Olivier Torrès tire le bilan de santé des patrons de PME

«Je me qualifie comme étant un PMisme», assure Olivier Torrès, le fondateur de l’observatoire Amarok sur le santé des dirigeants de PME
«Je me qualifie comme étant un PMisme», assure Olivier Torrès, le fondateur de l’observatoire Amarok sur le santé des dirigeants de PME

Fondateur d’Amarok, premier observatoire sur la santé des travailleurs non-salariés, l’enseignant-chercheur à l’Université de Montpellier, Olivier Torrès a fait le plein à l’occasion de la Soirée Prestige de la CPME de Meurthe-et-Moselle le 26 septembre dans l’amphithéâtre de Mines Nancy sur le campus Artem. Au programme : «Entreprendre est-il bon pour la santé ?» Pas si sûr…

Faits divers : un artisan se suicide après un dépôt de bilan ! C’est un bout de journal du Midi Libre, jauni par le temps de plus d’une décennie, qu’Olivier Torrès garde précieusement dans son portefeuille et le sort pour faire comprendre comment il s’est décidé à s’intéresser à la santé des chefs d’entreprise et principalement des artisans, patrons de TPE et de PME. «Un suicide de salariés est traité dans les journaux comme un fait de société alors que celui d’un patron est trop souvent considéré comme un simple fait divers», explique l’universitaire, chercheur et enseignant à l’Université de Montpellier. Cette prise de conscience établie, l’universitaire se penche réellement sur la santé des dirigeants de TPE et de PME. «Les PME sont souvent délaissées par les sciences sociales, humaines et médicales pourtant elles représentent plus de 90 % des entreprises françaises, deux emplois sur trois et plus de 60 % du PIB», explique celui qui s’affiche comme un «PMisme» (défenseur du monde de la PME) à l’occasion de son intervention le 26 septembre dernier à la Soirée Prestige de la CPME de Meurthe-et-Moselle sur le campus Artem à Nancy sur le thème générique : «Entreprendre est-il bon pour la santé ?» D’après une récente étude de la fondation MMA, «huit dirigeants sur dix déclarent être en bonne forme physique et neuf sur dix en bonne santé mentale.»

Stress choisi et subi

Jusque-là tout semble bien aller au niveau du check-up version Entrepreneurs. «70 % assurent être stressés au quotidien et ils sont 6 % à déclarer des journées extrêmement stressantes.» Reste que pour certains, le stress peut être positif ! Olivier Torrès balaie cette idée. «Il n’y a pas de bon stress ! Le stress dit choisi est souvent considéré comme une bonne chose car il apporte une satisfaction dans le travail mais dans le court terme. Sur le long terme, le stress choisi et surtout subi est mauvais.» De quoi faire tomber quelques idées préconçues. Les risques presque récurrents pour les patrons de PME et parfois même leurs managers proches se matérialisent également par cette notion de surcharge de travail, de connexion permanente «qui entraîne une charge mentale qui devient trop forte et qui peut aller jusqu’au point de non-retour. Il n’en demeure pas moins que l’épuisement professionnel n’est pas une fatalité pour peu que l’on sache s’en préoccuper.» Histoire de tenter d’y remédier, Olivier Torrès, au sein de son association Amarok, a créé une Cellule de coordination et d’accompagnement (CCA). «C’est une plateforme d’écoute à distance avec un réseau de psychologues cliniciens pour les dirigeants qui se sentent en détresse avec un respect total de l’anonymat.» D’après l’universitaire, cette plateforme devrait permettre à Amarok d’être reconnue d’utilité publique. «Il serait peut-être temps de prendre en compte la santé des dirigeants de PME et TPE, non ?» La réponse tombe sous le sens.

Le malaise des experts-comptables ?

L’intelligence artificielle, la révolution digitale font stresser les experts-comptables franciliens (et sans doute les autres) et leurs collaborateurs ! C’est du moins ce qu’affirme Olivier Torrès, le fondateur de l’Observatoire Amarok spécialisée dans la santé physique et mentale des travailleurs non-salariés. Il vient de réaliser une étude sur la santé des experts-comptables d’Île-de-France. Les résultats n’ont pas encore été divulgués mais à l’occasion de la Soirée Prestige de la CPME de Meurthe-et-Moselle le 26 septembre dernier à Nancy, il a fait part, en aparté quelques minutes avant le début de sa conférence, de cet état de fait «qui m’a plus que surpris», assure l’universitaire.