Ressources Humaines

Mieux identifier et accompagner les jeunes aidants

À l’occasion du Village des aidants, le Département s’est intéressé à la question des jeunes aidants. Soumis aux mêmes risques psychosociaux que les adultes, ils développent cependant des compétences techniques et humaines rares.

Le Village des aidants s’est arrêté à Péronne, Amiens et Saint-Riquier. (c)Aletheia Press/DLP
Le Village des aidants s’est arrêté à Péronne, Amiens et Saint-Riquier. (c)Aletheia Press/DLP

« Si nous devions demain remplacer les aidants qui s’occupent quotidiennement d’un proche par des professionnels, il faudrait mobiliser des moyens considérables », souligne Stéphane Haussoulier, président du Conseil départemental de la Somme. Lequel rappelle, à l’occasion de la deuxième édition du Village des aidants ce 20 juin à Amiens, que ce n’est pas seulement une affaire d’adultes, mais aussi d’enfants.

D’après l’étude ELIASS, menée auprès de 1983 collégiens, 30% des adolescents sont confrontés à la maladie ou au handicap d’un proche et 12,5% d’entre eux apportent une aide élevée, voire très élevée. L’étude Adocare, réalisée auprès de 4037 lycéens, a démontré que 42,5% devaient faire face à la maladie ou au handicap d’un proche. 14,3 % sont même considérés comme des aidants très actifs.

Enfin, l’étude Campus-Care, qui a interrogé 6 767 étudiants, a permis de montrer que 63,2% de ces jeunes adultes étaient aussi aidants, dont 15% à un niveau très élevé. « Concrètement, cela signifie qu’au collège, deux à trois enfants par classe sont aidants. Au lycée, ce sont trois à quatre jeunes », pointe Camille Vassort, responsable du développement et de la coordination à l'association nationale Jeunes Aidants Ensemble (JADE).

De très jeunes aidants

C’est le cas de Zoé et Connor, respectivement 11 et 12 ans, élèves au collège de Conty. Zoé aide son frère aîné autiste, tandis que Connor accompagne son frère aîné et sa petite sœur, eux aussi autistes. « Les jeunes n’ont souvent pas conscience qu’ils sont aidants, c’est leur quotidien. Ils sont naturellement là pour leurs parents, leurs frères et sœurs », pointe Margot Labouche, présidente de l’association Aid’Ensemble, qui regroupe parents et professionnels spécialisés dans les troubles neuro-développementaux. D’après Camille Vassort, les jeunes aidants sont soumis aux mêmes risques psychosociaux que les adultes, mais développent des compétences techniques et sociales particulières.

La question des salariés-aidants

Si les étudiants peuvent plus facilement concilier leurs études et leur statut d’aidant, la transition vers la vie active peut s’avérer complexe. « On estime qu’un salarié sur cinq est aidant. En réalité, ce chiffre est peut-être encore plus élevé, car beaucoup ne le disent pas. Une chose est certaine, ce nombre ne cessera de croître dans les années à venir », prévient Charlotte Kreel, chargée de développement social chez Malakoff Humanis.

Cette dernière rencontre régulièrement des représentants du personnel ou des responsables des ressources humaines pour les sensibiliser sur ce sujet. « L’aidance est très peu abordée en entreprise », regrette celle qui rappelle que des dispositifs d’aide et de prévention sont inclus dans les cotisations retraite. Nous proposons à la fois des réunions de sensibilisation pour alerter sur les risques de fragilités sociales, économiques et psychologiques que peuvent rencontrer ces salariés. »