Colloque sur la transition énergétique à Polytech Lille

«Nous formons les jeunes pour qu'ils développent des richesses»

Le 24 mai dernier, les mondes économique et académique ont participé, au sein de l’école Polytech Lille, à un colloque sur la transition énergétique et le rôle des universités. De nombreuses idées ont émergé.

Lors du colloque organisé à Polytech Lille. © Lolita Péron
Lors du colloque organisé à Polytech Lille. © Lolita Péron

«C’est une évidence, l’ensemble de notre région se réorganise autour de l’énergie», a introduit, ce 24 mai, Régis Bordet, président de l’Université de Lille. Autour de lui, nombre d’acteurs locaux se sont réunis à Polytech Lille pour participer à un colloque sur la transition énergétique et le rôle des universités.

Régis Bordet a poursuivi son intervention en soulignant que c’est dans les Hauts-de-France que l’éolien terrestre est le plus développé À cela, s’ajoutent des projets de parcs éoliens en mer actuellement en réflexion. «Nous avons également eu vent qu’après les efforts menés à Dunkerque pour installer des usines de batteries, ce sont 15 milliards d’euros qui vont être investis dans le Cambrésis, pour les mêmes raisons», poursuit Mohammed Benlahsen, président de l’Université de Picardie Jules Verne.

Des besoins de main d’œuvre croissants

Face à ces évolutions, les réseaux électriques doivent évoluer. «Nous estimons que nous allons devoir investir 100 milliards d’euros dans le réseau de transport électrique, d’ici 2035. C’est colossal», chiffre François Boulet, directeur du département études de réseaux au sein de RTE. En effet, le groupe constate une poussée forte des demandes de raccordement. «Dans le Dunkerquois, on parle de milliers de mégawatts nécessaires. Il y a des entreprises qui nous demandent 900 mégawatts, nous n’avions jamais vu ça», affirme François Boulet. Alors, RTE construit des lignes 400 000 volts. «Ce qui n’était pas arrivé depuis très longtemps», constate François Boulet.

Mais, pour parvenir à ses fins, RTE va avoir besoin de main d’œuvre. «Nous comptons sur les universités pour former nos techniciens et nos ingénieurs de demain», confie le représentant de RTE. Un constat que partage le groupe EDF. «Dans les cinq années à venir, nous allons embaucher 6 000 personnes dans les Hauts-de-France, pour le développement des énergies renouvelables, la construction du réseau et les deux EPR à Gravelines», liste Alison Marquilly, directrice territoires et solutions énergétiques au sein d’EDF.

Intensifier les partenariats école-entreprise

«Nous ne voulons pas que les Hauts-de-France soient uniquement pourvoyeurs de main d’œuvre. Nous voulons former des jeunes qui utiliseront leurs compétences pour développer des richesses, au travers de PME, start-up ou en recherche et développement», explique Régis Bordet, président de l’Université de Lille. Pour cela, les universités veulent s’adapter aux besoins des entreprises. «Mais, en échange, les entreprises doivent nous aider à former cette main d’œuvre », assure le directeur de l’Université de Lille.

De ce côté, des synergies s’opèrent déjà. «EDF fait partie de conseil d’administration de diverses écoles sur le territoire. Nous aidons aussi à créer des formations, des modules, qui correspondent à nos attentes», liste Alison Marquilly. Le groupe fait aussi intervenir ses salariés dans les écoles pour expliquer leurs métiers et compte 500 alternants dans ses effectifs. «Il faut poursuivre sur cette voie et multiplier les partenariats avec les entreprises. C’est une richesse», a assuré Philippe Pernod, professeur à Centrale Lille.

Rendre attractive la filière énergie

«Personnellement, ce n’est pas le nombre de formations qui m’inquiète. Ouvrir des modules, nous savons le faire. C’est le vivier qui va manquer», a témoigné Nicolas Burlion, directeur de Polytech Lille. En effet, la courbe démographique en baisse et la réforme du bac, qui a engendré une perte de 10% de bacheliers scientifiques, compliquent la tâche.

Pour résoudre ce problème, plusieurs idées, outre le développement de l’alternance, ont été mises sur la table. «Il faut que nous commencions à créer des formations à la carte  où le choix des modules est complètement libre, selon les besoins des candidats», a insisté Matthieu Becuwe, directeur de l’Institut de chimie de Picardie. «Il faut aussi que nous allions chercher les étudiants dans les autres régions. Leur montrer que chez nous il y a de quoi faire», renchérit Philippe Pernod. Et pour les garder, les professeurs sont unanimes sur la direction à prendre. «Un an ou deux avant qu’ils ne sortent de l’école, il faut inclure les étudiants dans des projets d’entreprise. Ça leur donnera envie de rester sur le territoire et de postuler dans ces mêmes entreprises», a conclu Matthieu Becuwe.