Mohamed Amra arrêté en Roumanie après neuf mois de cavale
La fin de neuf mois de cavale: le narcotrafiquant multirécidiviste Mohamed Amra, en fuite depuis son évasion en mai 2024 lors de laquelle deux agents pénitentiaires avaient été tués dans l'attaque de leur fourgon dans l'Eure, a été...

La fin de neuf mois de cavale: le narcotrafiquant multirécidiviste Mohamed Amra, en fuite depuis son évasion en mai 2024 lors de laquelle deux agents pénitentiaires avaient été tués dans l'attaque de leur fourgon dans l'Eure, a été arrêté sur mandat d'arrêt européen samedi en Roumanie.
L'annonce a été faite par le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau qui a félicité "toutes les forces de l'ordre qui ont permis l'arrestation de Mohamed Amra en Roumanie aujourd'hui" sur son compte X.
Le parquet de Paris, auquel appartient la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), a confirmé "l'interpellation d'un homme en Roumanie, fortement susceptible d'être Mohamed Amra", précisant que "les vérifications qui s'imposent sont en cours".
La police roumaine a expliqué qu'Amra avait été interpellé à Bucarest, et qu'il allait être présenté à un magistrat roumain. "La police roumaine l'a localisé, identifié et capturé dans les 48 heures suivant la première information selon laquelle il se trouvait sur notre territoire", a détaillé le ministre roumain de l'Intérieur Catalin Predoiu.
Sur le réseau social X, le Premier ministre François Bayrou a vanté un "magnifique succès de notre police nationale".
Le président de la République Emmanuel Macron, depuis le Salon de l'agriculture à Paris, a aussi salué "un formidable succès", rendu possible par la coopération des services d'enquête français et européens. Le ministre de la Justice Gérald Darmanin, en poste à Beauvau au moment de l'évasion mortelle, a estimé qu'"à la fin, la Police et la Justice gagnent toujours".
Le garde des Sceaux a également eu les familles des victimes au téléphone, a précisé son entourage à l'AFP. Son prédécesseur Eric Dupond-Moretti a, lui, évoqué un "immense soulagement": "il est temps qu'Amra paye pour ses crimes !"
Le 14 mai 2024, deux agents pénitentiaires avaient été tués et trois autres blessés lors de l'attaque ultraviolente de leur fourgon au péage d'Incarville (Eure) pour libérer Amra, narcotrafiquant de 30 ans soupçonné d'avoir commandité des meurtres alors qu'il était en détention.
Au moment de son évasion, Mohamed Amra avait été extrait de sa cellule pour être amené chez un juge d'instruction pour y être interrogé.
Cette attaque commando à la voiture-bélier et aux fusils d'assaut avait jeté une lumière crue sur le degré de violence atteint par une nouvelle génération de trafiquants de drogue.
Soulagement" pour les familles
La scène avait de plus été filmée par une caméra de surveillance du péage d'Incarville: on y voit plusieurs hommes, cagoulés et vêtus de noir, tirer sans sommation apparente sur les surveillants de prison, pour libérer Mohamed Amra qui, à la tête d'un réseau, est soupçonné d'avoir commandité des meurtres en lien avec des trafics de stupéfiants.
Le fugitif et ses complices étaient recherchés en France par plus de trois cents enquêteurs. La traque s'était aussi organisée dans toute l'Europe, sur mandat d'arrêt européen, mais aussi au-delà des frontières européennes, avec une "notice rouge" émise par Interpol à la demande des autorités françaises pour localiser le détenu évadé.
Une information judiciaire, menée par la Junalco et confiée à la police judiciaire, avait été ouverte notamment pour meurtres, tentatives de meurtre et évasion, le tout en bande organisée.
A l'époque, un rapport de l'Inspection générale de la justice (IGJ) avait pointé un "déficit" de communication entre les différentes autorités judiciaires, pénitentiaires et les enquêteurs, qui avait conduit à considérer Amra comme un détenu ordinaire et non comme un détenu particulièrement dangereux.
"Plus de 9 mois après l'assassinat barbare d'Arnaud Garcia, l'arrestation de Mohamed Amra est évidemment un immense soulagement pour sa famille", ont réagi Mes Pauline Ragot et Thibault de Montbrial, avocats de la veuve du surveillant brigadier Arnaud Garcia, décédé aux côtés du capitaine pénitentiaire Fabrice Moello dans l'attaque du fourgon blindé.
Même "premier soulagement" pour la veuve et les deux fils de M. Moello. "Nous saluons le travail des enquêteurs et des juges d'instruction. (...) Il convient que les investigations se poursuivent sereinement et que la famille continue d'être préservée", a déclaré à l'AFP leur avocat, Matthieu Chirez.
"Tout le monde est très ému ici", a confié à l'AFP Olivier Duval, surveillant pénitentiaire de Caen-Ifs et collègue des deux hommes abattus lors de l'évasion, avant de poursuivre: "On espère surtout qu'ils vont aussi le faire parler pour récupérer les autres (membres du commando, NDLR) car ce sont eux qui ont tiré."
"N'oublions pas que les membres du commando sont toujours dans la nature. Leur arrestation est également espérée très rapidement", a aussi souligné Wilfried Fonck secrétaire national Ufap Unsa Justice.
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