Migrants: au moins six exilés afghans meurent dans un nouveau naufrage dans la Manche

"Un drame humain terrible": six exilés afghans sont morts samedi dans le naufrage d'une embarcation d'une soixantaine de migrants tentant de gagner l'Angleterre, et un à deux passagers possiblement disparus restent recherchés...

Des véhicules de police, le 12 août 2023 à Calais © Sameer Al-Doumy
Des véhicules de police, le 12 août 2023 à Calais © Sameer Al-Doumy

"Un drame humain terrible": six exilés afghans sont morts samedi dans le naufrage d'une embarcation d'une soixantaine de migrants tentant de gagner l'Angleterre, et un à deux passagers possiblement disparus restent recherchés, le gouvernement fustigeant des passeurs "criminels". 

"Ce naufrage est un drame humain terrible", a déploré sur le port de Calais, épicentre des secours, le secrétaire d'Etat à la Mer, Hervé Berville. Il a pointé "la responsabilité des trafiquants criminels" qui envoient les migrants "à la mort", s'engageant à une "lutte implacable" contre ces réseaux. 

L'embarcation convoyait "probablement 65 à 66 personnes", selon la préfecture maritime de la Manche et la Mer du Nord (Premar), tous des hommes dans leur quasi-majorité Afghans, avec quelques Soudanais, et "quelques mineurs", selon le parquet de Boulogne-sur-Mer, saisi de l'enquête.

Au total, selon M. Berville, 61 rescapés ont été secourus par les gardes-côtes français et britanniques, dans une "coopération exemplaire", la Premar faisant elle état de 58 à 59 personnes sauvées. 

Les recherches de "deux personnes maximum (qui) pourraient être encore portées disparues" se poursuivront jusqu'à la tombée de la nuit, a indiqué la Premar. 

Une des victimes a été évacuée dans la matinée par hélicoptère, les cinq autres prises en charge par le canot Notre-Dame du Risban de la Société nationale de sauvetage en mer. 

Ca ne s'arrêtera jamais

"C'est assez dur, ce sont des humains", "on ne s'habituera jamais à ramener des morts", a déclaré sur le port le patron de ce canot, Régis Holy. Mais "il y aura encore d'autres drames", les migrants "veulent passer, ils tentent le tout pour le tout, ils ont tout donné", et "cela ne s'arrêtera jamais", a-t-il prédit. 

La maire LR de Calais, Natacha Bouchart, a déploré un "constat d'échec" de l'exécutif dans la "zone frontière" du Calaisis, réitérant sa demande de "mesures dérogatoires" permettant d'en "éloigner d'office" les exilés vers l'arrière-pays. 

Environ un millier de migrants attendent actuellement un passage sur le littoral Nord de la France, selon les autorités.

"Mes pensées vont aux victimes", a réagi la Première ministre Elisabeth Borne sur X (ex-Twitter), saluant "l'engagement" des équipes de secours.  

"Mes pensées et prières vont à ceux affectés par cette tragique perte", a aussi déclaré la ministre britannique de l'Intérieur, Suella Braverman. 

Par mer calme, l'embarcation a été signalée en difficulté vers 4H20 par un navire de commerce, au large de Sangatte, dans le Pas-de-Calais, déclenchant une vaste opération de localisation et secours, selon la Premar. A 6H, les premiers naufragés étaient recueillis. 

Le bateau, un canot gonflable récupéré crevé, sera expertisé, selon le parquet. 

Pompiers et policiers s'étaient mobilisés dès le début de matinée sur le port de Calais, où des fourgons mortuaires ont pris les victimes en charge. Les rescapés ont été conduits dans une salle préfectorale d'accueil d'urgence. 

Répression" dangereuse

Un porte-parole de l'association Utopia56 de soutien aux migrants a pointé pour l'AFP "la répression" à cette frontière, qui "augmente la dangerosité des traversées". L'association Salam s'est déclarée "horrifiée", dénonçant un "manque de courage" des autorités sur le dossier migratoire. 

Depuis mercredi soir, les tentatives de traversées s'étaient multipliées, avec le retour du beau temps. Londres a recensé jeudi 755 arrivées, un record journalier depuis le début de l'année. 

D'après un décompte effectué par l'AFP, plus de 100.000 migrants ont traversé la Manche depuis le développement du phénomène des "small boats", en 2018, en réponse au verrouillage du port de Calais et du tunnel sous la Manche. 

En 2022, année record, 45.000 personnes ont réussi la traversée, malgré les périls encourus dans le détroit du Pas-de-Calais, un des plus fréquentés au monde, et la mort en novembre 2021 d'au moins 27 migrants, âgés de 7 à 46 ans, dans le naufrage le plus meurtrier recensé dans la zone. 

En 2022, cinq migrants sont encore morts en mer et quatre portés disparus. 

Dans le cadre de l'information judiciaire ouverte sur le naufrage de 2021, onze passeurs présumés et sept militaires - cinq du Cross Gris Nez et deux membres d'équipage du patrouilleur "Le Flamant" - sont mis en examen.

Le drame avait fait monter la tension entre Paris et Londres, qui sont depuis convenus de renforcer les moyens de sauvetage et leur lutte contre ce trafic migratoire, face auquel le gouvernement britannique a aussi redoublé de fermeté. 

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