Gazettescope

Mon meilleur coach… c’est moi

À une époque où tant de repères sont chamboulés, les coachs apparaissent comme le nec plus ultra dans la recherche du bonheur, du moins du bien-être. Attention, toutefois, tout ce qui brille n’est pas or…

Le coaching est d'abord une démarche de co-construction du projet entre coaché et coach, une relation de confiance, pas de dépendance.
Le coaching est d'abord une démarche de co-construction du projet entre coaché et coach, une relation de confiance, pas de dépendance.

De l’alimentation à la paix intérieure en passant par le sexe, dans le sport ou l’éducation, les coachs sont entrés dans nos vies pour nous aider à mieux faire et booster notre confiance. Cela est le bon côté de ce phénomène accéléré par les réflexions ou révélations nées chez beaucoup de personnes durant la période Covid-19, et ses confinements, où chacun, cloîtré entre ses murs, a pu largement faire son introspection propre. Régimes, loisirs. Que faire de nos jours ? De nos nuits ? À croire qu’en 2023, nous avons été des incapables de libre arbitre, de critique, de réflexion personnelle. Aurions-nous été à ce point si mauvais pour gérer nos existences, préparer un repas, organiser nos vacances ? Aujourd’hui, le coaching a le vent en poupe. Un business au sein duquel s’exerce une rude concurrence. En somme, l’économie du bien-être qui a pignon sur rue et se marche un peu dessus, avouons-le. Pas une journée sans que l’on n’entende un reportage, une info à la télévision, à la radio, sur le web. Pas un fil de discussion sur n’importe quels réseaux sociaux (qui ne sont pas des médias) sans qu’un pseudo-coach ne propose un appel gratuit pour nous apprendre sa vérité sur notre vie. De bonne foi. Ou pas. La personne pense être en capacité d’aider autrui parce qu’il ou qu’elle a vécu un événement spécifique et se pense expert-e par la pratique. Créneau tendance : le burn-out.

L'ère du coaching

Coachs cathodiques, superstars du bonheur, coachs digitaux… En ces temps de crispation sociétale, de doutes et de manque de repères, les coachs poussent comme des champignons. Comme dans tous les métiers, dans toutes les corporations, il y en a de meilleurs que d’autres. Consulting, formation, coaching : chacun de ces trois termes répond à des critères précis, mais il n’est pas facile de s’y retrouver. À l’ère de la performance, du «je» hédoniste qui domine trop souvent le «nous» collectif, les coachs rayonnent à 360 degrés dans tous les domaines pour nous accompagner. La quête de sens est devenu notre nouveau Graal, l’Eldorado tant rêvé. De là à l’atteindre, il y a parfois un pas de géant. Pour appâter le chaland désorienté dans un monde complexe, les ficelles sont parfois un peu grosses, bien rodées en tous les cas. Car au royaume des coachs sont arrivés les pseudos coachs et les coachs gourous qui créent une dépendance, un rapport de soumission. Nous entrons ici dans la galaxie de ce qui devait faire du bien et fait au final du mal. Restent les coachs, les pros, les authentiques. Comment séparer alors le bon grain de l’ivraie ? En étant vigilant d’abord, en ne se précipitant pas ensuite. Un coach - le vrai - s’est généralement formé un minimum - même un maximum - à l’accompagnement (qui ne s’improvise pas et n’est pas le fait de manipuler la baguette magique du bonheur), à la gestion émotionnelle, aux techniques de transformation, qui a compris qu’une bonne centaine de consultations sont nécessaires avant de passer du statut de coach apprenti à celui de coach avéré. En général, il faut de trois à cinq ans de pratique quotidienne pour atteindre le second palier, avec beaucoup de travail et de discrétion. 

Être humain, pas machine

Surtout, le coach - le vrai; toujours - a compris qu’un être humain n’est pas une machine, un prototype voué à tomber dans les fourches caudines de l’intelligence artificielle. À l’heure où l’on nous hurle partout d’inventer notre propre vie, de l’exposer sur les réseaux sociaux, peut-on encore expérimenter encore par nous-mêmes ? Et si nous décidions de vivre dans le réel et non dans le superficiel ? De mettre de côté une bonne part des injonctions - la plupart injustement culpabilisantes - qui nous formatent, nous stressent ? D’accepter à réapprendre le goût du risque, même celui de l’inconnu ? Au final, sortir de nos influences multiples et permanentes, lesquelles, pour nombre d'entre elles, ne devraient même pas exister ? Cela ne tient qu’à chacun de revenir à des choses proches, de bons sens, de logique. Après tout, dans toutes les strates de nos vies respectives sont enfouis des trésors que souvent nous oublions, ne voyons plus, banalisons. On parle ici des petits bonheurs du quotidien. Ils sont aussi nombreux que les étoiles de la voie lactée. À chacun de les capter, de les saisir comme les arbres à rêves, dans sa sphère privée, comme professionnelle d'ailleurs.