nterview de Karine Charbonnier : « La Région engagée dans le combat de l'emploi et du travail »
Le 30 mars dernier, le conseil régional a adopté le Schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII). Le déploiement opérationnel des dispositifs décidés, et plus spécifiquement ceux relatifs à l’entrepreneuriat, la création et le développement d’entreprises, est depuis en cours pour une complète opérationnalité au 1er janvier 2018. Entretien avec Karine Charbonnier, vice-présidente du conseil régional des Hauts-de-France en charge de la formation et des relations avec les entreprises.
Picardie la Gazette : L’une des principales compétences de la Région est la compétence économique. Elle s’est fixé comme objectif premier l’emploi. Pourquoi et comment ?
Karine Charbonnier : Pendant toute la campagne électorale et depuis de manière incessante, le président Xavier Bertrand a fait de l’emploi sa priorité, tout comme la majorité régionale dont l’engagement, au-delà de l’emploi, est un combat pour le travail au sens large, pour donner un travail à ceux qui n’ont pas, pour aider ceux qui travaillent et ceux qui donnent du travail. Dès notre arrivée en janvier 2016, pour les premiers, nous avons mis en place Proch’Emploi pour favoriser les contacts directs entre les chefs d’entreprises et les demandeurs d’emploi, puis le Facebook de l’emploi toujours pour créer un lien direct. Pour ceux qui travaillent ou rencontrent des difficultés en reprenant un travail, nous avons mis en œuvre plusieurs aides : aide à la mobilité, aide au transport, prêt de véhicule, aide à la garde d’enfants, des aides qui vont dans le sens d’une véritable revalorisation de la valeur travail.
La troisième composante de ce trépied travail, c’est l’aide à ceux qui créent de l’emploi car, comme le rappelle Xavier Bertrand, ce ne sont pas les politiques qui créent de l’emploi, mais les chefs d’entreprises. Nous avons construit pour eux toute une politique économique qui a été retranscrite dans le SRDEII et qui va dans le sens d’une région pro-business pro-entreprises pour favoriser à la fois la création d’entreprises avec le plan Starter et le développement d’entreprises avec la plan Booster, ainsi que le renforcement de l’attractivité de la région pour y faire venir des investisseurs extérieurs. Faut-il rappeler que l’année dernière, les Hauts-de-France étaient la deuxième région française derrière l’Île-de-France pour l’attractivité et l’investissement étranger.
Un autre enjeu qui me concerne de très près est celui de la formation et de la qualification. Il faut savoir que, si le taux de chômage des personnes non qualifiées est de 34%, il tombe à 4% pour les Bac +2 et que les Hauts-de-France sont la région la moins qualifiée de France. Nous avons là un enjeu absolument stratégique à remporter si nous voulons gagner la bataille de l’emploi. C’est pour cela que nous avons complètement réorienté la politique de formation de la région avec un grand plan apprentissage et une formation professionnelle orientée en fonction des besoins des entreprises. Nous voulons toujours former des citoyens, mais avons inscrit au premier rang des priorités de notre politique de former en fonction des besoins du marché de l’emploi et d’accroître le niveau de qualification des habitants de la région, c’est absolument fondamental ! Dans la cadre de notre politique croissance de l’entreprise nous avons un important volet sur l’innovation, la labellisation des incubateurs… et sommes très proactifs sur ces sujets…
Notre philosophie, c’est bien revaloriser la valeur travail, aider ceux qui sont en difficulté pour prendre ou exercer un travail d’un côté, être vraiment une région pro-business pour favoriser le développement économique de l’autre.
P.L.G. : Pouvez-vous préciser votre politique d’aides aux entreprises ?
K.C. : Nous l’avons entièrement remise à plat avec la volonté d’aider les entreprises dans toutes les situations et quelle que soit leur tailles, les petites comme les grandes, pas seulement au moment de leur création ou de leur développement, mais aussi, et c’est une nouvelle corde à notre arc, quand elles sont en consolidation financière, voire en difficulté, avec les prêts HDF premier secours mis en œuvre en partenariat avec les tribunaux de comme et HDF prévention en partenariat avec les CCI… Nous avons aussi mis en place au cas par cas des fonds de secours pour venir en aide aux entreprises de certains territoires en proie à des difficultés spécifiques telles que la situation née de la crise migratoire pour le Calaisis ou d’inondations. En cas de souci local, nous entendons être pragmatiques et très réactifs. Nous avons la volonté d’offrir aux entrepreneurs une aide globale en déployant en parallèle des aides directes, toute la palette de nos offres en matière de formation et d’accompagnement, via aussi par exemple notre politique filière dans le cadre du plan Booster. À cet égard, la pré- sence de Hauts-de-France Financement dans les tours de table financiers permet de déclencher l’approbation des établissements bancaires pour qui ce n’est pas toujours facile depuis Bâle III.
P.L.G. : Qu’attendez-vous de vos partenaires, compagnies consulaires, collectivités… ?
K.C. : Il est plus exact d’évoquer les attentes de ses partenaires que celles du conseil régional car dans ma mission, je suis plutôt au service de la région qui a des attentes vis-à- vis du conseil régional. À ce titre, nous travaillons le plus possible de manière collaborative en concertation et en partenariat. Toute notre stratégie de développement des entreprises et de formation a été élaborée de manière concertée et partenariale avec les acteurs de la région, chambres consulaires, collectivités locales, branches professionnelles avec la volonté d’inscrire la politique régionale au service des acteurs de terrain que ce soit en levier ou en partenariat. Ainsi sommes-nous en train de labelliser nos incubateurs en portant une attention toute particulière aux partenariats qu’ils ont engagés avec le monde universitaire et avec les entreprises régionales. De même les réunions mensuelles du Service public de l’emploi local (SPEL) dans chaque bassin d’emploi permettent-elles d’articuler nos formations avec Pôle emploi, les missions locales, les centres d’apprentissage au plus près du terrain. Pour activer notre politique de filière dans le cadre du SRDEII, nous discutons les termes des contrats de branche avec les branches professionnelles de façon à animer et à faire converger nos politiques et nos objectifs. C’est en fonctionnant collectivement, tous dans le même sens et avec les mêmes priorités, de manière partenariale que nous allons remporter la bataille pour l’emploi et le travail dans la région.