Nouvelle-Calédonie: les militants indépendantistes en détention demandent leur libération

La cour d'appel de Nouméa a examiné mercredi les demandes de remise en liberté de huit militants indépendantistes de Nouvelle-Calédonie, dont celui du leader de la CCAT Christian Tein...

Christian Tein, leader de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), le 14 juin 2024 à Bourail, en Nouvelle-Calédonie © Delphine MAYEUR
Christian Tein, leader de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), le 14 juin 2024 à Bourail, en Nouvelle-Calédonie © Delphine MAYEUR

La cour d'appel de Nouméa a examiné mercredi les demandes de remise en liberté de huit militants indépendantistes de Nouvelle-Calédonie, dont celui du leader de la CCAT Christian Tein, placé en détention provisoire en métropole.

Ces membres de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) avaient été placés en détention provisoire le 23 juin. Sept d'entre eux, dont le leader de l'organisation Christian Tein, avaient été envoyés dans l'Hexagone le soir même, par un vol affrété spécialement.

Me Martin Calmet, qui défend notamment Brenda Wanabo, incarcérée à Dijon, et Guillaume Vama, en détention provisoire à Bourges, a plaidé le placement sous contrôle judiciaire: "L'important pour nous était de rappeler les règles de procédure pénale et de sortir de cette espèce de peur, née du contexte calédonien et qui a, à mon sens, aveuglé la décision de première instance. On se battra pour obtenir la libération de nos clients".

Selon Me Calmet, le parquet général a requis le maintien en détention des huit militants dont le recours était examiné mercredi.

La décision a été mise en délibéré à vendredi, sauf pour l'un des détenus dont l'appel a été rejeté mercredi soir par la chambre de l'instruction. Son avocate, Me Barbara Brunard, a indiqué à l'AFP qu'elle se pourvoyait en cassation.

Avocat de plusieurs militants, dont Christian Tein, en détention provisoire à Mulhouse, et Joël Tjibaou, fils du leader assassiné en 1989 Jean-Marie Tjibaou, incarcéré à Nouméa, Me François Roux a estimé qu'il s'agissait "clairement d'une affaire politique".

"Ce sont des gens qui luttent pour leur indépendance. Comment regardera-t-on cette affaire le jour où la Nouvelle-Calédonie sera indépendante ? Il y a eu à deux reprises de la part de l'avocat général un lapsus intéressant: il a appelé à deux reprises Joël Tjibaou, Jean-Marie Tjibaou. Pour moi, tout est dit", a dénoncé l'avocat.

Ces militants indépendantistes ont été mis en examen pour sept chefs d'accusation dont complicité de tentative de meurtre ou encore participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime. Ils sont plus généralement soupçonnés d'être les commanditaires des violences qui ont fait 9 morts et au moins 1,5 milliard d'euros de dégâts.

Leur leader Christian Tein a toujours nié avoir appelé à la violence. Il a déclaré lundi être un "prisonnier politique", dans une interview à l'AFP accordée en marge de la visite de sénateurs de la maison d'arrêt de Mulhouse.

Des sénateurs écologistes, qui ont pu rendre visite aux militants indépendantistes lundi dans les centres pénitentiaires de Riom, Mulhouse, Blois et Dijon, ont dénoncé dans un communiqué de presse publié mercredi un "éloignement injustifié" et appelé "au retour de ces détenus en Nouvelle-Calédonie".

"Nous avons pu constater les conditions de détention du militant Christian Tein (...). Sa cellule est au fond du quartier d'isolement, contrairement à ce qu'on lui avait laissé entendre en Nouvelle-Calédonie. Jusqu'ici il n'a pu obtenir aucun lien direct avec sa compagne", ont témoigné Jacques Fernique, sénateur du Bas-Rhin, et Anne Souyris, sénatrice de Paris.

"Des problèmes subsistent, notamment les difficultés d'accès à son avocat, resté à Nouméa, qu'il n'a pu appeler qu'une seule fois pendant 30 minutes", ont-ils ajouté.

Le sénateur du Rhône Thomas Dossus, qui a pu rendre visite à Brenda Wanabo, a également dénoncé "les difficultés qu'elle rencontre aujourd'hui en raison de cette situation indigne", notamment la distance qui la sépare de ses trois enfants et de ses proches. 

"Nous organiserons prochainement de nouvelles visites et appelons les futurs parlementaires du Nouveau Front populaire à se joindre à la démarche", a annoncé le groupe écologiste - Solidarité et Territoires au Sénat. 

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