Narcotrafic: le procès de l'ex-maire de Canteleu reprend à Bobigny
Après un premier faux départ il y a une semaine, le procès de l'ex-maire de Canteleu (Seine-Maritime) Mélanie Boulanger, jugée avec 18 autres prévenus pour un vaste trafic de drogue dans sa petite ville de Seine-Maritime, débutera au fond mardi au tribunal correctionnel de Bobigny, la journée de...
Après un premier faux départ il y a une semaine, le procès de l'ex-maire de Canteleu (Seine-Maritime) Mélanie Boulanger, jugée avec 18 autres prévenus pour un vaste trafic de drogue dans sa petite ville de Seine-Maritime, débutera au fond mardi au tribunal correctionnel de Bobigny, la journée de lundi ayant été consacrée à des questions de procédure.
Le début de ce procès, initialement prévu le 27 mai, avait été décalé la semaine dernière en raison d'un pourvoi en cassation encore en cours.
Lundi matin, le président de la 13e chambre correctionnelle a lu l'ordonnance de la Cour de cassation rendue vendredi, dans laquelle la haute juridiction rejette les requêtes des avocats.
Ces derniers ont alors demandé une première suspension de deux heures - accordée - pour organiser leur défense.
L'après-midi a été consacrée à d'autres demandes des avocats : d'abord de suspension de l'audience pour préparer une défense devant la Cour de cassation ; puis de renvoi - un prévenu vient de se voir attribuer un avocat ; et enfin de nullité du réquisitoire définitif et de l'ordonnance de renvoi, arguant que des pièces de procédure avaient été annulées par la chambre de l'instruction et d'autres réintégrées, rendant le dossier caduc.
La procureure Alice Dubernet a fustigé des "procédures dilatoires" de la part de la défense.
Après une heure et demie de délibéré, le président du tribunal a rejeté les demandes de renvoi et de suspension et donnera sa décision sur les demandes de nullité en même temps que le délibéré.
L'examen au fond du dossier débutera mardi. Le planning du procès, qui devait se tenir du 27 mai au 24 juin, sera plus condensé.
Fruit de deux ans d'enquête, le tentaculaire dossier Canteleu, commune populaire de 14.000 habitants de l'agglomération de Rouen, illustre l'enracinement et la puissance grandissants des narcotrafics dans de petites et moyennes villes en France, dont s'inquiétait le mois dernier un rapport du Sénat.
Elue maire en 2014 et figure du socialisme normand, Mélanie Boulanger est soupçonnée d'avoir fait pression sur les services de police pour qu'ils ne gênent pas les affaires du redoutable clan Meziani, réputé pour tenir le trafic de stupéfiants dans sa ville et y faire régner la terreur.
Aux côtés de l'ancienne maire - elle a démissionné en début d'année -, le tribunal de Bobigny doit entendre les principaux acteurs présumés du réseau: les têtes, leurs lieutenants, des fournisseurs et des blanchisseurs.
L'affaire avait débuté en septembre 2019 avec l'arrestation, sur un parking de Saint-Denis, de deux individus qui procédaient à une transaction de drogue.
L'un était porteur de 50.000 euros en liquide, l'autre de 2 kg de cocaïne pure à 80%.
Les investigations sur l'acheteur avaient rapidement amené les policiers de Seine-Saint-Denis à Canteleu, base de la famille Meziani, soupçonnée d'être l'un des principaux acteurs du trafic de drogue en région rouennaise.
Selon l'enquête, la fratrie a soufflé le chaud et le froid sur l'élue, via son adjoint Hasbi Colak, également poursuivi.
L'enquête, riche en sonorisations et en écoutes, a mis au jour un important réseau d'importation et de vente de stupéfiants, aussi bien de cannabis que d'héroïne et de cocaïne.
Selon les estimations des policiers, leur organisation a engrangé plus de 10 millions d'euros de bénéfices annuels rien que pour la cocaïne et l'héroïne.
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