"On croule sous le travail": journée de grève à la Société Générale
"Slawomir, ne pense pas qu'à ta tirelire": au siège de la Défense comme dans plusieurs villes de France, la banque Société Générale fait face à un mouvement de grève mardi à l'appel des syndicats, pour la première fois depuis...

"Slawomir, ne pense pas qu'à ta tirelire": au siège de la Défense comme dans plusieurs villes de France, la banque Société Générale fait face à un mouvement de grève mardi à l'appel des syndicats, pour la première fois depuis l'arrivée de son patron Slawomir Krupa en 2023.
Mécontents des négociations sur les salaires, l'ensemble des syndicats du groupe ont appelé à la grève, chose rare dans le secteur bancaire.
Une cinquantaine de salariés étaient réunis dans la matinée devant le siège de Société Générale à La Défense, près de Paris.
"Slawomir, ne pense pas qu'à ta tirelire": les manifestants ont placardé autour de l'entrée du bâtiment des affiches visant le directeur général de la banque.
L'intersyndicale a lancé ce mouvement après l'échec des négociations annuelles obligatoires (NAO) fin 2024, qui a été "la goutte d'eau", explique à l'AFP Jean-Benoît Robitaillie, de la CFTC, mobilisé devant le siège.
Enveloppe" de la direction
Le syndicaliste dénonce "un dialogue social au point mort". "Alors que c'est la troisième année consécutive de suppressions d'emplois et que le groupe fait 4,2 milliards de bénéfices (bénéfice net pour l'année 2024, NDLR), ça ne passe pas du tout".
À Lille, 60 personnes environ ont manifesté devant le siège régional, brandissant des pancartes "Krupa ça va pas, on traite pas les salariés comme ça" ou "SG en colère, y en a marre de la galère".
Benoit Szatkowski, élu CFDT, dénonce "des économies à tous les étages sur le dos des salariés". Pour Olivier Riccelli, salarié syndiqué CGT, "quand les banquiers commencent à descendre dans la rue, il faut peut-être y voir un message de ras-le-bol".
Les syndicats (CFDT, CFTC, CGT et SNB CFE-CGC) dénoncent la politique de rémunération du groupe, pas à la "hauteur des efforts engagés", et les "freins à la mobilité", ainsi que des "conditions de travail toujours détériorées" au fil des "plans de restructuration successifs".
La direction se dit elle attachée au dialogue avec ses partenaires sociaux. Malgré l'absence d'accord sur les NAO, elle "compte attribuer en 2025 une enveloppe représentant environ 3% de la masse salariale (...) au travers de différentes mesures collectives et individuelles", plus que le "niveau de l'inflation prévu" cette année.
Cela représenterait "près de 353 millions d'euros", précise l'entreprise.
Une pression terrible
Mais, outre les revendications salariales, "de nombreux salariés ne reconnaissent plus le groupe dans lequel ils ont travaillé" et "attendent d'être entendus, reconnus et associés aux transformations en cours", explique Jean-Benoît Robitaillie.
"Moi, ce que j'adore dans mon métier, c'est pouvoir accompagner les clients (...) Et aujourd'hui, on n'a plus du tout cette notion-là parce qu'on nous demande de travailler à la chaîne", regrette auprès de l'AFP une employée d'agence sous couvert d'anonymat, présent à la manifestation lilloise.
"Comment on fait pour satisfaire les clients quand on croule sous le travail ?", confirme une salariée devant le siège parisien souhaitant rester anonyme. "Ça entraîne une pression terrible et un mal-être pour les employés".
"La crainte dans l'avenir et la difficulté à se projeter gagne toutes les strates de l'entreprise, même au siège, et plus seulement dans les agences qui sont en première ligne", explique à l'AFP Jean-Marc, salarié depuis 20 ans qui ne souhaite pas donner son nom, également présent à La Défense.
La fusion en 2023 des deux réseaux historiques, Société Générale et Crédit du Nord, s'accompagne de 3.700 suppressions de postes en agences, toujours en cours, et d'environ 950 suppressions dans les fonctions centrales.
"Ça a été très compliqué, notamment dans notre région, puisqu'on avait beaucoup de salariés Crédit du Nord à former", souligne Ludivine Perreaut, déléguée CGT, dans la manifestation lilloise.
Depuis son arrivée à la tête de la banque en mai 2023, Slawomir Krupa mène plusieurs chantiers de transformation, avec la vente des filiales jugées moins rentables et une chasse aux coûts à tous les étages, dont l'impact est particulièrement fort sur l'emploi.
Il a indiqué le 11 mars au quotidien britannique The Financial Times que "rien n'était sacré" dans son travail pour réduire les coûts.
Le groupe emploie environ 119.000 personnes dans le monde, dont 56.000 en France.
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