On a tous besoin de se sentir utile
Dans notre article «Commencer par être humain, tout simplement…», nous avions commencé à poser les bases du plan d’actions qu’un dirigeant peut engager s’il souhaite (re)monter globalement le niveau de motivation des membres de son équipe.
Nous en arrivons à la dernière étape, qui correspond à l’étage le plus élevé de la pyramide de Maslow, le niveau de l’épanouissement, du développement (dépassement, réalisation) de soi. Mais gardez en mémoire que Frédérik Herzberg (cf notre article «Une petite prime de temps en temps et c’est reparti !») associe également à ce niveau les opportunités proposées à la personne d’évoluer, de progresser dans son métier et-ou sa carrière : formations, découverte de nouveaux outils, de nouvelles machines, management d’équipes plus importantes, etc. Alors, le sujet est vaste et justifierait à lui seul plusieurs articles. Aussi vais-je me cantonner à deux notions qui n’ont plus à démontrer leur efficacité en entreprise. Vos collaborateurs ont besoin de savoir où vous les emmenez dans les prochaines années. C’est-à-dire qu’ils ont besoin que vous leur communiquiez et que vous leur expliquiez votre stratégie. Pour acheter la paix sociale ? NON ! Pour que vous obteniez le prix du meilleur manager de l’année ? NON PLUS !
Management par objectifs intelligents
Tout simplement pour que chacun d’eux puisse s’identifier et identifier l’impact de son travail sur le devenir de l’entreprise. Alors certains me diront : «Mais comment faire le lien entre une stratégie à 5 ans et le travail d’un opérateur de production au quotidien ?» Eh bien, c’est là qu’intervient le management par objectifs intelligents. Prenons l’exemple de Lucien, conducteur d’une étuyeuse (machine qui met des brosses à dent dans leur étui). Lucien vient de sortir d’une grande réunion au cours de laquelle le grand patron a expliqué la nouvelle stratégie, et notamment qu’ils allaient se diversifier à l’export anglo-saxon (pour le moment, l’entreprise n’intervient que sur le marché français). Lucien est bien content d’avoir été informé mais il ne voit pas trop ce que cela va changer pour lui. Mais dans le même temps, le boss rencontre Marcel, le responsable de production, et lui dit : «Marcel, je suis conscient que cette nouvelle stratégie va dégrader notre productivité puisque maintenant, il va vous falloir arrêter les lignes de production pour passer d’une production française à une production anglaise. Votre objectif est que cette baisse de productivité ne dépasse pas les 2% ». En réunion de production, qu’estce que Marcel va dire à son équipe ? «Les gars, cette année, notre objectif est de maintenir la productivité à 98% de celle de l’année dernière.» NON, car ces chiffres n’ont aucun sens pour Lucien et ses collègues. Par contre, si Marcel a calculé que pour tenir cet objectif, le temps de réglage machine ne devra pas excéder 4 minutes, il peut réunir les plus anciens de ses opérateurs, dont Lucien, et leur demander, après leur avoir expliqué les raisons de cette question : «Que devons- nous faire dans l’atelier et sur les machines, pour que les changements de production ne dépassent pas 4 minutes ?»
Question de sens
En laissant Lucien et ses potes faire des essais, réorganiser certaines choses dans l’atelier, etc., il va leur permettre de nourrir leur 5ème niveau de besoin. Cet objectif qui leur a été assigné a du sens pour eux, du fait qu’ils comprennent qu’il émane de la stratégie que le grand boss leur a présentée. Le secret, c’est donc de demander à chacun de vos collaborateurs qu’il vous propose des objectifs pour lui-même qui fassent sens avec la stratégie. Ainsi, il comprendra l’utilité de son travail. Il pourra aussi évaluer l’utilité de son travail pour la communauté de son entreprise et il en tirera de la fierté. Mais pour que tout cela puisse fonctionner, il faut qu’il connaisse la stratégie de l’entreprise, et pour cela, il faut qu’une telle stratégie existe. Bande de veinards ! Pour ceux qui ne savent pas trop comment élaborer leur stratégie, les prochains articles lui seront consacrés. Mais il faut un second ingrédient : le droit à l’erreur. Car si celui-ci n’existe pas dans votre entreprise, il y a peu de chances pour que Lucien tente des trucs pour atteindre son objectif. Mais de cela, il sera question dans notre prochain article. D’ici là, prenez bien soin de vous … et de votre équipe.