Mort de Nahel: le danger pour le policier oppose les avocats dans les médias

Quatorze heures de reconstitution n'ont pas fait varier leurs convictions: l'avocat de la mère de Nahel a jugé lundi que le policier qui a tué son fils à Nanterre en juin 2023 n'était pas en danger, celui du fonctionnaire...

A Nanterre (Hauts-de-Seine), le lieu de la reconstitution de la scène de la mort de Nahel était placé sous haute sécurité, le 5 mai © Geoffroy VAN DER HASSELT
A Nanterre (Hauts-de-Seine), le lieu de la reconstitution de la scène de la mort de Nahel était placé sous haute sécurité, le 5 mai © Geoffroy VAN DER HASSELT

Quatorze heures de reconstitution n'ont pas fait varier leurs convictions: l'avocat de la mère de Nahel a jugé lundi que le policier qui a tué son fils à Nanterre en juin 2023 n'était pas en danger, celui du fonctionnaire a dit espérer un non-lieu pour son client.

La justice avait déployé dimanche des moyens de sécurisation importants pour recréer la scène du drame, qui avait déclenché dix mois plus tôt des émeutes violentes à travers la France.

Au cœur des débats de ce dossier érigé symbole du débat sur les violences policières, une question: le brigadier Florian M., mis en examen pour homicide volontaire, avait-il une raison légitime d'utiliser son arme pour tirer sur Nahel, 17 ans, lors d'un contrôle routier ?

"La reconstitution s'est fondée sur les vidéos. Ce qu'on voit sur les vidéos, c'est que le policier n'était pas en danger. Par conséquent, l'usage de son arme n'était pas nécessaire", a tranché Me Nabil Boudi, avocat de la mère de Nahel, sur RTL.

Ces images, largement relayées sur les réseaux sociaux, montrent le fonctionnaire de 38 ans et son collègue placés sur le côté du véhicule, braquant le conducteur de leurs armes.

Florian M. ouvre le feu lorsque le véhicule redémarre. La Mercedes jaune conduite par Nahel s'encastre ensuite dans un bloc de béton, quelques dizaines de mètres plus loin.

Leur diffusion quelques heures après la mort de Nahel est venue infirmer la version policière initiale, qui affirmait que le jeune homme avait foncé sur le motard.

Danger "ressenti

Selon l'avocat du brigadier, Laurent-Franck Liénard, cette première version ne venait pas de son client mais des services de police.

Pour lui, la reconstitution était importante car sur la vidéo, "on ne voit pas que (mon client) est coincé dans un trottoir, que juste derrière lui, il y a un mur", a relevé Me Liénard sur BFMTV.

"Objectivement, il n'a pas été écrasé, mais il a pu ressentir qu'il aurait pu l'être", a-t-il relevé.

Par ailleurs, "les autres occupants de l'espace public vont être en danger" si les policiers laissent à ce moment-là repartir Nahel, a fait valoir l'avocat.

A 17 ans, l'adolescent n'avait pas le permis de conduire et avait déjà manqué lors de la course-poursuite de renverser des passants et un cycliste, selon des éléments de l'enquête rappelés par l'avocat.

"Dans ce cas-là, toutes les fois où un véhicule démarre suite à un refus d'obtempérer, il faut tirer", a fait remarquer avant lui Me Boudi. "On ne peut pas utiliser une arme létale à bout portant face à une hypothèse".

Dimanche, à quelques mètres du carrefour où Nahel a trouvé la mort, des bâtiments aux vitres cassées portaient encore les traces des émeutes qui ont secoué le pays dans les soirées suivant le drame.

Bâtiments publics attaqués, écoles et tribunaux brûlés, magasins pillés: un rapport du Sénat a estimé que les dégâts causés par les émeutes, moins longues mais plus intenses que celles de 2005, ont causé des dégâts représentant un milliard d'euros.

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