Meurtre dans une mosquée du Gard: le meurtrier toujours en fuite, émoi jusqu'au sommet de l'Etat
Près de trois jours après le meurtre d'un jeune Malien dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe, son assassin, un homme d'une vingtaine d'années "extrêmement dangereux" et soupçonné de vouloir récidiver, restait introuvable dimanche soir, alors...

Près de trois jours après le meurtre d'un jeune Malien dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe, son assassin, un homme d'une vingtaine d'années "extrêmement dangereux" et soupçonné de vouloir récidiver, restait introuvable dimanche soir, alors que les réactions se multiplient jusqu'au sommet de l'Etat.
"Le racisme et la haine en raison de la religion n'auront jamais leur place en France", a ainsi assuré Emmanuel Macron, sur X: "La liberté de culte est intangible", a insisté le chef de l'Etat, en adressant "le soutien de la Nation" à la famille de la victime et "à nos compatriotes de confession musulmane".
Dans la commune encore traumatisée, une marche blanche en souvenir de la victime, Aboubakar Cissé, un jeune Malien d'une vingtaine d'années, a rassemblée plus d'un millier de personnes dans l'après-midi, entre la mosquée Khadidja, où s'est déroulé le drame, et la mairie de cette petite commune de moins de 5.000 habitants au nord d'Alès.
Parmi eux, Abdallah Zekri, recteur de la mosquée de la Paix à Nîmes, ne cachait pas son "sentiment de colère et de haine à l'égard de ceux qui ont commis ce crime" et dénonçant un climat islamophobe.
"Du matin au soir, vous allumez la télévision, qu'est-ce que vous entendez, l'islam, les musulmans, les migrants, les OQTF, il n'y a que ça", a-t-il accusé, regrettant l'absence à leurs côtés du ministre de l'Intérieur et du préfet.
Pour son déplacement dans le Gard dimanche, Bruno Retailleau a opté pour la sous-préfecture d'Alès, où il a rencontré des représentants locaux de la communauté musulmane.
Après "un message de compassion pour Aboubakar Cissé", ce jeune homme mort "dans des conditions absolument ignobles", alors qu'"il priait son Dieu", Bruno Retailleau a assuré que "la piste d'un acte antimusulman n'est pas du tout négligée, bien au contraire".
Interrogé ensuite sur BFMTV, à Paris, le ministre a annoncé un renforcement des mesures de sécurité autour des mosquées de France, après avoir demandé dès vendredi de protéger les lieux de culte dans le Gard.
Le parquet antiterroriste "en évaluation
Si la piste d'un acte islamophobe est celle sur laquelle les 70 enquêteurs "travaillent en priorité, (...) ce n'est pas la seule", avait insisté, aux côtés du ministre, le procureur d'Alès, Abdelkrim Grini, évoquant "certains éléments (qui) pourraient laisser penser que ce mobile n'était peut-être pas le mobile premier (...) ou le seul mobile".
La piste de l'acte islamophobe est celle majoritairement retenue par la classe politique, à l'image du Premier ministre François Bayrou, qui a dénoncé samedi "une ignominie islamophobe".
"L'islamophobie tue. Tous ceux qui y contribuent sont coupables", avait martelé Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France Insoumise, sur X, dès vendredi, avant de récidiver dimanche soir, place de la République à Paris, lors d'un rassemblement en mémoire d'Aboubakar Cissé, en accusant le ministre de l'Intérieur de cultiver "un climat islamophobe".
"L'islamophobie est normalisée(...) C'est banalisé d'être raciste", a dénoncé Marianne, une trentenaire parisienne présente parmi les centaines de personnes réunies pour cette minute de silence.
Pour la Grande Mosquée de Paris, "il fait peu de doute" que le meurtrier de La Grand-Combe "a été motivé par la haine des musulmans". Et l'institution religieuse demandait même "aux autorités compétentes de communiquer au public si la piste #terroriste est privilégiée".
Dimanche soir, le parquet national antiterroriste restait "en évaluation à ce stade".
Une réaction qui a provoqué la colère de Mourad Battikh, l'un des avocats de la famille de la victime, selon qui il ne fait "aucun doute" que ce meurtre est "une attaque de nature terroriste": "Il est évident que le Pnat doit se saisir de cette affaire sans délai", a-t-il plaidé sur Instagram, estimant que "la communauté musulmane doit bénéficier du même traitement que tout autre citoyen".
Les éléments officiellement communiqués sur le meurtrier restaient peu nombreux dimanche: "Olivier A.", né à Lyon en 2004, est un homme de nationalité française, issu d'une famille bosnienne, sans emploi et sans aucun antécédent judiciaire.
Une certitude pour la justice: il est "potentiellement extrêmement dangereux" et il est "primordial" de l'interpeller avant qu'il fasse de nouvelles victimes. Dans "les propos décousus" que l'homme tient dans la vidéo qu'il a réalisée juste après son meurtre, face à sa victime agonisante, il semble "manifester son intention de recommencer", avait précisé samedi le procureur à l'AFP.
Dans cette vidéo, le meurtrier se félicite de son acte et insulte la religion de sa victime: "Je l'ai fait, (...) ton Allah de merde", répète-t-il à deux reprises.
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