Désert médical

Offre de santé : l’attractivité des territoires en jeu

À quelques jours de l’inauguration officielle de la maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) installée au cœur du quartier prioritaire de la Côte Sainte-Catherine, à Bar-le-Duc, la question de l’offre de santé reste une des préoccupations quotidiennes des habitants. En charge de la compétence santé, l’agglomération Meuse Grand Sud discute actuellement avec le groupe SOS sur un autre dossier pour une implantation au centre-ville.

© Ville de Bar-le-Duc
© Ville de Bar-le-Duc

Avec une densité de médecins généralistes en diminution et une consommation de soins en augmentation pour une population vieillissante : l’équation est-elle tout simplement impossible à résoudre ? À l’heure où une grande partie du territoire français est concernée par les déserts médicaux, les départements ruraux doivent déjouer les idées reçues et offrir des conditions optimales pour attirer des nouveaux professionnels. Dans ce cadre, l’agglomération Meuse Grand Sud, en charge de la compétence depuis dix ans mise sur une «politique globale pour faire connaître notre territoire avec des actions de marketing deux fois par an en proposant un accueil spécifique aux internes avec l’objectif de leur donner envie de rester», confie la présidente de l’agglomération, Martine Joly, ajoutant que la collectivité a fait le choix d’investir dans des maisons de santé pluriprofessionnelle. Après Ligny-en-Barrois opérationnelle depuis trois ans, c’est au tour de la ville préfecture de la Meuse de se doter, sur son territoire, d’un nouvel équipement dédié qui a ouvert ses portes au public début avril. Lancés en décembre 2023, les travaux viennent tout juste de se terminer. L’implantation sur le site des anciens logements des instituteurs de l’école Paul Éluard désaffectée s’est vite imposée compte tenu de la présence de trois jeunes praticiens, au cœur du quartier prioritaire de la Côte Sainte-Catherine.

Depuis début avril, les médecins accueillent leur patientèle dans un bâtiment totalement rénové et adapté. «La collectivité a anticipé en mettant à disposition des bureaux supplémentaires disponibles afin de pérenniser l’offre», se réjouit Céline Prins, directrice de la direction territoriale de la Meuse. Et pour cause, six cabinets médicaux ont été aménagés avec la volonté d’accueillir dans de bonnes conditions des vacataires et un interne. Dans le même bâtiment, deux bureaux dédiés aux assistants médicaux ont également été créés. Cette nouvelle fonction à la frontière entre missions administrative et soignante doit permettre de libérer du temps pour le médecin qui se recentre sur son cœur de métier, à savoir le soin. Des infirmières rejoignent également la Maison de santé pluriprofessionnelle. «Au-delà de la demande des médecins de ne plus être isolés, le travail pluriprofessionnel est rendu possible pour discuter des cas complexes. C’est clairement un levier d’attractivité», selon la responsable de l’ARS en Meuse. À l’heure où cet équipement prend enfin vie, l’agglomération planche actuellement sur un autre dossier autour de l’installation d’une seconde maison de santé professionnelle au centre-ville pour répondre aux départs en retraite prochains de plusieurs médecins généralistes.

Penser un plan B au cas où…

Des discussions sont ouvertes depuis déjà plusieurs mois avec le groupe SOS, propriétaire de la polyclinique du Parc qui pourrait porter ce projet dans les locaux vides de l’ancien EHPAD Couchot. Rien n’est encore acté, mais la dernière ligne droite est engagée autour de plusieurs scénarios. La direction du groupe privé devrait faire connaître sa décision avant la fin du mois de juin. Entre onze et quatorze millions d’euros seront nécessaires pour créer un plateau technique avec des médecins généralistes, mais pas seulement. L’enjeu est d’intégrer des spécialistes. Une prochaine réunion sera organisée par l’ARS pour réunir tous les partenaires et identifier les potentiels points bloquants. La question financière se pose forcément. «Si le groupe SOS ne donne pas suite, nous devrons lancer un plan B sur lequel nous travaillons déjà, car le besoin est d’ores et déjà identifié», estime Martine Joly, précisant que sans le partenaire privé, le projet sera «revu à la baisse.» Si les départements ruraux souffrent d’un manque d’attractivité par rapport aux pôles urbains privilégiés par les jeunes médecins, en revanche, en Meuse, se félicite Céline Prins «l’habitude de se mettre autour d’une même table pour faire avancer les dossiers et la qualité relationnelle», peuvent faire la différence.

MSP en Meuse

24 c’est le nombre de maisons de santé pluriprofessionnelles recensées en Meuse. Dont 1 maison de santé pluriprofessionnelle universitaire implantée à Revigny-sur-Ornain qui s’appuie sur un projet de santé et un projet universitaire.

9 c’est le nombre de sites satellites en plus rattachés aux 24 maisons de santé pluriprofessionnelles,
assurant ainsi un maillage territorial de la Meuse.