Alban Vibrac, président de la Fédération BTP 54 : «nos entreprises vont globalement bien.»

La reprise d’activité du bâtiment, dans les chiffres, doit faire face à plusieurs zones d’ombre à l’image de la flambée des prix des matières premières, des délais de livraison qui s’allongent et des difficultés de recrutement certaines. Comme à chaque crise, le secteur s’adapte même au plus fort de la tempête. À la veille de l’assemblée générale de sa fédération, le 15 octobre à Nancy, Alban Vibrac, le président de la Fédération du BTP de Meurthe-et-Moselle affiche un optimisme raisonné.

«Il y a de l’envie de la part de nos entreprises et de l’activité», assure Alban Vibrac, le président de la Fédération du BTP 54.
«Il y a de l’envie de la part de nos entreprises et de l’activité», assure Alban Vibrac, le président de la Fédération du BTP 54.

Les Tablettes Lorraines : À l’occasion de la venue de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, fin septembre à Champigneulles, vous l’avez interrogé sur comment pouvoir continuer à construire aujourd’hui en France en pointant du doigt les délais de livraison notamment. L’inquiétude est-elle bien présente ?

Alban Vibrac : Nous sommes passés d’un délai d’un mois à sept mois ! À côté de la flambée des prix des matières premières, que cela soit le bois qui a été multiplié par deux ou encore l’acier et le cuivre, l’inquiétude est surtout présente au niveau des délais de livraison. Sur ce point, nous ne sommes pas vraiment convaincus des arguments et explications données par les industriels. C’est un peu facile de tout mettre sur le dos de la Chine.

Bon nombre d’entrepreneurs assurent rencontrer d’importantes difficultés de recrutement. Ces difficultés peuvent-elles entraîner un retard, voire un blocage total de la reprise d’activité de certaines entreprises, comment certains l’évoquent ?

Les difficultés de recrutement ne sont pas nouvelles même si aujourd’hui elles apparaissent encore plus importantes. Nos entreprises possèdent une réelle envie de faire, d’accélérer dans leur reprise d’activité. Nous travaillons énormément avec les différentes cellules de Pôle emploi pour faire face à cette pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Les démarches initiées sont intéressantes dans notre département. Il faut du temps et surtout accepter de tendre la main à des publics souvent éloignés de l’emploi et parfois leur inculquer un savoir-être minimum pour être parfaitement intégrés au sein de nos entreprises. Il faut de l’écoute des deux côtés.

Dans cette logique de recrutement, l’apprentissage joue un rôle majeur dans votre profession. Dans le département de Meurthe-et-Moselle, près de trois cents offres pour apprentis ne sont pas pourvues. Comment attirer les jeunes vers vos métiers ?

Il faut leur donner du sens et démontrer aux jeunes qu’ils peuvent avoir une belle réussite et une évolution professionnelle dans notre secteur. Il faut revaloriser le travail et le récompenser à sa juste valeur, plutôt que d’alimenter les mécanismes d’aide. Il faut un équilibre humain et financier. Cela passe par une réelle mise en valeur de nos métiers. À l’occasion des dernières Coulisses du bâtiment (qui se sont déroulées le 8 octobre dernier : ndlr) où notre fédération accueille des collégiens et des lycéens à découvrir nos métiers, notre fédération avait choisi de faire visiter le chantier de Grand Nancy Thermal. Ce sont des chantiers emblématiques comme celui-ci qui participent à donner l’envie.

Côté activité, comment se portent, d’une façon générale, les entreprises de votre fédération ?

L’activité est présente et les carnets de commandes sont remplis à six mois ! Les donneurs d’ordre, qu’ils soient publics ou privés, se doivent d’honorer leurs promesses. Notre fédération demeure vigilante sur ce point. L’an passé a été une année particulière pour tout le monde du fait de la crise sanitaire mais nous n’avons quasiment pas stoppé notre activité. 2019 a été une bonne année et les trésoreries des entreprises étaient, dans l’ensemble, solides. Aujourd’hui, au sein de notre fédération je ne connais par une entreprise, sérieuse et saine que je qualifie de normal, qui ait déposé le bilan. Nos entreprises vont globalement bien même s’il faut demeurer très vigilant sur l’évolution conjoncturelle, histoire que des fossés ne se creusent pas.

À l’occasion de votre assemblée générale, prévue le 15 octobre à la salle des fêtes de Gentilly, vous avez invité la navigatrice Isabelle Autissier comme grand témoin. Pourquoi ce choix ?

Quoi de mieux qu’une navigatrice qui a affronté des tempêtes pour partager son expérience et donner les bonnes pistes pour permettre à nos entreprises de garder le bon cap.

Propos recueillis par Emmanuel VARRIER