Objectif : l’élite professionnelle !

Figurer dans les dix meilleurs clubs professionnels de France et poursuivre la croissance des 300 basketteurs de base, voilà les ambitions du BCO en cours de réalisation. L’autre bataille est celle des moyens. Les dirigeants s’y attellent…

Les supporters du BCO impatients d'investir leur "chaudron" dans quelques jours.
Les supporters du BCO impatients d'investir leur "chaudron" dans quelques jours.

D.R.

BCO, trois lettres magiques apparues dans le paysage du basket national en 1923 quand un professeur de sport orchésien, M. Derry, décide de communiquer à sa ville sa passion pour ce sport découvert pendant la Grande Guerre. Aujourd’hui, après bien des vicissitudes – qui n’en connaît pas au cours de 90 ans d’existence ? –, le BCO et son président, Frédéric Rohart, le maire et président de Cœur de Pévèle, Dominique Bailly, et toute l’équipe technique et administrative (60 personnes) entrent dans le combat de la modernité tous azimuts : sportive, administrative, équipementière et financière. Ce qui signifie que le Club des partenaires, entrepreneuriaux notamment, a un bel avenir pour soutenir le BCO et créer des synergies entre l’entreprise et le basket en Pévèle. Frédéric Rohart fait le point sur ces évolutions.

 

La Gazette. A quelques encablures de l‘ouverture de la Pévèle Arena, quel bilan faites-vous du BCO et comment voyez-vous l’avenir immédiat ?

Frédéric Rohart. Il y a le BCO professionnel − la vitrine − et le BCO Club qui regroupe nos 300 joueurs et 60 dirigeants au service de 15 équipes et d’une école de basket. Si tout est lié, les problèmes sont cependant assez différents. Pour les professionnels qui évoluent dans les trois premiers de la Nationale 1 (après à peine  7 matchs joués sur 34 que compte la saison qui s’achèvera en avril 2013), nous jouons contre Monaco à l’Arena le 5 janvier en championnat. Ce sera l’inauguration sportive de ce superbe vaisseau de 5 000 spectateurs, qui pourront aussi assister le 15 janvier à un tour de coupe de France contre Lille. Enfin, nous organiserons en 2013 le tour final de l’Euro féminin : assez logique quand on sait que l’épopée de l’USVO a démarré dans la capitale mondiale de la chicorée. C’est donc par cet équipement, qui ne pourra pas servir qu’au basket, que nous valoriserons le BCO. Mais il faut que l’un, l’équipement, héberge l’autre et au même niveau d’excellence nationale, à savoir l’équipe professionnelle.

 

D.R.

Les supporters du BCO impatients d'investir leur "chaudron" dans quelques jours.

Où en est cette formation coachée par Philippe Namyst ?

Le groupe, composé de dix professionnels tous sous contrat d’un an, s’est enrichi de six basketteurs très expérimentés dans cette Nationale 1. Nous avons fini 3es l’an passé, nous ne visons cette fois que la première place pour éviter des play-off toujours aléatoires. Pour l’instant nous sommes seconds ex aequo à un point du leader, mais il reste 27 journées jusqu’en avril quand on fera nos comptes…L’objectif à court terme est donc l’accession en Pro B et à moyen-long terme, nous ne nous sommes pas fixé de limite : c’est clairement l’élite nationale et un destin européen.

 

Le BCO veut revenir dans le concert des grands mais en a-t-il les moyens en période de crise ?

La crise remonte à mi-2008 et nous n’avons cessé de faire progresser le Club. Mais il est vrai que plus on se rapproche de l’élite nationale et plus les moyens vont devoir croître via l’élargissement de nos partenariats. Cette saison, notre budget est de 1,1 M€ mais nous savons qu’à chaque accession, il s’agira d’autres sommes à constituer, bien plus importantes car, à chaque fois, le recrutement doit progresser d’autant en qualité et nous sommes dans  un univers professionnel qui exige de mettre en place de constantes recherches de ressources de tous ordres. Nous présentons toutefois une intéressante particularité : contrairement à la plupart des clubs pros, nos moyens financiers sont d’origine privée à 70%. Nous avons donc de la marge côté subventions diverses. Mais il est clair que c’est vers l’entreprise et les réseaux d’entrepreneurs, que nous avons déjà mobilisés ces dernières saisons, que nous continuerons notre action de sollicitation et nos offres de partenariats mutuels, car nous comprenons parfaitement que l’entrepreneur attend en retour des synergies, notamment en matière de communication externe. Cependant, nous nous tournons aussi vers les institutionnels. Participent au budget la Ville et l’intercommunalité Cœur de Pévèle grâce à Dominique Bailly et M. Bridault, mais aussi la Région qui a cofinancé et soutenu la Pévèle Arena puisque l’équipement est à vocation a minima grand régionale, voire nationale et donc européenne. Reste le Département. Je suis en contact avec Patrick Kanner, son président, qui a lancé une opération de soutien “Renommée du Nord”, ciblant le Losc et en basket le BCM. Il me semble à tout le moins que, vu son passé, le BCO mérite la troisième place sur ce podium, je vais en parler avec lui.

 

Est-ce important pour Orchies un club professionnel et, pourquoi pas, des coupes d’Europe à la clé ?

Tout va très vite dans la vie. Ce n’est plus spécifiquement d’Orchies qu’il s’agit, mais bien de la Grande-Pévèle en cours de constitution et dont Orchies doit être le centre. D’ailleurs, cette communauté de communes peut nous fournir un bassin de ressources beaucoup plus important qu’avant, vu le nombre impressionnant d’entreprises hébergées dans de très nombreuses zones d’activité. Avec une telle intercommunalité, nous franchissons là aussi un cap puisque les moyens et la communication vont augmenter et dépasser les frontières mêmes de la Pévèle. Le BCO n’a pas eu la chance à ses débuts que son environnement non sportif soit à la hauteur de ses capacités sportives. Aujourd’hui, ça change. Un club pro est une entreprise qui en draine d’autres et crée des flux de toutes sortes. C’est donc l’affaire de tout un territoire.

 

D.R.

Ludovic Rohart, président du BCO.

Le Club lui-même peut-il profiter de cette présence dans l’élite et d’un équipement comme la Pévèle Arena ?

Nous ne remplacerons pas la salle Léo-Lagrange et ses installations par la Pévèle Arena… Cette dernière est conçue pour le spectacle avec un grand “S”. Et si nous y jouerons toutes nos rencontres en professionnel, le reste du Club devrait se serrer  à Léo-Lagrange. Tout le monde sait que nous sommes à l’étroit et que chaque nouvelle licence de jeune − autant de garçons que de filles à Orchies − nous renvoie à ce problème : où loger tout ce monde ? Je discute en ce moment avec le BC Templeuve qui connaît bien la formation des jeunes. Cela pourrait déboucher sur une association entre nous deux. On verra. De plus, quoi qu’il arrive, il y aura un BCO à Orchies c’est-à-dire que l’aventure professionnelle ne prend pas le pas dans nos lointaines préoccupations sur la gestion du Club et ses 15 équipes. Le coach pro travaille assez souvent avec Jean-Sébastien Coulom qui entraîne la réserve, hélas située bien loin de la Nationale 1, et qui est devenu directeur technique du Club. Nous structurons aussi un nouveau centre de Perfectionnement pour les équipes de jeunes. Disons, grosso modo, que les compétences autour de l’équipe professionnelle profitent aux amateurs, qu’il y a progression dans les synergies, bref un lien qui se renforce chaque année. Donc, oui, une équipe professionnelle est une très bonne chose pour l’ensemble d’un Club comme le BCO, puisqu’il y a moult retombées concrètes.

 

Le BCO revient à ses origines !

D.R.

La Pévèle Arena, un "chaudron" de 5 000 places

Quand M. Derry crée une activité basket à Orchies en 1923, Alphonse Leroux (la chicorée) met à sa disposition un terrain et le BCO devient le Stade orchésien en 1931. Le fils d’Alphonse, Robert, préside lui l’Union nomainoise créée en 1947. Il est devenu un précurseur en sponsoring sportif. En 1961, fusion et naissance de l’Union sportive Orchies-Nomain.

Le grand livre du basket à Orchies s’enrichit de sa première grande page en 1976 avec l’arrivée d’un entraîneur légendaire, Marc Silvert, qui venait de quitter l’AS Denain-Voltaire pour Orchies (délaissant Monaco) alors montée en Nationale 3. Il y restera 25 ans… alors qu’il ne pensait coacher qu’une saison. Les filles sont alors en 10e division, tandis que les garçons sont en 1981-1982 en N2 (Pro B aujourd’hui) mais redescendront ensuite. Le club s’oriente alors vers les filles qui ne traînent pas puisqu’elles détiennent le record national de montées successives : neuf en neuf ans ! La N3 en 1981 et ça continue : N2 en 1982 puis quatre saisons pour la N1. Marc Silvert recrute chez les meilleures, les Américaines : Alisha Jones, Jennifer Azzi, Kirsten Cummings, puis la Hollandaise Erma Van de Lagemaat et les Russes Prudnikova et la célébrissime géante (2,20 m) Uliana Semova. Tandis que quelques joueuses du cru portent le maillot bleu en 1988.

Mais Valenciennes proposant des équipements en rapport avec le standing des Orchésiennes, il faut déménager et changer de nom, l’USON devient l’USVO qui dominera l’Europe. Place aujourd’hui à la saga du club orchésien qui a récupéré son vrai nom et possède enfin son chaudron à vocation nationale et européenne. C’est là qu’il faudra rouvrir le grand livre et écrire une page par exploit !