Art de vivre

Michel Faber, luthier des villes

À Metz, le luthier Michel Faber poursuit avec une indéfectible passion un long héritage au service de la musique. Un sacerdoce et un amour. Des accents teintés de douce mélancolie empreinte de poésie et d’authenticité.


La dextérité, la minutie de gestes mille fois répétés. © Johann Marin-Thiery
La dextérité, la minutie de gestes mille fois répétés. © Johann Marin-Thiery

Un endroit discret. À Metz. Le visiteur pousse la porte du 23 rue des Capucins, soudain happé par cette atmosphère particulière. Une déconnexion complète avec notre contemporanéité urbaine trépidante. Le maître des lieux est Michel Faber, luthier artisan. Regard bienveillant, parole affable. Le décorum offre une vision sereine à l’infini. Violons, violoncelles, contrebasses et autres altos semblent faire des œillades, un établi de travail paraît ancré là depuis l’éternité dans ses silencieux secrets et un poêle comme celui jadis de nos grands-parents trônent en majesté. Michel Faber confie les flashs d’une enfance déroulée dans le pays de Bitche : «Enfants du village, nous débarrassions la maison d’un voisin décédé. Je suis tombé sur un violon. J’en ai été ému.» Par tradition familiale agricole, il aurait pu devenir vétérinaire : «Je me situais entre la musique, avec un frère jouant de la guitare, et les copeaux de bois avec des oncles menuisiers.» Dès 1976, il entre à l’École nationale de Lutherie de Mirecourt, laquelle fut créée six ans auparavant. Plus de 50 ans après, cet établissement d’excellence délivre, chaque année, à douze élus leur sésame pour perpétuer le savoir-faire artisanal sur nos territoires.

La transmission d'une tradition 

Michel Faber se perfectionnera auprès des plus grands luthiers français, ouvrant son premier atelier à Metz en 1985, puis au Luxembourg. Aimant se décrire «luthier des villes», il fabrique, entretient, répare, restaure pour des amateurs ou des professionnels. Geste précis, regard acéré, oreille fine, il distille mille anecdotes : «Je suis dans la transmission, faisant partie du jury à Mirecourt, comme un retour à la source. J’aide la personne à rencontrer son instrument. Tout est lié, l’histoire, la culture de la musique, la connaissance des essences boisées utilisées, le réglage de la sonorité, la sélection des cordes…» Comme un gardien du temple, Michel Faber est l’héritier d’une lutherie, dont on trouve les origines au XVe siècle, qu’il contribue à préserver : «Remarquez, dans tous les pays du monde, dans toutes les cultures, il y a des violons.»



© Johann Marin-Thiery

© Johann Marin-Thiery