Tiers-lieux

Mon bureau à la campagne en Meuse

Pionnière, la commune de Bras-sur-Meuse a misé dès 2011 sur un espace de coworking. Le département de la Meuse souhaite désormais recenser et labelliser ces tiers-lieux avec la volonté d’inciter les entreprises à suivre cette tendance lourde qui répond à de nouvelles attentes des salariés.


© Workici  Légende :  Espace Workici de Bras-sur-Meuse où des salariés cohabitent.  Phrase en exergue
© Workici Légende : Espace Workici de Bras-sur-Meuse où des salariés cohabitent. Phrase en exergue

«Ce n’est pas seulement une offre immobilière, le plus important est ce qui se passe autour des bureaux.» C’est la conviction de Julien Didry, maire de Bras-sur-Meuse entre 2001 et 2020. Sensibilisé par la réflexion engagée par les Pays Nordiques qui aménageaient alors des espaces d’accueil pour les télétravailleurs, il y a déjà deux décennies, l’élu met en avant aujourd’hui son «bon sens» quand la salle du conseil de sa commune a été requalifiée et qu’un espace s’est libéré. C’était le début de l’aventure avec l’accueil d’une première salariée. 

Douze ans plus tard, la petite commune meusienne a développé et amélioré son projet initial avec un espace de coworking qui accueille une quinzaine de personnes. Et pas question de se limiter à des bureaux. Une cuisine et deux douches sont mises à la disposition des professionnels hébergés qui souhaitent pratiquer du sport entre midi et deux. À l’heure où les salariés n’ont plus les mêmes exigences, Julien Didry évoque «un virage» et «une opportunité» pour les territoires ruraux de séduire une nouvelle population. Encore faut-il mettre à disposition un outil professionnel adapté. 

«Le télétravail à domicile n’est pas la solution en raison du risque d’isolement», les collectivités ont donc un rôle à jouer pour proposer des équipements clefs en main. Ce qui signifie qu’au-delà de l’immobilier et de la qualité de vie, l’accès à la fibre est une nécessité.


Tiers-lieux recensés puis labellisés

Cette stratégie, l’ancien maire de Bras-sur-Meuse l’a ensuite portée à l’échelon du PETR du Pays de Verdun en tant que président, après avoir défini une ligne stratégique et obtenu une aide financière d’1,9 million d’euros de fonds européens (Feder) pour la période 2015-2022. L’enjeu était alors de dupliquer le projet de Bras-sur-Meuse en l’ouvrant : espaces de coworking, volets animation ou acculturation aux nouvelles technologies... Depuis, de nombreuses mairies ont suivi le mouvement. C’est d’ailleurs le cas de la commune de Dieue-sur-Meuse et de ses 1 500 habitants. Une décision prise par l’équipe municipale motivée par la demande d’associations ou de libéraux de disposer de bureaux. 

«C’est un service supplémentaire pour la population locale et un atout pour attirer des télétravailleurs, mais sans le soutien financier de l’Europe, nous n’aurions pas pu réaliser les travaux», explique le maire Romuald Leprince. «Que le projet soit ambitieux ou qu’il s’appuie seulement sur un ou deux bureaux dans un village, il donne de la vie localement, fait consommer les travailleurs sur place», s’enthousiasme Julien Didry. Désormais vice-président du conseil départemental de la Meuse, il a la conviction que cette nouvelle tendance peut être un atout pour la Meuse. 

«On parle désormais d’une nouvelle organisation du travail pour répondre à un besoin émergeant mais aussi intégrer les questions de mobilité et plus précisément de diminution des déplacements à l’heure où le prix des énergies flambe», analyse-t-il. Et la Meuse compte bien tirer son épingle du jeu en mettant en place une vraie stratégie autour de ces tiers-lieux. En 2024, tous les espaces vont être recensés puis ils seront labellisés (selon des critères définis) pour inciter les entreprises à participer en valorisant les kilomètres non faits par les salariés avec une enveloppe de certificats d’énergie. Cette initiative visera à soutenir tous ceux qui sont engagés dans cette nouvelle tendance.

«On parle désormais d’une nouvelle organisation du travail pour répondre à un besoin émergeant mais aussi intégrer les questions de mobilité et plus précisément de diminution des déplacements à l’heure où le prix des énergies flambe.»

Julien Didry, maire de Bras-sur-Meuse entre 2001 et 2020.