Amiens

Nuit de l'Egalité, deuxième édition

À l’occasion de la seconde édition de la « Nuit de l’égalité », le Cercle de Théia a organisé, ce 7 mars à Amiens, une table ronde autour de l’équilibre femmes-hommes dans le milieu professionnel... un objectif encore loin d’être atteint. Instructif.

Représentants des organisations patronales, de la culture, de l’insertion et élus ont débattu sur la place des femmes dans le monde du travail. (@Aletheia Press/DLP)
Représentants des organisations patronales, de la culture, de l’insertion et élus ont débattu sur la place des femmes dans le monde du travail. (@Aletheia Press/DLP)

À l’occasion de la seconde édition de la « Nuit de l’égalité », le Cercle de Théia a organisé, ce 7 mars à Amiens, une table ronde autour de l’équilibre femmes-hommes dans le milieu professionnel. L’occasion, tout d’abord, de poser un référentiel national.

Si le taux d’emploi des femmes au niveau national a fortement évolué, passant de 49% de la population active en 1990 à 71% en 2022, les inégalités restent encore nombreuses. L’écart salarial entre hommes et femmes est encore de 15,4% et les salariées sont deux fois plus touchées par le sous-emploi. Les métiers demeurent par ailleurs encore trop genrés. En Hauts-de-France par exemple, les femmes représentent 48% des effectifs salariés, mais ne sont que 21,5% dans l’industrie.

Des discriminations dès l’enfance

Une faible présence dans certains secteurs économiques qui s’explique par des discriminations qui interviennent dès l’enfance. D’où l’importance rappelle Christine Royer, sous-préfète d’Abbeville, de déconstruire les stéréotypes le plus tôt possible. La Région a d’ailleurs lancé des campagnes de communication spécifiques pour mettre des métiers en lumière, comme conductrice de cars. « Les femmes ont toute leur place dans ces domaines », pointe Chanez Herbanne, conseillère régionale des Hauts-de-France. Elle évoque également les actions du Conseil régional en faveur de l’entrepreneuriat au féminin.

Sophie Triquet, Emmanuel Cohardy, Chanez Herbanne, Ingrid Dordain, Christine Royer et Sophie Bertucat ont répondu aux questions de la journaliste Marie Sicaud. (@Aletheia Press/DLP)

Un engagement qui rejoint celui de la CPME qui, depuis 2006, a mis en place des missions spécifiques consacrées à ce sujet. « Nous allons parler d’entrepreneuriat au féminin aux collégiennes et aux lycéennes. Tous les métiers sont accessibles aux femmes ! », souligne Emmanuel Cohardy, président de la CPME Hauts-de-France.

Briser le plafond de verre

Une sensibilisation utile mais qui occulte une autre inégalité : les métiers dits féminins sont majoritairement peu rémunérateurs. « Il pourrait être utile de parler de revalorisation de ces professions, notamment celles du soin », observe Fanchon Tortech, secrétaire générale de la Maison de la Culture d’Amiens. Il aborde ensuite la question de la place des femmes dans le secteur de la culture. « Les étudiantes sont présentes en nombre dans beaucoup de disciplines, mais les institutions sont dirigées, en très grande majorité, par des hommes », pointe-t-il.

Pour contrer cette absence de femmes à des postes clés, le Crédit Agricole Brie Picardie a lancé, il y a tout juste un an, un réseau indépendant pour « booster la confiance en soi des salariées ». « Il est encore trop tôt pour tirer un bilan de cette initiative, mais le message est déjà passé : il faut briser le plafond de verre, les femmes sont tout aussi légitimes que les hommes », assure Dimitri Lassalle du Crédit Agricole Brie Picardie.

Des femmes plus éloignées de l’emploi

Dans la Somme, 51% des demandeurs d’emploi inscrits à France Travail sont des femmes. Globalement plus diplômées que les hommes, elles connaissent cependant des périodes de chômage plus longues. « Dans les milieux ruraux ou dans les quartiers prioritaires, beaucoup ne sont même pas inscrites à France Travail. Elles ne savent pas comment s’engager dans un parcours de retour à l’emploi. Elles sont plus nombreuses à passer par une période d’insertion avant de s’orienter vers une recherche d’emploi », observe Sophie Bertucat de France Travail. Afin de mieux les accueillir, l’organisme de réinsertion par l’activité économique, Les Astelles a fait le choix de féminiser des métiers jusqu’ici très masculins. « C’est une vraie réussite et une réelle fierté », conclut Sophie Triquet, directrice des Astelles.