Microgine : mailler la Toile pour offrir le meilleur aux professionnels
La société Microgine créée des moteurs de recherche spécialisés pour les professionnels. Son objectif : déployer plusieurs centaines de moteurs de recherches spécialisés au travers d'un maillage méthodique du web professionnel.
La Gazette : Pouvez-vous nous présenter Microgine ?
Maamar Bouheraoua : Microgine n’est pas à proprement parlé un moteur de recherche, type «search engine» comme ceux bien connus du grand public. Il s’agit plutôt d’une grille de recherche ou «search grid», constituée d’une myriade de moteurs spécialisés, performants dans leurs domaines respectifs et capables de répondre aux besoins de pertinence, d’exhaustivité et de productivité des utilisateurs professionnels.
Comment vous est venue cette idée originale ?
Depuis mes études d’économies, je suis passionné par la question de l’accès à l’information pour les entreprises. Au milieu des années 90, c’était le règne du moteur de recherche AltaVista, j’ai eu alors l’idée d’un outil de recherche répondant au besoin de vision organisée du web professionnel, mais la technologie ne permettait pas encore de la concrétiser.
Avez-vous perçu une demande des entrepreneurs pour le type de service que vous proposez ?
Selon plusieurs études, plus de 90% des professionnels interrogés déclarent vouloir disposer d’un outil de recherche propre à leur centre d’intérêt. La demande existe donc de fait. Notre approche est à «360°» : nos moteurs sont conçus et déployés pour indexer et collecter dans leur zone respective toutes les formes de données structurées et non-structurées, plus de 50 types au total : page web, fiches entreprises, services…
Avec Microgine, nous proposons un nouveau paradigme dans la façon d’indexer le Web, plus adapté à notre manière de chercher.
Précisément, combien de temps a duré son développement ?
La phase de R&D a duré 2 ans et demi au sein de l’incubateur Paristech-Sophia Antipolis. La plateforme est en test depuis janvier, et les résultats sont très satisfaisants. Les premiers moteurs accessibles sont mis en ligne ce mois-ci. Une version pour mobile/tablette arrive, avec des nouvelles fonctionnalités pour les utilisateurs et les abonnés.
Quels ont été les principaux obstacles à son élaboration ?
Il y a eu trois obstacles principaux. D’abord faire en sorte qu’un moteur puisse traiter les différentes données de façon structurée. C’est un élément très important de la solution. Ensuite qu’il puisse être mis en place en moins de 48h, notre objectif étant d’industrialiser cette technologie pour mailler le Web. Enfin, le troisième obstacle a été d’ordre financier. Comme toute innovation, il faut être capable de démontrer les avantages, le potentiel commercial, etc. Pas toujours facile. Cela demande beaucoup de pédagogie, de persévérance, d’écoute, et d’humilité… En particulier avec les investisseurs en amorçage, devenus hélas une denrée rare en France.
Quel est votre business model ?
Notre business model s’appuie sur la vente d’abonnement aux entreprises. À partir de quelques dizaines d’euros par mois seulement, une société peut créer son compte, publier de 10 à plusieurs centaines de liens ou même de documents (des fiches produits, offres d’emplois, formations…) et les rendre accessibles vers une audience ciblée, recevoir des visiteurs et des contacts (par mail, et bientôt via une messagerie instantanée) de façon illimitée ! Notre offre se veut simple et s’inspire de celle des opérateurs télécoms les plus innovants.
Mais n’avez-vous pas l’impression d’être David face à Goliath, ou plutôt Google ?
Nous n’avons pas vocation à nous positionner contre les gros moteurs existants, qui ont une approche globale et donc plus superficielle. Nous sommes la distribution spécialisée, un peu comme un spécialiste d’articles de sport se positionne face à un hypermarché. Notre offre est adaptée au marché local et à chaque secteur, et restera toujours plus importante et plus spécialisée que dans un hypermarché.
Quels sont vos véritables concurrents alors ?
Les annuaires sectoriels, des sites d’emplois, des sites verticaux… Nous voulons, et nous l’assumons pleinement, en finir avec ces outils «artisanaux» hétérogènes et dispersés. Nous voulons travailler de façon industrielle et indifférenciée, afin de faire émerger une nouvelle génération d’outils de recherche spécialisés et professionnels, fédérés par une plateforme unique, une matrice de moteurs spécialisés capables de travailler en réseau pour offrir un puissant maillage du web professionnel.
Parlez-nous à présent de l’entreprise. Quels sont vos effectifs actuellement ?
Une dizaine de personnes participent au développement de Microgine (ingénieurs, commerciaux), dont trois sont salariés. Tous ont investis du temps et de l’argent dans le projet. Des recrutements sont programmés et la société devrait atteindre la vingtaine de salariés d’ici fin 2015 et une bonne quarantaine à l’horizon 2016. Nous prévoyons également d’ouvrir un bureau dans les douze mois en Amérique du Nord.
Vous l’avez déjà un peu abordé mais pouvez-vous nous en dire plus sur vos projets à moyen et long terme ?
Nous lançons trois moteurs régionaux ce mois-ci, mais une vingtaine sont d’ores et déjà en préparation pour la fin de l’année. Nous nous concentrons sur deux thématiques : les économies régionales et les technologies de l’information. Nous nous focalisons particulièrement sur quatre pays-clés : la France, le Canada, la Grande-Bretagne et les États-Unis. Nous entamons en juin une recherche de fonds auprès d’investisseurs privés et de capitaux risqueurs. Notre projet à trois ans est de déployer une grille de plusieurs centaines de moteurs sur une trentaine de pays.
Parallèlement, nous avons une «road-map» technologique avec des nouvelles fonctionnalités et des innovations dans le domaine des services. On pourrait résumer nos projets ainsi : élargissement de nos marchés et approfondissement de nos services.
Vous pouvez déjà voir un aperçu des services que nous allons mettre en place en vous connectant sur notre site www.microgine.com