Santé
Noctimed dispositif aidant
Ergothérapeute, Ahmad Chalhoub a lancé le dispositif Noctimed. Une aide technique de transfert permettant à un usager avec un déficit moteur au niveau des membres inférieurs de se coucher/relever du lit, en autonomie et sans aide humaine. Les aidants et soignants y trouvent aussi tout un intérêt.

Deux influences dessinent la trajectoire de Ahmad Chalhoub. La première tient du modèle d’un père chef d’entreprise, un exemple d’investissement. La seconde recèle de ce trait de caractère, cette propension à s’intéresser à son prochain. L’âme généreuse. Le geste joint à la parole altruiste. «J’ai un parcours atypique», explique-t-il en préambule. Franco-Libanais, il a passé ses jeunes années en Côte d’Ivoire puis au Cameroun, avant de prendre la direction de la France pour ses études de médecine. Le choix se porte sur Metz «car c’est un carrefour intéressant, transfrontalier.» «Au départ, je voulais être dentiste», poursuit Ahmad Chalhoub. Son chemin le mènera vers l’ergothérapie. De ses observations en milieu hospitalier, il fait celle-ci : «J’avais remarqué toutes les difficultés qu’avaient les patients et les soignants à réaliser les transferts au lit, soit assis ou couché.» 2,7 millions de personnes en France avec un déficit moteur au niveau des membres inférieurs doivent avoir recours quotidiennement à une aide humaine partielle ou totale pour réaliser leur transfert de lit. Germe dans l’esprit d’Ahmad Chalhoub l’idée de conceptualiser un dispositif, une aide technique, pour faciliter les transferts de lit en rendant autonomes et indépendants les usagers d’une tierce personne. Noctimed est portée sur les fonts baptismaux. Toutefois, si l’idée est là, Ahmad Chalhoub hésite à la concrétiser, malgré l’aspect innovant du projet. C’est son directeur qui le convainc de franchir le Rubicon. L’intérêt d’un ingénieur pour Noctimed le confirme dans ce virage. Ahmad Chalhoub rencontre ensuite Christophe Schmitt, directeur du PeeL, puis intègre Grand Nancy Innovation. Durant deux ans, il cimente sa future entreprise en termes de stratégies commerciale et financière, menant en parallèle via des formations en Suisse, à Paris, à Lille.
Mise sur le marché en 2026
Ahmad Chalhoub revient sur la philosophie d’action de Noctimed, financée par la Région Grand Est et la ville de Nancy : «Cela répond d’abord aux évolutions démographiques et sociales : le vieillissement, la prévalence des pathologies chroniques, la dépendance, la demande grandissante de soins, le maintien à domicile. Également aux ressources humaines avec la pénurie de soignants dont la première cause d’arrêt de travail sont les troubles musculo-squelettiques. Enfin, les contraintes économiques et organisationnelles en prenant en compte les dépenses de santé, les ressources humaines et financières réduites, l’absentéisme.» Ahmad Chalhoub articule une démarche à 360°. Noctimed est le fruit d’une étude menée sur le périmètre Nancy-Metz auprès de 70 professionnels de santé, 14 établissements sanitaires et ESSMS (Établissements ou services sociaux ou médico-sociaux), 10 membres d’associations de parents. Ahmad Chalboub l’assure : «Mon dispositif est une solution pour une vraie question de santé publique.» C’est officiellement l’été dernier que Noctimed est opérationnelle. Elle a été lauréate de plusieurs concours d’innovation : Pépite régional (Université de Lorraine), MC6 (Le Club Eurométropole de Metz), FundTruck régional (French Tech - Madyness). Et tout récemment, elle a décroché le Prix Grand Est Jeunes Talents. Elle a été reconnue comme process innovant par la Direction Régionale Interdépartementale de l’Économie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités (DRIEETS) et par les Nations Unies (ICSB). Ahmad Chalhoub synthétise l’apport de Noctimed : «Elle a pour mission d’améliorer la qualité de vie et de permettre aux patients éprouvant certaines difficultés de gagner en autonomie, de soulager le rôle de l’aidant et du personnel soignant. En somme, améliorer le quotidien, la charge physique et mentale.» Le dispositif médical Noctimed est actuellement, ce pour 18 mois, en cours de brevetage. Il faudra attendre le second semestre 2026 pour que le process soit mis sur le marché. À 2 500 € l’unité, on mesure toutes les économies qu’il peut procurer à notre système de santé, quand celui-ci doit prendre en charge des TMS ou autres pathologies liées. Ahmad Chalhoub reste lucide et humble : «tout cela est fait pour l’humain, Noctimed vient l’aider.» Des mots qui lui ressemblent tant.