l’impression que ce que nous vivons est irréel. Quand on regarde par la fenêtre, c’est le printemps, la lumière revient, et d’un autre côté, nous travaillons tous de la maison pour cause de confinement pour lutter contre une pandémie mondiale… Nous devons faire face à une activité plus qu’intense en répondant aux inquiétudes des entreprises, en traitant les ordonnances qui tombent sans cesse (encore 25 hier), en multipliant les contacts avec l’ensemble des acteurs économiques. Répondre aux ordres puis au contre-ordre du gouvernement… C’est surréaliste.
Quand le Président Macron a appelé au confinement, comment avez-vous réagi ?
Au sein du Cabinet, nous avons placé nos 200 collaborateurs en télétravail en moins de deux jours. Une grande solidarité s’est mise en place pour garantir notre réactivité et surtout être en mesure de répondre au plus vite aux entreprises. Nous avons mis momentanément de côté les bilans pour parer à l’urgence. Nous travaillons depuis plusieurs années sur la dématérialisation de nos activités, cela prend tout son sens aujourd’hui, même si, ce n’est pas encore le cas pour tout le monde. En ce qui concerne l’Ordre des Experts-comptables, nous avons recueilli l’ensemble des remontées de nos confrères. Tous les jours, nous sommes en relation avec la Dirrecte pour aider nos clients à mettre en place les activités partielles, mais aussi avec l’Administration, les banques, la Région.
Pensez-vous que le gouvernement met en place les mesures nécessaires pour faire face à cette crise ?
Le gouvernement a dû agir dans l’urgence. Au démarrage, il y a eu un grand cafouillage. D’un côté, le Président qui appelle au confinement, les entreprises comprennent alors qu’elles doivent arrêter immédiatement leurs activités et de l’autre, le ministre du travail, qui, une semaine plus tard, jette le trouble sur les droits à l’indemnisation du chômage partiel… Comme dirait notre président national de l’Ordre : Ordre + contre-ordre = désordre. Aujourd’hui les choses semblent se poser et les mesures s’éclaircir. La mise en place des PGE est très bien, il faudra juste qu’il y ait des contrôles pour que certains ne prennent pas cela pour une aubaine…
Comment voyez vous l’avenir économique de la région ?
Je n’ai pas de boule de cristal mais je suis d’un naturel optimiste. Les paies de mars vont passer, par contre, dès fin avril, les choses vont se compliquer car les entreprises, déjà en difficulté financière avant la crise sanitaire, ne bénéficieront pas des aides donc il y aura de la « casse » immédiate visible dès le mois de mai. Et la rentrée va également être particulièrement difficile… Cette crise va peut-être changer les choses… nous irons peut-être vers une nouvelle prise de conscience sur nos modes de fonctionnement.
Pour vous, il y aura un avant et un après « Covid19 » ?
Je le crois, j’espère… Les gens prennent conscience aujourd’hui que cela peut se reproduire. Il faut envisager les relations commerciales autrement, les entreprises devront changer leur façon de faire. J’ai envie de penser que les choses vont évoluer.
Pour l’Ordre des Experts-comptables, quels sont les défis des prochains jours ?
Nous allons poursuivre note communication auprès des 430 experts-comptables de Lorraine et leurs 4000 collaborateurs pour leur redescendre les informations collectées sur les différents dispositifs. Nous allons travailler avec les banques pour les PGE. Les experts-comptables sont les maillons de la chaîne de soutien aux entreprises, sur lesquels elles peuvent s’appuyer. Une sorte de hub… Nous sommes tous mobilisés et redoublons d’efforts pour les accompagner dans cette période troublée.