Aménagement

Nesle : Canal Seine-Nord Europe, le Cercle économique de l'Alliance Seine-Escaut veut prévoir et anticiper

L'Alliance Seine-Escaut a organisé à Nesle sa première rencontre 2023 de son Cercle économique de l'Alliance Seine-Escaut, présidé par Franck Grimonprez. Cette table ronde a été consacrée aux conditions de succès de la liaison fluviale Seine-Escaut avec un partage entre les acteurs économiques, territoriaux et institutionnels pour une vision globale des enjeux du projet concernant ce futur système de transport.

Cette première réunion du Cercle économique s'est déroulée à la Nouvelle Scène à Nesle, là où le président Macron était venu en 2019 pour confirmer l'aide financière de l’État concernant le canal à grand gabarit.
Cette première réunion du Cercle économique s'est déroulée à la Nouvelle Scène à Nesle, là où le président Macron était venu en 2019 pour confirmer l'aide financière de l’État concernant le canal à grand gabarit.

Pierre-Yves Biet, le directeur partenariat de la société du Canal Seine-Nord-Europe (CSNE) a rappelé l'actualité de ce projet titanesque. « Si l'année 2022 a été la première année du véritable démarrage des travaux, cette année 2023 va voir une montée en puissance des travaux et le début de la réalisation de l'écluse de Montmacq (Oise) sans oublier la tenue d'une importante enquête publique. Cette enquête publique va avoir pour but d'obtenir l'autorisation environnementale pour les 89 kilomètres de travaux du secteur nord du canal. »

Le canal, une valeur ajoutée pour le monde industriel et économique

« Si l'objectif avant la crise sanitaire était une mise en eau en 2028, cet objectif a été décalé à l'année 2030 », a rappelé Pierre-Yves Biet. Ce dernier a aussi affirmé que le CSNE induira une structuration logistique particulière pour les acteurs économiques qui doivent dès aujourd'hui intégrer le nouvel outil dans leurs schémas logistiques. Ce nouvel outil de transit va être une valeur ajoutée pour le monde industriel et économique.

Matthieu Blanc, le Directeur général de la Compagnie fluviale de transport (CFT), a été invité à présenter l'activité de son groupe et a pu énoncer les conditions du report modal vers le fluvial pour un acteur économique. En premier lieu, renforcer la compétitivité en étant moins cher que la route ou le ferroviaire, sachant que le transport fluvial ne représente que 2% de part de marché en France. 

Ensuite cibler les flux intéressants pour le fluvial estimés entre 80 000/ 100 000 tonnes annuels, il faut donc privilégier l'installation des entreprises génératrices des flux pour les installations bord à voie d'eau. Pour les conteneurs, il faut garantir un passage à trois couches pour assurer la compétitivité du fluvial, et également veiller à ce que les coûts de manutention soient limités sans oublier la présence de plates- formes tous les 40 kilomètres pour une bonne articulation avec les économies territoriales.

Anticiper le foncier

Pour Alain Lefebvre, Directeur général des Ports de Lille et Président de l'Association française des ports intérieurs (Afpi) , le succès de ce canal ne sera garanti que par une réflexion en amont sur les conditions du développement économique en bord à canal. « Il faut prévoir du foncier, en terme de réservation car 2030, c'est demain. Il est donc essentiel d'anticiper les besoins fonciers sur la base de projections économiques à 30 ans. »

Tous les acteurs présents dans la salle ont été unanimes sur le fait que pour créer de l'activité en bord canal, le point numéro un est le foncier. Parmi les clés du succès de cette liaison fluviale, Alain Lefebvre a aussi mis en évidence l’accessibilité nord et sud en citant tous les travaux nécessaires de régénération ou d'élévation du gabarit des infrastructures, le dimensionnement des plates-formes portuaires ou encore l’équilibre des flux de transport.

Franck Grimonprez a rappelé qu'il était indispensable de prévoir l'accessibilité en amont et en aval du canal, avec la création d'axes routiers et prévoir également les conditions d'accueil : « Les territoires doivent se mobiliser pour offrir aux familles, des logements, des écoles pour les opérateurs économiques et portuaires qui s’installeront près du canal. » La prochaine rencontre du Cercle économique aura lieu au printemps 2023, avec pour sujet les conditions de succès la la liaison fluviale Seine-Escaut au débouché sud du CSNE.

Zoom sur l'Alliance Seine-Escaut

L’Alliance Seine-Escaut regroupe des collectivités territoriales, des organismes socioprofessionnels, des chambres consulaires et des personnalités mobilisées autour de la réalisation de la liaison fluviale européenne Seine-Escaut.

Ce grand projet européen, qui fait l’objet d’une décision d’exécution de la Commission européenne du 27 juin 2019, a pour objet de contribuer à la décarbonation du transport de marchandises au sein de l’Union européenne et de favoriser le transport de marchandises par voies navigables, via la création d’un réseau fluvial continu à grand gabarit, efficace et cohérent de grande capacité, reliant les nombreux ports maritimes et intérieurs de cette vaste région transfrontalière européenne.

À l’achèvement de Seine-Escaut, le bassin de la Seine sera directement relié par une voie navigable intérieure continue à grand gabarit au bassin de l’Escaut dans le nord de la France, en Belgique et aux Pays-Bas, ainsi qu’à d’autres grands bassins fluviaux tels que le Rhin et la Meuse. L’Alliance Seine-Escaut, nouvelle dénomination adoptée en 2021 de l’Association Seine-Nord Europe créée en 2003, est présidée par Philippe Marini, maire de Compiègne.