Nomination de Barnier: la gauche dénonce une élection "volée" et une "crise de régime"

Election "volée", "crise de régime" : la gauche s'est insurgée jeudi contre la nomination comme Premier ministre de Michel Barnier, qui sera "dans les mains" de l'extrême droite, et voudra selon...

Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon s'exprime lors de l'université d'été du mouvement le 23 août 2024 à Châteauneuf-sur-Isère, dans la Drôme © Emmanuel DUNAND
Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon s'exprime lors de l'université d'été du mouvement le 23 août 2024 à Châteauneuf-sur-Isère, dans la Drôme © Emmanuel DUNAND

Election "volée", "crise de régime" : la gauche s'est insurgée jeudi contre la nomination comme Premier ministre de Michel Barnier, qui sera "dans les mains" de l'extrême droite, et voudra selon elle poursuivre la politique de la Macronie.

Découvrant "un Premier ministre qui est nommé avec la permission et peut-être sur la suggestion du Rassemblement national", le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a jugé que les élections législatives avaient été "volées aux Français".

Il a appelé dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux "à la mobilisation la plus puissante que possible" samedi, pour les marches contre le "coup de force" du président prévues depuis fin août.

Le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a décrit de son côté sur X un "déni démocratique porté à son apogée: un Premier ministre issu du parti qui est arrivé en 4e position et qui n’a même pas participé au front républicain". "Nous entrons dans une crise de régime", a-t-il dit.

Pour l'ancien président François Hollande, redevenu député, "il y a la quasi certitude" que si l'ex-ministre et ancien commissaire européen de droite a pu être désigné par le président Macron, "c'est parce que le RN, précisément l'extrême droite, a donné une forme de quitus". Le nouveau Premier ministre devra "s'en expliquer" devant l'Assemblée nationale, a jugé M. Hollande, devant des journalistes à la foire de Châlons-en-Champagne.

"Le gouvernement est désormais dans les mains des groupes parlementaires d'extrême droite, une première honteuse sous la Ve République", a également déploré la présidente d'Occitanie Carole Delga.

Comme ses autres partenaires du Nouveau Front populaire (NFP), le groupe socialiste à l'Assemblée a annoncé qu'il censurerait le gouvernement Barnier, qui "ne dispose ni de la légitimité politique, ni de la légitimité républicaine". 

Idées réactionnaires

Emmanuel Macron a fait son choix après 60 jours d'attente, et une succession de noms évoqués, après avoir refusé de désigner Lucie Castets, la candidate du NFP, l'alliance de gauche arrivée en tête, mais sans majorité absolue, aux élections législatives. Auprès de Médiapart, Mme Castets a fustigé un Premier ministre aux "idées réactionnaires".

"Le président a envoyé valser le front républicain, il n’a fait que faire les yeux doux à l’extrême droite, il a été chercher toujours plus à droite sur l’arc politique", a aussi déploré dans une vidéo sur X la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier. 

Le chef des communistes Fabien Roussel a aussi décrié dans un communiqué l'objectif "clair" d'Emmanuel Macron: "la construction d'une coalition avec les députés de son camp qui a été battu et la complicité du Rassemblement national pour appuyer la politique menée".

"C'est la certitude que rien ne changera", note aussi le député ex-insoumis François Ruffin, en demandant : "Michel Barnier va-t-il revenir sur la retraite à 64 ans ? Rétablir l'ISF ? Non, bien sûr que non : Macron l'a choisi à ces conditions. Donc nous le censurerons". 

Pour la députée écologiste Sandrine Rousseau, Emmanuel Macron est "en passe de transformer la démocratie en une vaste pièce de guignol. Cela aura un coût, et sans doute, élevé". 

Mais des voix discordantes sont déjà apparues du côté des socialistes. Le Premier secrétaire délégué Nicolas Mayer-Rossignol, qui plaidait pour la désignation de l'ex-socialiste Bernard Cazeneuve, a jugé lors d'une visio-conférence que la gauche, et notamment le PS, "ne s'(était) pas comportée de façon responsable" et avait "failli à sa culture de gouvernement", en ne recherchant pas "tous les compromis possibles".

Et Place Publique, le parti de l'eurodéputé Raphaël Glucksmann, qui plaidait pour des négociations entre les groupes parlementaires issus du front républicain pour trouver un Premier ministre, a regretté dans un communiqué que "ni les dirigeants du NFP, ni l’Élysée n’(aient) sérieusement pris ce chemin".

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