Mission to Japan : une ambition internationale forte pour les Hauts-de-France

Du 25 au 29 novembre 2024, de nombreux décideurs et entrepreneurs de la région Hauts-de-France se sont rendus au Japon afin d’approfondir les relations politiques et économiques entre les deux entités. Début avril, les acteurs de cette mission sont revenus en détails sur ce voyage.

François Descoster, vice-président en charge de la culture, du patrimoine et des relations internationales de la Région, a résumé l'ambition de ce voyage au Japon.
François Descoster, vice-président en charge de la culture, du patrimoine et des relations internationales de la Région, a résumé l'ambition de ce voyage au Japon.

Les liens entre la France et le Japon sont forts. Le Japon apprécie la culture française, et la France aime la culture japonaise. Les deux pays sont donc faits pour s’entendre sur le plan culturel mais également économique. Et sur ce point, la région Hauts-de-France est particulièrement importante. En effet, depuis l’inauguration en 2001 du site Toyota à Onnaing, l’amitié économique avec les Hauts-de-France est évidente, comme le souligne François Descoster, vice-président en charge de la culture, du patrimoine et des relations internationales de la Région, puisque la Région fait savoir aux entreprises japonaises «les moyens de les accueillir pour leur développement». C’est d’ailleurs l’une des régions qui accueille le plus d’entreprises nippones sur le territoire, avec environ 10 000 collaborateurs. Pour Luc Doublet, président de Nord France Invest, également du voyage, c’est «une chance que la région ait le mot France dans son nom». Cela place donc la région en digne représentante de l’hexagone de l’autre côté du globe. Les Hauts-de-France sont, d’ailleurs, la deuxième région la plus attractive auprès des entreprises japonaises, juste derrière l’Île-de-France.

Rester une place forte de l'exportation vers le Japon

Ce déplacement était donc «une démonstration d’une ambition internationale pour faire la promotion de la région à l’international», a expliqué François Decoster, afin de faire progresser les exportations régionales au pays du soleil levant. D’où la présence d’entreprises lors de ce voyage, et du géant de la boulangerie Paul, avec son directeur général Maxime Holder, également président de CCI International Hauts-de-France.

Entre le troisième trimestre 2023 et le deuxième trimestre 2024, selon Maxime Holder, «la région Hauts-de-France a été la deuxième région exportatrice au Japon», encore une fois derrière l’Île-de-France. Une aubaine, alors que les relations européennes avec les Etats-Unis sur les droits de douane restent encore floues, afin de créer «une boucle passante avec le Japon pour que ce pays soit une terre d’exportation de l’économie régionale», assure François Decoster.

Évidemment, la concrétisation de ce type de démarches n’est pas simple ni immédiate pour les entreprises. Maxime Holder peut l’affirmer, puisque Paul est présent au Japon depuis 1989 déjà, et ce dernier a pu vérifier que le fonctionnement du marché asiatique en général et japonais en particulier, diffère beaucoup du marché ouest-occidental : «C’est un marché du temps long. Il est nécessaire de s’investir et de consacrer du temps à ses partenaires». Un fonctionnement différent qui n’a pas empêché les huit entreprises présentes lors du voyage de travailler pour créer des liens avec leurs homologues nippons.

Des opportunités sur tous les sujets

Parmi les entreprises nordistes, se trouvaient par exemple Matthieu Liegois, CEO de l’entreprise Tchak (voir encadré) et Thierry Landron, CEO de la maison Meert, qui cherche à développer la marque au Japon. Meert est déjà implanté sur l’île, mais n’a pas encore de magasins sur place. Pour s’implanter durablement, Meert doit s’adapter, et donc «faire évoluer ses recettes, car les goûts sont différents entre l’Europe et l’Asie». Pour ses fameuses gaufres, Meert change un peu sa recette, et fait des gaufres beaucoup moins sucrées pour contenter les palais japonais, moins friands de sucre.

Comme l’a fait savoir François Decoster, «les Hauts-de-France sont plein d’opportunités géographiquement parlant, étant placés au centre de l’Europe». Et avec en plus un accès sur la mer, avec la présence des ports. Le lien entre le port de Dukerque et le Japon est logique, mais va bien au-delà du simple transport de marchandises, indique François Lavallée, représentant du Grand Port Maritime de Dunkerque. Les Japonais s’intéressent à la décarbonation de leurs industries, mais souhaitent que cela se réalise «sans que cela n'affecte son économie. Ils sont donc intéressés pour dialoguer, car la décarbonation dans les Hauts-de-France a permis de rester compétitifs». Les liens économiques entre le Japon et les Hauts-de-France ne sont donc pas prêts d’être brisés.

De l’animation française bientôt sur les écrans japonais ? 

L’animation japonaise est reconnue dans le monde entier, de par ses films, notamment ceux de Hayao Miyazaki et du Studio Ghibli, et ses séries animées comme Dragon Ball Z ou One Piece, qui sont devenues des moyens de soft power pour le pays du soleil levant.  Mais quelque irréductibles français tentent leur chance pour faire diffuser leur travail sur les écrans japonais. C’est le cas de Matthieu Liégois, CEO de Tchak, une société de production lilloise. Il souhaite vendre une série ludo-éducative intitulée «Petit Malabar», déjà présente sur France Télévisions. Mais «le marché japonais est très fermé», surtout que ce dernier n’a «pas besoin de nous», explique le dirigeant, tout en ajoutant : «Mais ils ont besoin de notre créativité». Matthieu Liégois était en pourparlers avec deux partenaires afin de diffuser les deux saisons de sa série d’ici 2026. «Petit Malabar» a déjà trouvé preneur en Chine.