Naissance d’un fonds d’investissement dédié aux PME

Pour la première fois, AG2R La Mondiale et Klesia, des groupes de protection sociale, mettent sur pied un fonds d’investissement dédié aux PME. Pour commencer, il est doté de 210 millions d’euros. Priorité aux emplois non délocalisables et à l’innovation. 

C’est le premier d’un nouveau genre. Ce 17 février, au ministère de l’Economie, AG2R La Mondiale et Klesia, deux acteurs majeurs de la protection sociale, ont annoncé la naissance d’un nouveau fonds d’investissement, “PME emplois durables”. Confié à ACOFI gestion, le fonds est doté, pour commencer, de 210 millions d’euros. Ces derniers sont destinés à financer principalement des PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire), entre 15 à 500 salariés, et qui produisent majoritairement sur le territoire. Les montants unitaires investis pourront aller de 100 000 euros à 5 millions d’euros. Le fonds propose une palette assez large de modalités de financement, en fonds propres ou en dettes. En termes d’investissements, seront privilégiés ceux “favorisant la création d’emplois durables et non délocalisables”, précise Thibault Lanxade, vice-président du Medef en charge de l’entreprenariat, administrateur de Klesia, qui préside le conseil d’administration du nouveau fonds. “Il s’agit de répondre aux enjeux de société», ajoute André Renaudin, directeur général d’AG2R La Mondiale. Ainsi, avec le papy-boom et le vieillissement des dirigeants des petites entreprises qui doivent partir à la retraite, se pose la question de la transmission d’entreprise. Le fonds permet d’intervenir pour favoriser une recomposition de l’actionnariat familial, ou des sorties d’actionnaires minoritaires. D’après ces acteurs de la protection sociale, investir dans le tissu économique enraciné dans le territoire s’avère pleinement cohérent avec leur mission première. “Nous sommes pleinement solidaires de la prospérité du pays”, explique ainsi André Renaudin, qui souligne l’engagement du groupe auprès des professionnels de l’économie de proximité, qu’il s’agisse de la distribution alimentaire de détail ou en grande surface, des services à la personne, de la coiffure, des experts-comptables… De plus, pour le responsable de ce groupe qui compte quelque 1 300 collaborateurs sur le territoire, “il est citoyen de s’impliquer dans le tissu économique du territoire qui nous accueille”. Quant aux éventuelles PME financées par le fonds, potentiellement “ce sont de nouveaux adhérents pour nos groupes ; nous enrichissons donc notre écosystème”, observe pour sa part Christian Schmidt de la Brélie, directeur général de Klesia. Autre axe privilégié, “ce que nous cherchons à financer, ce sont des entreprises de croissance, qui ont un plan de développement”, ajoute le dirigeant.

Le début d’une nouvelle source de financement ? Aux initiateurs du fonds, AG2R La Mondiale et Klesia, qui assurent à eux deux des millions d’individus et des centaines de milliers d’entreprises, et qui ont mis chacun 100 millions d’euros, s’est déjà ajouté l’OCIRP, Organisme commun des institutions de rente et de prévoyance, (pour 10 millions d’euros). Et, a annoncé Christian Schmidt de la Brélie lors de la conférence de presse, Pasteur Mutualité vient également de confirmer sa participation. En effet, 210 millions d’euros, “c’est un début”, espère Thibault Lanxade. Le fonds est ouvert à d’autres acteurs de l’économie sociale ou aux investisseurs institutionnels. Sa toute récente création a été rendue possible par des réformes réglementaires et prudentielles successives. En 2013, la réforme du Code des assurances a élargi la liste des actifs dans lesquels les entreprises d’assurances peuvent orienter une partie de l’épargne des ménages, notamment vers le financement en dettes de PME et ETI non cotées, via des fonds de prêt à l’économie. Le cadre a été encore élargi en décembre 2014 : les instituts de prévoyance soumis au Code de la sécurité sociale, les mutuelles et unions d’assurances du Code de la mutualité ont été également autorisés à investir dans ces fonds de prêts à l’économie. Le fonds “PME emplois durables» signale le début d’un nouveau type de financement pour les PME, qui pourrait se développer plus largement dans l’avenir.

Anne DAUBREE