Rencontre des entrepreneurs de France à Paris

« Nous ne devons pas renoncer à produire, mais il faudra le faire autrement », Geoffroy Roux de Bézieux

Les 29 et 30 août, les entrepreneurs du Medef se sont retrouvés à l’hippodrome de ParisLongchamp pour leur université d’été. L’occasion d’évoquer l’actualité et plus particulièrement le contexte énergétique et climatique.

« 53 % des Français ont une bonne image du Medef », se réjouit Geoffroy Roux de Bézieux. ©Aletheia Press/ L. Brémont
« 53 % des Français ont une bonne image du Medef », se réjouit Geoffroy Roux de Bézieux. ©Aletheia Press/ L. Brémont

C'est désormais une tradition pour le président du Mouvement des entreprises de France. Ce 29 août à l’hippodrome ParisLongchamp, Geoffroy Roux de Bézieux est monté sur scène, pour ouvrir la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) en musique, - en lien avec l'actualité de cette année : sur les paroles du tube de Téléphone Je rêvais d'un autre monde. « Comme vous, j’ai rêvé d'un autre monde en cette rentrée. Mais, avec les pénuries, la crise climatique et surtout le retour de la guerre à nos portes, j’ai l’impression que ce n’est pas celui dont nous rêvions », entame le président du Medef.

« Vous l’avez entendu tout à l’heure, lors de l’intervention [ndlr, en visioconférence le matin même], du président Zelensky, cette guerre va durer », poursuit Geoffroy Roux de Bézieux qui appelle « à choisir le camp de la liberté, celui du peuple ukrainien ». Pour autant, le chef du Medef se veut pragmatique : « Cela ne doit pas empêcher les entreprises qui ont des filiales en Russie de décider, selon leur situation, de partir ou de rester. Pas de naïveté : partir, c’est souvent tout laisser à Poutine et ses amis oligarques. »

Croissance sobre

Le responsable dresse un constat sans concession de la situation actuelle : « Les tensions vont continuer à monter, que ce soit en Mer noire ou en mer de Chine. Il va nous falloir reformater nos logiciels habitués à une mondialisation heureuse. » Pour autant, Geoffroy Roux de Bézieux voit des raisons de rester positif. Il estime que les entrepreneurs ont un rôle à jouer en promouvant, par le commerce, par les échanges, les valeurs de liberté et de démocratie.

En parallèle, le chef du Medef appelle à retrouver une souveraineté industrielle et énergétique. La solution passe par une croissance sobre. « Nous ne devons pas renoncer à produire, travailler, à consommer. Mais il faudra le faire autrement. Et les entreprises feront leur part », souligne Geoffroy Roux de Bézieux. 

De son côté, lors de son discours, Élisabeth Borne, Première ministre a martelé : « Notre première urgence, c’est d’arrêter dès maintenant les consommations d’énergie qui ne sont pas indispensables. C’est le sens du plan de sobriété. C’est un pacte que nous vous proposons : préférer les économies choisies plutôt que les coupures subies. » 

La Première ministre appelle d’ailleurs chaque entreprise à créer en septembre son propre plan de sobriété. Dans le cas d’un rationnement de gaz, le Gouvernement travaille, notamment avec France industrie, aux manières de limiter son impact. La Première ministre relève cependant qu’à long terme « la solution n’est pas la décroissance ».

Capitalisme décarboné

Geoffroy Roux de Bézieux mise également sur le "capitalisme décarboné", concept développé au sein du Medef depuis quatre ans. C’est « le symbole d’un basculement complet du système entrepreneurial français. Aujourd’hui, il n’y a plus d’entrepreneurs climato-sceptiques ». 

Le responsable rappelle que 40 milliards d’euros supplémentaires d’investissements en capital sont nécessaires annuellement pour tenir les engagements de réduction d’émission de dioxyde de carbone à l’horizon 2030.

Pour relever le défi, Geoffroy Roux de Bézieux appelle l’État et l’Europe à accompagner les efforts engagés par les entrepreneurs. Il souhaite également que les consommateurs acceptent des prix plus élevés. 

« Nous avons besoin de tous pour réussir ce pari car l’écologie est un sujet trop sérieux pour le laisser aux écologistes. » Selon la Première ministre, « nous entrons dans l’ère de la responsabilité collective. Nous réussirons ensemble ou nous échouerons ensemble »...

Geoffroy Roux de Bézieux estime indispensable que les efforts soient poursuivis pour rendre de la compétitivité aux entreprises. Les mesures sont multiples : sobriété budgétaire, validation par l’État des compromis trouvés avec les acteurs sociaux sur certains sujets, diminution des impôts sur la production, réforme de l’assurance chômage et des charges sociales sur les hauts salaires…

« La transition écologique sera la condition sine qua non de la compétitivité des entreprises demain », a souligné Élisabeth Borne, Première ministre. ©Aletheia Press/ L. Brémont

Message reçu

Un message, semble-t-il, entendu par Élisabeth Borne qui promet, en ce qui concerne la transition écologique, « un cadre clair et prévisible, y compris au niveau européen », en termes de normes, de fiscalité et d’incitation. 

Pour cela, le plan d’investissement France 2030 et ses 50 milliards d’euros doivent accélérer les actions. Sur la question du chômage, le Gouvernement vise le plein emploi. « Pour réussir, le Gouvernement mènera toutes les réformes nécessaires, pour certaines dès les prochaines semaines », explique la Première ministre. Elle évoque la présentation d’un projet de loi sur l’assurance chômage dès la rentrée parlementaire.

« Par ailleurs, nous engagerons rapidement des discussions avec les partenaires sociaux pour faire évoluer les règles d’indemnisations chômage en fonction de la conjoncture. » Engagement de diminuer les impôts de production et suppression de la CVAE… les annonces d’Élisabeth Borne ont été reçues cinq sur cinq et applaudies par l’assistance.