Nouvelle salve de mises en examen dans l'enquête sur l'évasion de Mohamed Amra

Sept nouveaux suspects ont été mis en examen vendredi à Paris dans l'enquête sur l'évasion sanglante et la cavale de Mohamed Amra, incarcéré depuis mardi dans une prison normande très sécurisée, portant à 18 le...

Mohamed Amra, le narcotrafiquant français en fuite depuis son évasion en mai 2024, sort de la cour d'appel de Bucarest le 23 février 2025, au lendemain de son arrestation en Roumanie © Daniel MIHAILESCU
Mohamed Amra, le narcotrafiquant français en fuite depuis son évasion en mai 2024, sort de la cour d'appel de Bucarest le 23 février 2025, au lendemain de son arrestation en Roumanie © Daniel MIHAILESCU

Sept nouveaux suspects ont été mis en examen vendredi à Paris dans l'enquête sur l'évasion sanglante et la cavale de Mohamed Amra, incarcéré depuis mardi dans une prison normande très sécurisée, portant à 18 le nombre de complices présumés poursuivis à ce stade.

L'arrestation de Mohamed Amra, 30 ans, surnommé "La Mouche", le 22 février en Roumanie en vertu d'un mandat d'arrêt européen, a donné le feu vert au placement successif de 28 personnes en garde à vue en France.

Vendredi soir, il n'y avait plus de garde à vue en cours, selon le parquet de Paris.

Au total 19 personnes, dont Mohamed Amra, remis à la France mardi et incarcéré depuis à l'isolement dans la prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe (Orne), ont été mises en examen cette semaine par des juges d'instruction de la Junalco (Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée). 

Quatorze complices présumés ont été écroués et quatre placées sous contrôle judiciaire, selon le parquet.

Ces personnes sont soupçonnées, à des degrés divers, d'avoir participé aux projets d'évasion de Mohamed Amra, dont celle qui a fini tragiquement à Incarville (Eure) le 14 mai 2024 avec la mort de deux agents pénitentiaires, Arnaud Garcia et Fabrice Moello, et des blessures pour trois autres. Certaines sont aussi accusées d'avoir aidé le narcotrafiquant dans sa fuite.

Parmi les personnes mises en examen jeudi, au moins un membre présumé du commando mais aussi Jean-Charles P., présenté par une source comme un très proche d'Amra et son possible mentor. 

D'autres mis en cause semblent avoir des rôles secondaires: achat d'outils pour l'un, location de voiture pour une autre, récupération d'échelles télescopiques pour un troisième, etc.

Vendredi, quatre personnes ont été placées en détention provisoire, deux, dont une âgée de moins de 18 ans, sous contrôle judiciaire et une septième, qui avait 17 ans au moment des faits reprochés, a demandé un débat différé devant le juge des libertés et de la détention (JLD).

Selon trois sources proches du dossier, parmi eux figurent de jeunes hommes, âgés de 17 ans au printemps 2024 à une trentaine d'années, habitant Rouen ou la région parisienne, soupçonnés d'avoir participé au vol et au recel des voitures utilisées lors du guet-apens mortel.

L'enquête devra notamment établir s'ils connaissaient Amra et savaient à quoi allait servir ces véhicules.

Cercle extrêmement large

Les enquêteurs de l'Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO) ont ratissé un "cercle extrêmement large" de personnes dont l’implication est "assez mince", selon une source proche du dossier.

L'un d'eux, né en 1998, s'est présenté dans le box du JLD l'air hagard, les cheveux longs, portant un jogging noir. Le juge a ensuite prononcé le huis clos réclamé par la procureure pour protéger des investigations "toujours en cours", dans un "dossier qui démarre".

Un autre, né en 2005, l'air juvénile, brun avec une mèche mais rasé sur les côtés, tenue rouge et bleu de sport, était soutenu par la présence de sa famille et amis venus à l'audience, également à huis clos, à l'issue de laquelle il est parti en détention.

A également été mis en examen et incarcéré vendredi au moins un membre présumé du commando, Alexandre G-B., selon une autre source proche du dossier.

Ce dernier est soupçonné d'avoir surveillé le départ du fourgon pénitentiaire depuis la terrasse d'un café près du tribunal de Rouen, pour donner le feu vert au commando afin de libérer Mohamed Amra, puis d'avoir récupéré les membres du commando, selon cette source.

"Une partie des suspects" des meurtres des deux agents pénitentiaires a été appréhendée, a déclaré mercredi la procureure de Paris, Laure Beccuau. "Il me semble que toute l'équipe qui aurait aidé Monsieur Amra dans sa cavale funèbre a été appréhendée", a assuré jeudi le Garde des Sceaux Gérald Darmanin.

Trois autres personnes, deux au Maroc et une en Espagne, au rôle présenté comme central par des sources proches du dossier, arrêtées depuis samedi, pourraient être extradées ou remises à la France dans les prochaines semaines.

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