Minealithe fabrique des pierres par voie liquide

L'entreprise basée à Saint-Quentin, après des années de recherche, a mis au point un procédé permettant d'obtenir de la pierre par voie liquide. Il permet de reproduire le mécanisme de formation de certaines roches dans la nature, à basse température, par l'association de sels minéraux, sans apport d'énergie et grâce à la chimie douce. Une rupture technologique qui pourrait profiter à la construction de bâtiments notamment.

Didier Simon, directeur général et François Waendendries, fondateur et président. (c) Marie-Line Waroude
Didier Simon, directeur général et François Waendendries, fondateur et président. (c) Marie-Line Waroude

C'est une start-up ancienne qui a débuté ses recherches en 2005 et qui aboutit à un procédé qui pourrait être révolutionnaire en permettant de créer des pierres en quelques heures. Après bientôt 20 ans de travail, plus de 15 000 tests et échantillons, François Waendendries touche au but : il est en voie d'industrialiser le concept qu'il a baptisé lythosynthèse. 

«L'idée de base était de se dire que dans la nature, des pierres sont formées naturellement au cours des années, avec des sels minéraux qui s'associent et vont créer par exemple du silex et cela sans calcination. C'est comme cela que j'ai eu l'idée de dissoudre des roches plutôt que de les calciner afin qu'elles se présentent sous forme liquide, explique le fondateur et président de la SAS Minealithe. En ajoutant de l'eau et une charge qui peut être minérale, végétale, issue de déchets, on va ensuite malaxer les composants et obtenir une pâte de pierre prête pour l'extrusion, le moulage, l'enduisage manuel ou mécanique. On obtient donc une pierre comme dans la nature mais en accéléré et sans composants calcinés, ce qui évite une importante dépense énergétique». 

Une micro-usine prochainement 

Avec ce procédé, la start-up part du minéral pour arriver à la pierre ce qui explique son nom, Minealithe, inspiré du grec. Une pierre produite de façon naturelle, à température ambiante et sans dégager de CO2, qui intéresse les industriels. «Cette totale rupture technologique interroge, aussi, nous nous devons de les rassurer et c'est pour cela que nous allons créer une micro-usine, un investissement d'un million d'euros, soutenu par la BPI et la région, à partir du mois de mars qui va servir de démonstrateur et va permettre de fabriquer l'inducteur c'est-à-dire le liant que nous avons mis au point, servant à agglomérer l'ensemble», précise-t-il. Si les industriels de la construction qui se montrent déjà intéressés sont convaincus, Minealithe leur fournira le fameux inducteur et un contrat de licence afin qu'ils fabriquent la pierre selon le procédé de lythosynthèse.

Un exemple de pierres fabriquées et sculptées par Minealithe. (c) Marie-Line Waroude

Pour Didier Simon, directeur général de Minéaltihe qui a rejoint le projet il y a deux ans et demi, le procédé mis au point est révolutionnaire. «C'est une véritable rupture technologique, c'est 100% écologique parce que ça ne chauffe pas et ne produit pas de CO2 comme en produit la fabrication de ciment, qu'on peut utiliser des sels minéraux recyclés et de l'eau de mer plutôt que de l'eau douce, détaille-t-il. Nous arrivons à créer des matériaux qui ont aussi une grande durabilité». Des certifications sont en cours auprès des organismes agréés mais la pierre Minéalithe pourrait donc prochainement faire son arrivée dans le bâtiment mais aussi dans la décoration et l'artisanat d'art. 95% des composants minéraux servant au procédé sont pris dans leur état naturel et la pierre est totalement recyclable. 

La start-up a remporté le Grand prix du Geste d'or à Paris en 2020 et a récemment participé au Forum mondial Bâtiments et climat, organisé par l'ONU au Palais des Congrès à Paris. L'entreprise basée à Saint-Quentin, après des années de recherche, a mis au point un procédé permettant d'obtenir de la pierre par voie liquide. Il permet de reproduire le mécanisme de formation de certaines roches dans la nature, à basse température, par l'association de sels minéraux, sans apport d'énergie et grâce à la chimie douce. Une rupture technologique qui pourrait profiter à la construction de bâtiments notamment.