Municipales: les maires toujours enclins à se représenter, malgré les obstacles
Malgré le sentiment d'un manque de reconnaissance de l'État et l'exigence croissante de leurs concitoyens, les maires sortants n'envisagent pas de ranger l'écharpe aux élections municipales de 2026, à l'exception...

Malgré le sentiment d'un manque de reconnaissance de l'État et l'exigence croissante de leurs concitoyens, les maires sortants n'envisagent pas de ranger l'écharpe aux élections municipales de 2026, à l'exception des élus des petites communes, plus indécis.
Selon l'enquête présentée mardi sur "les intentions des maires sortants", réalisée auprès de plus de 5.000 d'entre eux, 42% souhaitent se représenter en mars 2026, un taux "conforme aux mandats précédents" à la même période, tandis que 28% renoncent et que 30% sont indécis.
"Le climat autour des démissions aurait pu laisser penser qu'il y a un mouvement de ras-le-bol. Ce mouvement n'est pas à écarter (...) mais l'enquête montre qu'au-delà des difficultés, il y a vraiment l'envie de servir, d'être utile", explique à l'AFP l'auteur de l'étude Martial Foucault, professeur à Sciences Po.
"Depuis 2014, nous avons un renouvellement des municipalités à hauteur de 40%, donc nous aurons très certainement en mars prochain 65% ou 66% de maires qui vont se représenter, 5 à 6% d'entre eux qui vont perdre les élections et 60% qui seront élus", a-t-il détaillé lors d'une conférence de presse.
S'il n'y a pas de "renoncement généralisé", il règne en revanche un "climat d'incertitude, accentué par les crises", les élus de 2020 ayant été confrontés tour à tour à la pandémie de Covid-19, à la crise énergétique consécutive à la guerre en Ukraine puis à une rare instabilité politique doublée d'une crise budgétaire.
"Les élus locaux font preuve d'un réel mérite civique face à leurs responsabilités, quitte à y laisser un peu de leur santé (physique et morale)", souligne néanmoins la note.
Moins la commune est grande et moins la volonté de se réengager est importante: seuls 37% des maires des communes de moins de 500 habitants souhaitent ainsi se représenter contre 70% des maires de communes de plus de 9.000 habitants.
Un écart "révélateur de moyens inégaux, de charges administratives vécues comme écrasantes, mais aussi d'un isolement plus pesant dans les petites communes", selon la synthèse, qui évoque aussi l'âge avancé de certains élus comme facteur de renoncement.
Fragilité
Si près d'un maire sur deux est aujourd'hui retraité, seuls 33% des maires retraités envisagent de se représenter, contre 53% des actifs.
Un "signal d'alerte", selon le politologue, "compte tenu des contraintes fortes liées à la conciliation d'une vie professionnelle et d'un mandat de maire".
Parmi les causes de renoncement, les maires "heureux" sont presque trois fois plus nombreux à se déclarer être candidats que les maires "malheureux".
Les raisons institutionnelles les plus citées sont le manque de ressources financières (17%) et l'exigence trop forte des citoyens (15%), tandis que le "sens du devoir accompli" (20%) et le "sentiment d'insécurité personnelle et de surexposition face aux comportements des citoyens" (19%) arrivent en tête des raisons personnelles évoquées.
"La relation avec les concitoyens est plus tendue, c'est-à-dire que la discussion, les remarques, la manière de se comporter est plus violente symboliquement que par le passé", souligne Martial Foucault.
Quelque 61% des répondants déclarent avoir subi des incivilités, un chiffre en baisse de huit points par rapport à 2023, tandis que les agressions physiques sont stables (7%) et que les attaques sur les réseaux sociaux concernent 25% d'entre eux.
Jean-Claude Girard, maire d'Ouges (Côte-d'Or), a témoigné avoir été "attaqué à coups de barre de fer" en mai 2021. "J'attends toujours la date du procès en appel", a-t-il déploré en évoquant un "sentiment d'abandon".
En moyenne, les maires disent travailler 32 heures par semaine, contre 27 heures en 2023. Les dossiers jugés "les plus ardus" concernent l'urbanisme.
Les cérémonies font partie des moments les plus agréables (84%) mais le mandat reste malgré tout "usant", les maires souffrant notamment d'un "manque de reconnaissance ou de considération de la part de l'exécutif".
"Nous ne sommes pas au bord du gouffre, c'est une surprise, mais il y a quand même une fragilité", a réagi Guy Geoffroy, vice-président de l'Association des maires de France.
"On doit pouvoir améliorer la situation en donnant encore plus envie à des jeunes de s'engager", a relevé le ministre de l'Aménagement du territoire François Rebsamen, promettant l'inscription du texte sur le statut de l'élu "fin mai début juin" à l'Assemblée nationale.
L'enquête, réalisée en partenariat avec le ministère de l'Aménagement du territoire et six associations d'élus, a été administrée en ligne auprès de plus de 5.200 maires entre le 3 et le 31 mars.
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